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Commentaire de masuyer

sur Breizh Touch : la déferlante bretonne


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masuyer masuyer 23 septembre 2007 12:27

A la Taverne et à Marsupilami,

Françoise Morvan se livre ici à un brûlot. Tout n’est pas faux dans ce qu’elle évoque, mais elle se laisse aller à l’outrance. Je trouve qu’elle exagère.

Pourtant, il faut comprendre que les positions de Françoise Morvan sont issues d’une histoire, très britto-bretonne et fort peu connu du grand public, et qui fait surtout tourner les têtes au sein de l’emsav et du département de celtique de l’Université de Rennes II (et par contre-coup du département celtique de l’UBO de Brest « ennemi héréditaire » de celui de Rennes II).

Le conflit tourne autour d’un sujet fort politique dans « l’emsav » et qu’évoque d’ailleurs Françoise Morvan dans l’article cité par Marsu, l’orthographe.

Sujet d’étripage pour le mouvement bretonnant, il existe 3 orthographes officielles en breton : « le skolveurieg » (breton universitaire, imaginé par chanoine Falc’hun et divisé en 2 orthographes, 1 pour le vannetais et une pour le KLT), le « peurunvan » (sur-unifié, le plus utilisé aujourd’hui et comme le dit Françoise Morvan inventé en 1941 afin de résoudre à l’écrit la différence phonologique entre Vannetais et le KLT) et « l’etrerannyehel » (interdialectacl) créé dans les années 70 par Fañch Morvannou de l’UBO qui pousse encore plus loin que le peurunvan la représentation graphique des différences dialectacles.

Le choix de telle ou telle orthographe est de ce fait très idéologique. Les tenants du peurunvan étant accusés (à raison parfois) de vouloir imposer un breton standardisé (que les « bretonnants de naissance » qualifie avec ironie de « chimik »). Ce sujet serait d’ailleurs matière à article, mais j’ai peur qu’il intéresse bien peu de monde sur Avox.

Pour en revenir à Françoise Morvan, cette dernière, étudiante à Rennes II a effectué une thèse sur Luzel, collecteur trégorrois du XIXème siècle. Elle a, comme il me semble c’est l’usage dans un travail universitaire, respecté la graphie de Luzel dans la transcription de ces collectages, s’attirant l’ire de Per Denez, directeur du département de celtique à l’époque, qui voulait lui faire utiliser le peurunvan. S’en est suivi une guerre très dure, comme savent en créer les universitaires, qui est allée jusqu’au procès, au dénigrement systématique de Françoise Morvan dans les journaux de « l’emsav » (journaux aux très faibles tirages). Tant et si bien que Françoise Morvan accuse ses détracteurs d’être des Nazis (ce qui est abusif, même si certains ont une attitude plus qu’ambigue sur la collusion d’une partie de l’emsav et de l’occupant allemand) et ses détracteurs en retour la considère comme une stalinienne vendue au jacobinisme (ce qui est également abusif).

Il va de soit que Françoise Morvan, qui a de justes raisons de tomber dans l’outrance, est un régal pour les jacobins qui se hérissent à chaque évocation des langues régionales.

J’ai d’ailleurs été plusieurs fois qualifié de « mignon Fransoaz Morvan » (ami de Françoise Morvan) quoique je n’ai pas le plaisir de la connaitre par des militants bretons pour qui c’était évidemment une insulte. On me reprochait alors d’être attaché aux dialectes, de jongler entre les différentes orthographes et de ne pas vouloir fermer les yeux sur les agissements de certains militants pendant la guerre. Pourtant, je n’ai jamais pratiqué l’amalgame militants bretons=nazis, puisque se serait oublier qu’une partie du mouvement breton se joignait alors à la résistance.

Désolé d’avoir été un peu long, sur un sujet qui est surement un peu trop local


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