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Commentaire de isaray

sur Laïcité et accommodements raisonnables au Québec


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isaray 23 novembre 2007 22:54

On voit toutde suite que votre pensée est le fruit d’une réflection très poussée.Je crois que vous visez très juste et que vous voyez beaucoup plus loin dans le futur que la moyenne des Québecois de toutes les horizons confondues. Bravo ! j’ajoute ici mon mémoire tel que publié dans le site de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.

MÉMOIRE À ÊTRE PRÉSENTÉ À LA COMMISSION BOUCHARD-TAYLOR

La place du dogme religieux dans la société québécoise contemporaine

Traditionnellement, comme vous le savez bien, la place de la religion dogmatique chrétienne fut très importante dans notre société francophone d’Amérique du Nord, jusqu’à la révolution tranquille où son influence commença à diminuer de façon marquée, à tout le moins au niveau de son pouvoir politique mais aussi, quoiqu’à une vitesse moins accélérée, au point de vue de son emprise morale. La morale judéo-chrétienne, même si cela est souvent nié par les individus, reste quand même un point de repère important de toutes les sociétés occidentales. Bien sûr, nous avons fait de grands pas vers la laïcisation du politique et des institutions publiques en général, dans le but assez réussi de démocratiser notre nation mais ce faisant, nous avons quand même un peu jeté le bébé avec l’eau du bain en oblitérant totalement le phénomène social très important qu’est le sentiment d’appartenance à un idéal de société qui fut très longtemps comblé par le catholicisme à travers les rituels et fêtes chrétiennes. Il me semble que nous avons trop misé sur l’individualisme à outrance et la consommation de masse pour combler le vide laissé par l’Église. Il y a le projet souverainiste de social-démocratie et d’affirmation de qui nous sommes qui a pendant longtemps donné une direction bien sentie aux Québécois mais aujourd’hui, le sentiment d’insécurité identitaire linguistique et culturel a fait place à une certaine lassitude des baby-boomers et à un désengagement des plus jeunes qui ne voient là que peu ou pas de menace. Nous sommes aujourd’hui à un point tournant dans le développement de la nation québécoise où nous prenons conscience que le Québec change, qu’il se mondialise. Au cours des prochaines décennies, l’immigration jumelée à la dénatalité va changer de façon très marquée le visage du Québec. Nous tous, Francos, Anglos, autochtones et allophones devons dès maintenant et ensemble jeter les bases du Québec de 2050 et au-delà. Les Néo-Québécois et les futurs immigrants formeront une part accrue de notre société du futur c’est pourquoi il est si important de leur permettre de bien s’intégrer dès leur arrivée au pays. N’oublions pas qu’ils représentent un enrichissement et pas un fardeau, à la condition bien sûr d’éviter leur ghettoïsation et leur repli sur eux-mêmes. Ils doivent savoir qui nous sommes, avant même de prendre la décision d’immigrer chez nous, connaître notre histoire et se mettre dès leur arrivée à l’apprentissage du français, le lien nécessaire qui fera de nous une société plus unie malgré le choc des cultures. Je suggère la création d’une charte des devoirs, complémentaire à la charte des droits et libertés, qui s’appliquerait à tous les Québécois, car les droits et libertés vont rarement sans une certaine part de responsabilité. À titre d’exemple, la charte des droits et libertés accorde à tous les citoyens la liberté de croyance et de religion. Cette liberté et ce droit devraient donc être associés au devoir de respecter les croyances, la religion ou la non-croyance d’autrui, incluant ceux de ses propres enfants. Si un enfant qui n’a pas atteint l’âge de raison, et donc pas encore suffisamment développé ses facultés de discernement, était soumis à une influence déraisonnable de ses parents qui essayaient de lui faire épouser leurs fois dogmatiques et leurs croyances, cela constituerait un manquement vis-à-vis leur devoir parental de façon similaire à une personne qui se servirait de sa position d’autorité pour pousser un enfant à consentir à avoir des rapports sexuels serait en défaut tel que stipulé dans la loi canadienne sur l’âge de consentement sexuel. En quoi cela concerne-t-il cette commission vous demanderez-vous ? Eh bien, à mes yeux, le débat sur les accommodements raisonnables est beaucoup plus celui sur les accommodements religieux et la place de la religion dans l’espace public et c’est pourquoi je suggère à la commission de recommander à nos élus une loi sur l’âge de consentement religieux qui permettrait de protéger la liberté de croyance des enfants qui, en général, ne choisissent pas leur religion. Elle leur est plus souvent qu’autrement imposée de façon culturelle. Dire non à l’imposition culturelle d’une religion aux enfants, c’est respecter leurs libertés de conscience, en laissant libre cours au développement de leurs facultés de discernement si important et nécessaire à l’épanouissement de leurs autonomies intellectuelles. Le conseil du statut de la femme réclame un amendement à la charte des droits de la personne pour y inclure la primauté du droit à l’égalité entre les femmes et les hommes sur le droit à la liberté de religion et je l’appuie entièrement sur ce point. Elles demandent aux politiques de préciser davantage les valeurs qui déterminent notre identité collective et pour y arriver font six recommandations, dont deux touchent directement les jeunes et leur éducation parce qu’elles savent très bien que les valeurs qui sont communes à la très grande majorité des Québécois seront dans un terreau fertile si elles sont soumises à l’attention de la jeunesse québécoise. Mais... elles ne sont pas les seules qui ont compris qu’inculquer des valeurs ou des croyances dogmatiques aux enfants garantit ou presque leur adhésion à ces mêmes systèmes de valeurs et de croyances leur vie durant. Il y a aussi les religieux, au moyen de sacrements et rituels tels que baptêmes, communions, confirmations, bar-mitsvas, camps bibliques, écoles coraniques ou juives ou chrétiennes, les journées internationales de la jeunesse catholique, etc. Tous rituels et enseignements religieux ou idéologiques inculqués aux enfants avant l’âge de raison sont probablement l’unique garantie qu’ont les religions, sectes et idéologies extrémistes de se perpétuer. Voilà des instruments efficaces qui, lorsqu’ils sont à la disposition de groupes politiques ou religieux extrémistes, peuvent devenir en moins d’une génération des armes terrifiantes, plus dangereuses que toutes les armes de destruction massive inventées par l’homme jusqu’ici. Il n’y a qu’à regarder du côté de la Russie, avec un Vladimir Poutine nostalgique de l’ère soviétique et assoiffé de pouvoir qui a instauré les camps de la jeunesse russe très nationalistes, racistes et surtout teintés d’un brin de fascisme, pour y remarquer une ressemblance flagrante avec l’Allemagne nazi d’avant guerre et “Les jeunesses hitlériennes‟, ou encore du côté des écoles coraniques du Pakistan qui sont reconnues comme des terreaux de recrutement fertiles pour Al Qaeda et d’autres groupes terroristes islamiques, ou même encore plus près de chez nous, dans le « Bible Belt États-Uniens » où depuis un quart de siècle, l’influence du lobby chrétien évangélique n’a cessé de croître jusqu’à infiltrer les plus hauts cercles du pouvoir politique dans ce qui est maintenant l’unique grande puissance du monde et dans lequel, par surcroît, la séparation de l’église et de l’état est enchâssée dans la constitution. Alors, j’ose espérer que nos législateurs se pencheront non seulement sur les recommandations du CSF mais également sur la primauté du droit à la liberté de pensée des enfants de moins de 14 ans (voir ici liberté de pensée dans le sens de pensée critique ou liberté de conscience), sur les droits et libertés de religion et de croyance, car chaque enfant qui se voit soumis à une influence déraisonnable et à un héritage culturel dogmatique exagéré de la part de ses parents ou de toute autre personne en autorité, se voit du même coup privé, à tout le moins de façon temporaire, de sa liberté de pensée (liberté de conscience) car n’ayant pas encore suffisamment acquis de sens critique, la pression psychologique et émotionnelle de se soumettre aux croyances de l’autorité parentale en tant que vérité absolue, influencerait presqu’assurément et de façon indue, son mode de pensée et sa ligne de conduite.

