• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de SciFi

sur Affaire de l'esthésioneuroblastome : faut-il légiférer sur l'euthanasie ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

SciFi SciFi 17 mars 2008 13:07

@docdory

J’attendais avec impatience cet article dont vous aviez annoncé la parution dans un billet de Dugué. Sachez que je respecte votre point de vue de praticien et ne voyez aucune attaque personnelle à ce que je vais dire.

Après avoir énoncé clairement les faits concernant Chantal Sébire et la position des politiques, vous parlez de la rareté des cas où les soins palliatifs sont impossibles, puis de votre position sur le sujet. C’est bien de ces rares cas dont il est question, ceux pour lesquels la médecine est impuissante à éliminer la douleur.

Je vous rejoins sur certains points : votre déontologie (toute à votre honneur) qui vous empêche d’envisager une telle pratique. Vous auriez même pu légitimement vous appuyer sur le serment d’Hippocrate, à partir du moment où vous attachez de l’importance à la parole donnée. Et également le malaise que vous avez pu ressentir face à une émission que j’ai moi-même vue. Ce sont des arguments que je respecte totalement. Mais une quelconque disposition légale sur le sujet, si elle devait voir le jour, ne pourrait jamais imposer à un médecin de pratiquer une mort volontaire si cela est contraire à ses principes.

Maintenant, à vous lire je ressens moi aussi un malaise. D’abord parce que vous fournissez un mode d’emploi, qui je suppose pourrait appeler à des questions complémentaires de la part du malade au moins pour être sûr qu’il ne souffrira pas en employant cette solutions. Ce qui me gêne, c’est que quelque part, vous devenez complice de cette mort, car si vous n’avez pas effectué le geste, vous avez fourni les clés qui permettent de mourir. De plus, on pourra toujours trouver des cas - rares, je vous l’accorde - où une personne est incapable d’agir sans une complicité

L’autre malaise que je ressens, c’est le traitement a posteriori qui est fait des cas d’euthanasie en France. Si les choses étaient si claires sur le plan moral et légal, pourquoi ne punit-on pas durement ceux qui ont eu une participation active ?

Léon Schwartzenberg, cancérologue en faveur de l’euthanasie malgré son état de médecin, avait révélé avoir pratiqué une euthanasie. Il a été suspendu par le conseil de l’Ordre au début des années 90, décision annulée ensuite par le Conseil d’Etat. Il n’a pourtant pas été poursuivi au pénal à ma connaissance, bien qu’ayant donné la mort. Il y a donc bien une forme d’hypocrisie sur le traitement ce problème.

Alors peut-être avez vous raison sur un point : établir une loi complexe et problématique pour résoudre quelques rares cas, n’est peut-être pas la bonne solution. Pourtant il me semble malgré tout qu’il faut pouvoir apporter une réponse à ces rares cas. Et dans ce cas, pourquoi ne pas établir un dispositif exceptionnel, une commission nationale (du fait de la rareté des cas) composée de médecins, psychologues et juristes, tous volontaires pour assumer cette mission, et qui pourraient agir en dérogation par rapport à la lettre de la loi ?

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès