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Commentaire de L’ignorant

sur Psychiatrie, antidépresseurs & co


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L’ignorant 26 janvier 2008 10:47

 Je vous serais reconnaissant de ne pas me traiter comme un "patient", et de quitter ce ton doctoral. Il y a des docteurs ailleurs qu’en médecine, mais les médecins sont champions toutes catégories dans le ton doctoral. 

Je ne suis pas un patient en souffrance que vous pouvez manipuler à loisir. Je ne suis pas "amer". Je n’ai pas besoin de votre avis. Je suis professeur de philosophie, et je sais de quoi je parle.

Par contre, je m’étonne toujours de l’arrogance des médecins. 

 

 

Il y a, à mon avis bien plus que 30% de dépressifs qui ne "réagissent pas" (je reprends les expressions en vogue) "aux traitements" par antidépresseurs. 

Je l’ai dis et je le répète : le seul dépressif que les antidépresseurs peuvent soigner, c’est le dépressif occasionnel, qu’on peut sortir rapidement de l’ornière, pour les autres, tous les autres, il faut un traitement de fond. Or, ce traitement de fond n’est pas, ne peut pas être un traitement médicamenteux, puisque le mal est psychologique. CQFD.

 

Je n’oppose pas les psychiatres et les psychologues comme des ennemis, puisque de votre point de vue (celui du psychiatre), il n’y a pas d’opposition : les psychiatres tiennent les psychologues pour des valets de leur discipline, alors que celle-ci n’est qu’un empirisme à coup de médicaments, pas une science comme ils le prétendent. Je vous renvoie à l’opposition entre pratique empirique et science, j’espère que vous la connaissez.

 

Par exemple, je ne crois pas que le non-remboursement des psychologues soit uniquement une question de vaches maigres, mais les résultats d’un corporatisme médical qui fait oublier aux politiques le sens commun le plus élémentaire. 

Je vais être provocateur ; ce n’est pas qu’il faudrait rembourser les psychiatres ET les psychologues, en plus. Il faudrait bien plutôt cesser de rembourser les pychiatres, qui n’ont jamais soigné personne, et je pèse mes mots, croyez-le, et rembourser les psychologues, qui, eux soignent.

Ça tombe sous le sens : une pathologie, si l’on veut utiliser ce mot, psychologique concerne l’esprit de la personne, non un quelconque dérèglement physiologique, c’est donc l’esprit qu’il faut traiter.

Or, les psychiatres s’en tiennent à des pseudo-preuves scientfiques qu’ils ne produisent jamais pour dire qu’il y a par exemple une origine "génétique" à la dépression. Soyons clair : dans ce cas ils défendent leur Eglise, rien d’autre. Et je n’ai, pour ma part, jamais eu sous les yeux aucun protocole d’expérience qui semble prouver quoi que ce soit dans ce sens. On en est même maintenant à faire de la publicité pour les électrochocs, pour la magnétothérapie et autres délires empiriques dignes du XIXe siècle. La science n’a plus rien à voir là-dedans. Le pire c’est que ces techniques sont présentées comme "scientifiques" alors que ce sont des manœuvres désespérées tentées sur des patients qui ont le culot de ne pas se tenir encore assez tranquilles avec des camisoles chimiques. On fait passer ces techniques pour inoffensives : j’ai vu de mes yeux une personne qui avait subi des électrochocs (vous me permettrez d’utiliser ce terme ancien et non les termes sous lesquels on a ripolinisé cette pratique, puisqu’elle n’a pas changé, à part peut-être l’adjonction de médicaments mettant hors jeu les réactions musculaires) : il n’avait plus figure humaine pendant de nombreuses semaines. Tout le contraire de ce qu’Arte nous a montré récemment.

 

 

Le problème de la santé en France dans ce domaine, c’est la dominance complète du médecin dans un domaine où il n’est plus compétent. 

Je vous cite : 

"Autant il y a des psychologues expérimentés compétents et efficaces avec qui travailler est un plaisir, autant certains jeunes sortant de leur DESS avec des idées toutes faites dans la tête peuvent être destructeurs vis à vis des patients qui leurs sont confiés sans contrôle..."