Pour permettre à notre société d’évoluer positivement, nous devons permettre à nos enfants d’être de réels libres-penseurs. Ils doivent être guidés par des parents conscients de leur influence, par l’école et par la société en général afin qu’ils puissent développer leur propre esprit critique et leur discernement sans barrières psychologiques imposées avant d’être mis face au choix d’une religion, d’une spiritualité personnelle ou d’en rejeter la nécessité. La responsabilité de l’état québécois et canadien pour que soit respectée cette valeur fondamentale de toute société qui se veut réellement libre, démocratique et unie de façon intestine est : la promotion continue et efficace visant de façon prioritaire la jeunesse de ce que j’appellerai la « libre-pensée ». La véritable liberté de religion ou de croyance ne peut exister que par le développement d’une véritable pensée critique parce que la véritable liberté est avant tout un état d’esprit. Si tous les enfants du Québec ont la possibilité de développer leurs facultés de libres-penseurs, incluant les enfants de familles religieuses plus conservatrices, les religions qui voudront survivre n’auront d’autre choix que de se moderniser pour jouer le rôle de rassembleur qu’elles savent malgré tout très bien remplir mais non plus sur des bases dogmatiques mais plutôt sur celles de l’humanisme et de l’altruisme. Que des adultes conscients et avertis épousent une religion ou une idéologie de leur choix, c’est leur droit le plus stricte. Mais que des enfants n’ayant pas atteints l’âge de raison et donc une certaine capacité de raisonnement soient élevés dans la contrainte d’épouser les convictions religieuses ou idéologiques de leur parents, sous peine de reniement par la famille, alors cela devient inacceptable. Les enfants ne seraient-ils pas aussi protégés par le droit à la liberté de conscience inscrite dans cette même charte qui permet à leurs parents d’adopter la religion de leurs choix ? Je trouve absolument aberrent que dans une société qui se dit de la modernité, l’on dise encore aujourd’hui que tel enfant est un catholique ou que tel autre est musulman alors qu’ils ne sont même pas en mesure de faire un choix consciemment réfléchit

Afin de protéger la liberté de conscience, prévue par les chartes, des individus en général et des enfants en particulier, je suggère respectueusement à la commission de faire à nos dirigeants les recommandations suivantes : 1- Que cesse le financement public des écoles privées dites confessionnelles. 2- Que soit enchâssée dans la charte des droits et libertés de la personne, la primauté du droit à la liberté de conscience des enfants de moins de 14 ans sur le droit (article 41)des parents ou des personnes qui en tiennent lieu, d’assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions. 3- Que soit votée une loi sur l’âge de consentement religieux des enfants. 4- Que soit adopté une charte québécoise de la laïcité ouverte et inclusive. 5- Que soit instauré un congé férié de l’interculturalisme et du bon voisinage pour permettre le rapprochement des communautés culturelles entre elles et avec la majorité Québécoise francophone

J’ajoute à ce mémoire une lettre d’opinion publiée dans cyberpresse le 28 février 2006 et qui rejoint en pensée le présent mémoire. Elle s’intitule : CONSENTEMENT SEXUEL VS CONSENTEMENT RELIGIEUX

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Le mardi 28 février 2006 Consentement sexuel / consentement religieux

Raymond Normandin

Quelques jours après la prise de pouvoir par les conservateurs de monsieur Harper, le premier débat sur une question morale faisait surface sur la scène politique canadienne. La formation politique de centre-droite proposait de légiférer sur l’âge de consentement sexuel des enfants pour la porter à seize ans plutôt que quatorze comme la loi actuelle le spécifie. Ceci dans le but principal de protéger les enfants contre les prédateurs sexuels qui prolifèrent de plus en plus sur Internet.

