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Commentaire de Ackilon

sur La faillite du libéralisme économique américain


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Ackilon 13 avril 2008 01:33

Je suis heureux qu’un problème aussi complexe que celui de l’association et du libéralisme vous paraisse aussi simple ! C’est d’ailleurs une question qui a occupé une grande partie de la vie de Rawls : comment concilier libéralisme et contrat social, individu et société, ou, si vous voulez, individus et assurances, assurance pris au sens large : la liberté ne peut être limitée que si cela permet au citoyen moyen d’avoir une plus grande liberté par ailleurs. Typiquement, une assurance-vie m’engage dans un certain type de contrat, mais me permet d’être plus serein. Quand je verse chaque mois une certaine somme à l’assurance, je me prive d’une certaine possibilité de choix, donc d’une certaine liberté. C’est en cela qu’un contrat limite la liberté : vous le dîtes vous-même, "Les obligations qui naissent d’un contrat ne restreignent pas la liberté, puisque cette restriction fut acceptée délibérément.", vous admettez bien qu’il y a restriction, mais en nier la portée sous le prétexte que cette restriction a été librement choisie. C’est là un argument très kantien, et qui d’ailleurs fonde l’idée du parlementarisme anglo-saxon, mais c’est un autre débat.

L’individualisme n’est pas un libéralisme, l’individu n’est pas nécessairement individualiste, la question de l’individualisme, l’individu tourné sur lui-même, mais fragmenté de l’intérieur par ce qu’il croit être mais n’est pas, c’est à mon sens une question un peu différente.

La question de la légitimité est une des questions importantes des sciences politiques actuelles, notamment concernant les institutions européennes. Une institution n’est pas forcément légitime parce qu’elle détient la force armée : regardez le Parlement Européen, il ne dispose d’aucune source de contrainte physique, et pourtant, il tire sa légitimité de son mode d’élection. La BCE, autre exemple, peut tirer sa légitimité de sa compétence et de son indépendance, etc. L’idée selon laquelle l’Etat a le monopole de la violence, idée hobbesienne s’il en est, est autre chose : c’est un principe politique. Ou plus exactement une définition fonctionnelle de l’Etat. Mais je pense que cette question est plutôt diluée dans nos sociétés actuelles - ou alors sous la forme d’un Etat sécuritaire. Mais il s’agit alors de garantir à tous prix l’intégrité physique des citoyens, et in fine leur liberté, plus que d’écraser la société via un Léviathan. Les deux questions, monopole de la violence et sécurité, sont tout de même très liées.

Quant à Jacques Attali, il a sans doute raison, mais la question qu’il pose est largement traitée par les sciences politiques actuelles, plus en détail (question de la gouvernance, de la représentativité, de la délibération, etc.)

Mais, pour finir, toutes ces questions sont très entremêlées, très anciennes aussi, et il n’est pas toujours facile de les distinguer, ni de distinguer les concepts, une discussion comme maintenant, vos arguments très convaincants, et mes réponses, que j’espère intéressantes, y participent.


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