Au risque de paraître encore une fois désagréable : de quel droit jugez-vous de la compétence de quelqu’un dans une discipline que vous ne connaissez pas ? En quoi êtes-vous (vous qui êtes peut-être par ailleurs expérimenté, j’en conviens) compétent pour énoncer un tel jugement. Pour ma part, les personnnages que j’ai vus être le plus destructeurs sur les patients étaient des psychiatres. Je le répète en effet, pour bien qu’on me comprenne : les médicaments, à long terme détruisent les vies de ceux qui les prennent : arrêt maladie, arrêt prolongé, invalidité... perte de tout ce qui compte pour la personne entre-temps... Voilà où mènent vos méthodes quand elles s’installent dans la durée.

 

En France, on oblige un dépressif à rester chez lui toute la journée parce qu’il n’est pas question de lui permettre de sortir librement (tout malade qui ne veut pas rester enfermé, n’est pas malade). On l’enfonce ainsi dans sa dépression. S’il veut être reconnu, comme patient sérieux, il doit suivre le principe moqué dans une publicité dénonçant l’abus des antibiotiques : si tu ne vas pas en centre, tu n’es pas malade, si tu ne prends pas des antidépresseurs, tu n’es pas malade. Et voilà la pente fatale (oui, je pèse encore mes mots) qui commence.

 

Un petit exemple banal de la tendance des médecins à juger à propos de choses sur lesquelles ils ne sont pas compétents. Vous avez tous entendu des médecins expliquer doctement au reste de l’humanité ce qu’ils devaient manger. Eh bien, pourtant, c’est aberrant : les médecins n’ont jamais eu la moindre formation en diététique, ils ne sont pas autorisés à parler de ce qu’ils ne connaissent pas. Rien n’empêche un médecin, à la limite de vouloir se mettre à la diététique mais alors de deux choses l’une : ou il suit une formation ou il annonce clairement la couleur : il le fait en tant qu’autodidacte. La réalité est en fait toute autre : les médecins ne suivront jamais une formation sur une discipline qu’ils estiment "inférieure". Ils possèdent donc une sorte de savoir inné ou exerce une science architectonique (comme on dit en philosophie) qui prétend dominer toutes les autres. Alors, j’aimerais qu’on me le dise et qu’on m’explique en quoi cette science serait "supérieur" ? Pour ce que je crois en avoir compris en écoutant les médecins, elle l’est en ceci : tous les maux ont des origines physiologiques, et tous peuvent et doivent donc se soigner par des médicaments. Mais c’est, sans preuve, guère plus qu’un mythe, et un mythe tout sauf inoffensif : c’est sur ce genre de croyance qu’on va donner de la ritaline à des enfants parce qu’on estime qu’ils sont "sous-développés" des lobes frontaux (sans preuve ni étude, c’est une pure spéculation).

C’est au nom d’une telle supériorité mythique que les médecins priment sur les psychologues et prétendent, comme vous le faites, sans avoir jamais suivi un cours de psychologie juger d’une discipline qu’ils ne connaissent pas. Vous confondez un pouvoir social avec une compétence, je trouve ça très grave.

De la même manière, on augmente la production de sérotonine avec les IRS, on augmente tout en vrac avec les imipraminiques, on met en sommeil les zones limbiques à coup de neuroleptiques atypiques, ce qui a fait dire parfois qu’on avait affaire à une sorte de lobotomie "light". Les voilà, vos traitements "scientifiques". De l’empirie, je vous dis, pas de la science. De l’idéologie, du lobbying et une dominance sociale, pas une compétence.

 

Au nom de qui, dis-je tout cela ? au nom de tous les malades que ces méthodes ont abimés, meurtris et poussés hors de la société. 

Ce n’est pas de l’amertume (qui réduirait mes dires à une simple récrimination, merci, ce n’est pas le cas), mais une révolte, une indignation devant une telle confiscation des maladies de l’esprit par des psychiatres qui croient être l’unique solution alors qu’ils sont la plupart du temps un obstacle à la guérison des malades.

 

Désolé, d’être désagréable, mais comment opter pour un ton policé et universitaire dans une telle situation



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