Les réactions dans les médias furent mitigées, quelques-uns disant que ceci enverrait un message clair aux abuseurs tandis que d’autres intervenants postulaient que changer la loi actuelle n’atteindrait pas nécessairement le but visé et pourrait même à la limite court-circuiter les réseaux qui amènent l’information aux jeunes afin d’être mieux protégés contre tout le tralala des MTS et des dangers de l’Internet. Bon, disons que dans tout ce débat entre centre-gauche, centre-droite, quatorze ou seize ans, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat ou enflammer le débat comme dans le cas des mariages gais, étant donné que les deux côtés étant pour la vertu, l’idée de la nécessité du consentement n’était pas remise en cause.

C’est en écoutant ce débat que m’est venue la question suivante : à quand une loi sur l’âge de consentement en matière de religion ? Elle (cette question) semble à prime à bord dissonante lorsque mise en parallèle avec la précédente puisque la loi dans le premier cas existe pour protéger l’enfant de prédateurs potentiels et que dans le second cas, il serait inconcevable d’imaginer une loi qui interdirait à des parents bien intentionnés et aimants d’inculquer à leurs descendants, avant l’âge de raison, des principes religieux dogmatiques qui sont profondément ancrés dans la culture des gens et qui souvent sont la base même de la vie de ces braves parents.

Ho ! Il est bien certain que plusieurs groupes religieux et même laïques voudront crier au fascisme et brandiront tout de suite le bouclier de la charte des droits et libertés (la liberté de religion étant un droit de base de la charte). Mais la réponse à ce droit légitime de pratiquer ou pas la religion de son choix est dans la question. Oui à la liberté de religion (ou pas), mais pour tous ! Et si tous les gouvernements de la planète ont cru bon légiférer sur l’âge de consentement sexuel des enfants, c’est qu’il y a consensus sur le fait qu’avant un certain âge les enfants n’ont pas la capacité de discernement nécessaire pour protéger leur intégrité physique sexuelle devant un adulte et qu’ils subiraient nécessairement l’influence de cette personne.

Et qu’en est-il alors de l’intégrité spirituelle de nos enfants ? N’est-il pas lui aussi un élément fondamental de leur personne ? Et sont-ils plus en mesure de faire un choix conscient et réfléchi en matière de religion qu’en matière de sexualité ? Tout le monde connaît l’adage qui dit que le cerveau d’un enfant est comme une éponge. Un enfant, serait donc l’équivalent d’un ordinateur dans lequel les parents peuvent selon leur gré introduire des programmes religieux qu’ils jugent nécessaires au développement spirituel de leur enfant avant même que celui-ci n’ait acquis le programme « Discernement et esprit critique ».

Il n’en serait autrement que si l’enfant est d’abord introduit au concept de libre pensée, esprit critique et discernement, indispensable à son évolution sur les plans intellectuels ainsi que spirituels. Sans cette capacité à discerner, (par son propre raisonnement et non en utilisant des préceptes dogmatiques religieux), le bien et le mal et toutes les nuances entre les deux, l’être humain reste trop souvent emprisonné dans un modèle de pensée unique qui restreint son champ de vision et augmente son intolérance envers autrui.

Alors, j’ose poser la question que personne ne pose sans doute parce que la religion, c’est sacrée et que l’autorité des parents sur leurs enfants, ça aussi, c’est sacré, mais moi je la pose quand même : quand les enfants seront-ils protégés par la loi contre l’endoctrinement religieux ou toute autre forme d’endoctrinement ? Pourquoi est-ce qu’on trouve ça acceptable (pour ne pas dire parfaitement normal) que l’on amène des enfants dans des « bible study » toutes les semaines pour leur laver le cerveau avec tous ces dogmes et interprétations religieux ou encore que l’on accepte que des enfants fréquentent des écoles coraniques pour apprendre par cœur de saintes écritures qu’il est interdit de critiquer sans être condamné par la communauté pour blasphème ? Comment est-il encore possible qu’au vingt-et-unième siècle des sociétés dites évoluées, laissent des parents imposer leurs convictions religieuses à leurs enfants, avant que ceux-ci n’aient acquis suffisamment de discernement pour choisir, en leur imposant les sacrements du baptême, de la communion, etc. ? Je vous le demande, où est-elle leur LIBERTÉ de religion à eux les enfants ?


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