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Commentaire de René Déhère

sur LME : la grande distribution plutôt que les producteurs


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René Déhère René Déhère 30 avril 2008 12:21

Le papier me semble passer à coté d’au moins trois sujets très actuel.

D’abord la volonté du gouvernement est de ne surtout pas augmenter les salaires, mais au contraire de les "contenir". Politique constante depuis vingt ans (et transpartidaire bien sûr), et politique victorieuse : pendant ces vingt ans 10% du PIB ont glissé du travail vers le capital. Soit 100 milliards d’euros par an. Cela représente (en suppossant que la moitié de la populalation soit active, et que les actifs soit tous salariés, hypothèse défavorable à mon calcul) environ 200 euros par mois qui passent de la poche du salariat à la poche du capital !

Le refus d’augmenter les salaires est un tel dogme, que cela joue sur les retraites (refus à priori d’augmenter les cotisations pour faire face à son financement dans le cadre de la retraite par répartition), l’augmentation des cotisations (de moins de 1% selon certains économistes) induisant une augmentation de salaire. Idem pour la Sécurité Sociale.

Alors on nous explique que pour augmenter le "pouvoir d’achat" sans augmenter les salaires, il faut faire baisser les prix. Poudre aux yeux : si un salarié sait lire sa fiche de paye, il n’a aucune lisibilité sur la fabrication des prix. Tiens, d’ailleurs, ils montent !

Deuxièmement, la concurrence comme facteur de baisse des prix est aussi une illussion. En effet, si la concurrence joue effectivement pour chacun d’entre nous qui avons notre circuit de magasins préférés (mais pas uniquement sur les prix, plutôt dans un rapport, proximité, qualité de la relation avec le commerçant, qualité des produits, prix), elle existe surtout entre salariés (être ou ne pas être au chômage, mon salaire et celui du voisin, les salaires d’ici et ceux de la-bas).

La concurrence existe aussi entre sous traitants des groupes, et elle joue en effet à la baisse des prix des fournisseurs, mais alimentant plutôt les marges des groupes plutôt que la baisse des prix de vente au public.

Mais il y a belle lurette que les groupes ont réglé entre eux le problème de la concurrence ! Par deux moyens : l’un, soi-disant illégal, mais pourtant bien réel qui est l’entente monopolistique. L’autre est la création de filiale à part égale entre les groupes. La Générale des Eaux et La Lyonnaise des eaux sont des experts dans ce domaine (aujourd’hui Véolia et Suez). Les sociétés qui accaparent les services publics au niveau local fournissent de nombreux exemples (tranports collectifs, distribution de l’eau, assainissement, etc.).

Troisièmement, on observe un affrontement vif entre le capital financier et le capital industriel. Ce dernier, qui est en train de perdre la partie, avait des "habitudes" de régles dans les rapports sociaux, Le capital financier ne reconnait que sa rentabilité immédiate. Ce conflit apparait au sein même du Medef entre l’UIMM et les services versus Parisot (pour l’essentiel les banques : c’est d’ailleurs la banque de l’UIMM qui balance !), aussi dans EADS (les industriels ont un problème de cablage, les financiers répondent en vendant leurs actions !), et encore dans cette loi de "modernisation sociale", où les grands distributeurs (qui s’apparentent au capital financier : ils font ont leurs propres cartes de crédit, agence de voyage, assurance, etc.) ont enfin les mains libres face au industriels producteurs.

On est libre de croire que cette stratégie est favorable au pouvoir d’achat, autant qu’on est libre de croire au Père Noël !

 


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