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Commentaire de Philippe Vassé

sur Taiwan : la démocratie en action


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Philippe Vassé Philippe Vassé 14 janvier 2008 14:11

Alberto,

Je partage tout à fait votre méfiance légitime et parfaitement fondée sur des expériences indiscutables concernant les engagements et/ou les promesses des politiques.

Bien évidemment, je ne préjuge de rien, ni dans un sens, ni dans un autre. La prudence est de mise et comme je l’ai écrit, c’est la réalités des faits qui nous apportera la réponse sur le respect ou non des engagements pris sur l’honneur et en public. D’autant que MA Ying Jeou a utilisé des phrases qui sont inhabituelles à Taiwan comme :

"le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Nous ne voulons pas revenir au passé avec ses fautes et ses erreurs. Nous respecterons pleinement l’opposition. Nous travaillerons pour tout le pays".

Des phrases qui, effectivement, en France, même à Asnières, sont rarement prononcées, mais qui méritent ici d’être rappelées du fait de leur rareté dans la bouche d’un présidentiable largement favori des urnes et des sondages.

Je note que MA Ying Jeou, apprécié à Washington (il a fait de brillantes études à Harvard), pourvu d’une image "stabilisatrice" à Pékin, regardé à Tokyo comme un "homme calme", présente au public taiwanais une image rassurante. Sa manière de parler sereinement, qui est vue comme une timidité ou une réserve, joue aussi en sa faveur dans la population. Il est jugé sympathique, courtois, poli, attentif et surtout capable d’esprit de négociation et de concertation.

Il est aussi apprécié par les milieux économiques qui souhaitent l’ouverture du pays aux capitaux , investisseurs et touristes chinois, ce qui relancerait une économie vigoureuse aux portes de la Chine en pleine croissance.

Sa femme, une salariée modeste dans on mode de vie, qui aime la discrétion et l’anonymat, la simplicité et la tranquillité- est réputée pour aller au travail et en revenir en autobus, simple citoyenne parmi la foule parfois dense des autobus de Taipei à ces heures de pointe. Elle ne lui crée donc aucun problème, comme cela fut le cas en France pour un certain Président, mais au contraire rallie les sympathies populaires par opposition et en totale contraste avec l’épouse du Président actuel, accusée de corruption avec des fonds publics, qui était une passionnée des achats avec ce mêm argent public.

Cependant, on dit que Mme MA ne porte pas certaines pratiques de certains citoyens français dans son coeur depuis les années 1990, ayant perdu son emploi dans une banque connue à ce moment dans le cadre des conséquences de certaines affaires de ventes d’armes à Taiwan et de flux bancaires qui n’étaient pas très clairs, mais sur lesquels elle ne portait aucune responsabilité. On dit aussi que son mari n’a pas pardonné aux responsables de son licenciement de l’époque le fait, tant dans son fond que sa forme.

Les autorités françaises ne pourront pas dire qu’elles ne savaient pas qui était Mme MA et que son image de la France, qui peut aussi influer sur les sentiments de son époux, n’est pas des meilleures.

Tout cela est à suivre avec attention.

Je précise que selon les informations officielles, le gouvernement KMT, dans lequel MA Ying Jeou ne devrait pas être membre, entrera en fonction le 1er février 2008.

Il s’agit, à quelques rares exceptions près -dont un "ancien grand ami d’industriels français"-, d’une direction politique presque entièrement renouvelée et rajeunie par rapport aux années Lee Teng Hui, dont, chose ironique, le parti, le TSU, soutient la majorité parlementaire gouvernementale KMT, ce parti qu’il avait dirigé et qui l’a exclu en septembre 2001 après qu’il ait créé le TSU en juillet de la même année.

Rappelons, car les habitudes politiques à Taiwan ne sont pas toujours simples à comprendre vues de France, que le TSU est un partisan, certes "modéré" de l’indépendance juridique de Taiwan. En clair, le TSU est l’aile "indépendantiste" de la coalition qui se forme avec le KMT. qui, officiellement, n’n est pas un partisan.

La culture chinoise, même à Taiwan, est ennemie des haines inexpiables en politique et favorise les retrouvailles possibles lorsque des terrains d’entente sont trouvés, dans un contexte nouveau.

Les reclassements actuels éclairent bien des choses passées- comme ce laps de temps passé en 2001 entre la fondation du TSU par Lee Teng Hui et son expulsion du KMT-, mais peuvent aussi ouvrir des perspectives intéressantes pour le futur.

A titre personnel, mais cela n’engage ici que mon sentiment propre, bien qu’appuyé par des "avis taiwanais autorisés", je pense que l’alliance de facto du TSU avec le KMT est un mauvais présage pour le destin public de "l’ami des industriels français". De plus, certains jeunes "loups" du KMT sont partisans de "faire table rase" du passé- comprendre de "certains anciens"- pour accéder aux postes ministériels qu’ils estiment devoir leur revenir.

La subtilité chinoise peut ici trouver son compte sachant que Lee Teng Hui cultive une rancune tenace contre ce politicien. depuis 2006...Parfois, des intérêts distincts de personnes différentes peuvent trouver un terrain d’entente commun sur le devenir d’un troisième personnage dont la disparition politique serait bienvenue pour les deux amis temporaires et les ambitions de leurs collègues.

On appelle cela couramment des "boucs-émissaires" en français.....

Bien amicalement à vous,

 

 

 


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