• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Voltaire

sur Sarkozy 1 Presse 1


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Voltaire Voltaire 25 avril 2008 10:44

Ma première réaction à la suite de cet émission a été "Merci Monsieur Calvi"... seul journaliste a avoir fait correctement son travail. Au delà de ce constat, quelques remarques :

- D’un point de vue général tout d’abord. Je ne commenterai pas la forme de l’émission, qui est ce qu’elle est. L’impression globale que l’on peut ressentir après cette heure et demi est celle d’une certaine frustration. Le début a été calamiteux, brouillon, désordonné. L’intervention d’Yves Calvi a remis un peu de sens au sujet, avant que l’on ne s’ennuie de plus belle avec une eclipse des sujets qui fachent côté politique étrangère. Le président voulait montrer qu’il avait changé de style : mission partiellement réussie. Nicolas Sarkozy est revenu à une attitude plus classique, traditionnelle, moins bling-bling, et donc appréciée des Français. En revanche, il n’a clairement pas perçu que son impopularité n’était pas uniquement due à ce style mais avait des causes plus profondes, sur le fond du modèle de société qu’il propose. Là, c’est un échec qui risque de lui coûter cher. 

- Quelques éléments de détail :

  • la partie sur l’économie fut calamiteuse, non pas que la journaliste fut incompétente, mais simplement parce que le président avait décidé de déballer l’ensemble de ses arguments publicitaires d’un seul coup, sans vouloir répondre aux questions posées. Il en est résulté une forte impression de brouillon, sans cohérence. Sur la question du pouvoir d’achat, il n’a pas été convaincant, alors que c’était pourtant le principal défi de cette émission. A la limite de la mauvaise foi sur de nombreux thèmes (notamment sur les heures supplémentaires), il n’a pas compris que les citoyens n’étaient pas prêt à avaler des affirmations démenties par les faits. Il a donc choisi de confirmer sa volonté de poursuivre un modèle socio-économique néo-conservateur qui a montré ses limites et accroit les inégalités. Seul élément positif qui surnage du lot, l’annonce de l’extension à toutes les entreprises du système d’intéressement et de participation aux bénéfices.
  • La partie société a été bien menée, avec courage, par Yves Calvi. Elle a mis le président en difficulté sur plusieurs sujets, sur lesquels il a tenté de contourner les questions. Les contradictions entre sa politique et son discours sont ainsi nettement apparues sur le sujet de l’immigration et des travailleurs sans papiers. Quant au RSA, la bonne nouvelle de sa généralisation a été totalement effacée par deux éléments clés : un chiffrage fantaisiste (1 milliard d’euros au lieu des 3-4 estimés par les spécialistes), et un financement pris sur la prime à l’emploi, qui bénéficie aux travailleurs pauvres. Bref, tout l’inverse de sa volonté affichée de donner du pouvoir d’achat à ceux qui travaillent...
  • la partie politique étrangère a été la plus favorable au président, grâce à un journaliste qui a soigneusement évité les sujets les plus polémiques : rien sur son souhait de réintégrer l’OTAN ou sa politique d’alignement avec les US, rien sur la Lybie, où son action a été en totale contradiction avec sa politique affichée au sujet de l’Iran. Convainquent sur l’Afghanistan ou sur Ingrid Bétancourt, il l’a moins été sur la Chine, où il lui a fallu fair un grand écart assez difficile à avaler.

Pour conclure, le président aura sans doute fait le nécessaire pour regagner un peu de popularité auprès de ses propres troupes, excédées par l’étalage de sa vie privée. Pour le reste, il peut s’attendre à de nouvelles difficultés dans l’opinion si la croissance ne repart pas, ce qui est hélas l’hypothèse la plus probable.

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès