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Commentaire de haiker

sur Lettre ouverte à M. Bruno-Pascal Chevalier


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haiker 21 janvier 2008 17:57

Je ne rentrerais pas sur l’éventuelle polémique autour du droit de grève de la faim. Je trouve d’ailleurs la lettre de ce médecin assez intéressante, le seul hic selon moi c’est ceci :

"Il est normal et nécessaire que chaque bénéficiaire y contribue symboliquement dans la mesure de ses moyens, ne serait-ce que pour prendre conscience de ce que cette pseudo-gratuité coûte à l’ensemble de la société et donc à chacun d’entre nous."

Dans la mesure de ses moyens.

La "mesure".

C’est bien là qu’est tout le problème. Comment répartir d’une manière "juste" la charge collective de ce choix - en effet - de solidarité ? Le mieux comme mesure semblerait être que la contribution soit proportionnelle aux moyens de chacun. Certes, cela pose la question de ce qu’on englobe dans le terme "moyen", mais l’aspect "proportionnel" est ici le mot clé principal.

Sauf que.

Sauf que, là, avec les franchises, c’est plus proportionnel mais forfaitaire et que c’est plus tout le monde mais seulement ceux qui sont malades. Personne ne conteste le bien fondé de responsabiliser les français face aux couts de santé, mais entre responsabiliser et pénaliser financièrement les plus pauvres et plus malades - pas forcément ceux qui abusent le plus, seulement ceux qui sont malades et pas très riches, on se trompe de cible, ou pour être plus précis on cible les malades comme responsables.

C’est en cela qu’il me semble, à moi, que ces franchises handicapent bien plus ceux qui sont à la fois peu riches (et ils sont de plus en plus nombreux hélàs) et malades. Les deux sont de plus parfois liés (peu de moyen -> mauvaise hygiene de vie -> maladie).

Maintenant, responsabiliser les français face au coût du système d’assurance maladie me semblent effectivement un objectif louable. Dans ce système, y’a au moins 2 acteurs qui se rencontrent : le malade et le médecin. Je m’étonnerais toujours qu’on hésite jamais à culpabiliser le premier d’être malade, qu’il soit fiché de partout, mais que jamais, au grand jamais on envisagerais de vérifier l’efficacité de nos médecins, leur "performance". A croire qu’ils sont tous excellent et d’égale performance...

Pourtant, sans son ordonnance, point de coût, et c’est bien la signature du médecin qui légitime une demande de remboursement, à commencer par ses frais. Mais non, forcément seul les français malades pourraient abuser trop d’un système - c’est vrai, c’est tellement cool d’être malade, on en redemande ! Jamais on n’imaginerai que les médecins puissent de temps à autre, comment dire, avoir une part non négligeable de leur revenu issue du système justement et que - contrairement au malade - ils n’ont pas de manière libérale ?

Par exemple, quid de l’explosition absolument ahurissante du nombre de dépassement d’honoraires !? 2 milliard d’euros rien qu’en 2005, et cela bien empiré depuis ! Que je sâche, aucun malade ne revient voir un médecin pour réclamer des dépassement d’honoraires ! Il n’y a-t-il pas là aussi une responsabilisation, une sensibilisation contre un sentiment du "tout-gratuit" à faire auprès des médecins qui abusent ?

D’accord pour responsabiliser les acteurs, d’accord pour répartir les coûts solidairement, d’accord pour plus et surtout mieux contrôler l’ensemble, mais alors *l’ensemble* des acteurs.

Pas uniquement les malades. Comme avec les franchises. Dont l’objectif semble plutôt de servir de fondation à la fin de la solidarité nationale par répartition plutôt que budgetaire...


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