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Commentaire de 5A3N5D

sur L'école, des clichés à la réalité - (I) l'adolescent, la famille et la société


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5A3N5D 14 mai 2008 16:55

@ Yannick Harrel,

Au risque, moi aussi, de me faire battre comme plâtre, je fais cette réponse.

Franchement, si demain la terre changeait brutalement de sens de rotation, je pense que certains n’hésiteraient pas à en rendre responsables les gôchistes de mai 68. Il faudrait peut-être s’arrêter et réfléchir un peu.

Ainsi tout ce qui pouvait faire obstacle à une société purement consumériste a été sapé par une génération d’enfants gâtés,

Vous prétendez que la génération de 68 a été gâtée ? Prouvez-le ! Ce n’est pas vrai, mais comme c’est dans l’air du temps, on fait écho à cette rengaine : un des principaux mots d’ordre de mai 68 était justement le refus de la société de consommation. J’ose même formuler cette évidence que le changement des mentalités ne se fait pas en un jour ni même en une année, et il a fallu attendre encore bien longtemps avant qu’elles ne changent. Une génération, pour être plus précis.

  •  Les gens de mai 68 sont des gens qui ont en gros entre 55 et 70 ans. Ils sont plus que parents, grands-parents. C’est donc la 2° génération après 1968 qui pose problème et non les enfants nés de 1968 à 1980. Curieusement, c’est aussi la 2e génération d’immigrés qui pose problème en ce moment.
  • On a adopté une "Charte des Droits de l’Enfant", qui peut mener en garde à vue, puis en prison, un enseignant, un parent ayant eu un "mouvement d’humeur". Il est regrettable que, dans ce joli texte, personne n’ait pas cru de définir les obligations des enfants. Aucun adulte actuellement ne peut concevoir une société dans laquelle seuls les droits prévaudraient, sans aucune contrepartie. C’est pourtant ce qu’on fait croire aux enfants et ce qu’on impose aux enseignants.
  •  Les parents sont souvent bien trop présents à l’école. Globalement, le niveau d’instruction en France à quand même progressé depuis 68, malgré ce que vous prétendez. Certains parents en arrivent même à vouloir se mêler un peu trop d’éducation (surtout hors de leur domicile), et ne conçoivent pas que l’enseignant puisse avoir un avis différent du leur en la matière, ou même qu’il lui est impossible de mener une éducation "individualisée." Le constat est simple : c’est souvent le "clash" entre parents et enseignants, et la multiplication des "incivilités" à l’égard des derniers. Je pense même que la perte d’autorité des enseignants se fait au domicile des enfants qui entendent systématiquement leurs parents dénigrer les enseignants. Conclusion : dehors les parents. A chacun son métier et... 

Enfin, je trouve dans votre commentaire une contradiction flagrante : 

et la destruction de la transmission du savoir comme un moyen de pérenniser une société bourgeoise qui est à l’origine de la situation actuelle. 

Si je ne m’abuse, vous êtes partisan de la transmission du savoir (moi aussi, je vous rassure tout de suite.) Mais comment peut-on préconiser cette voie, tout en vantant les vertus de la "tête bien faite plutôt que bien pleine" :

elle (l’école) privilégie bien trop la tête bien pleine que la tête bien faîte pour plagier un célèbre phiosophe.

Vous n’y êtes pas du tout ou alors, votre souhait est réalité depuis longtemps déjà : depuis l’arrivée dans le primaire des "professeurs des écoles" et les réformes des années 90-2000, le savoir n’est rien. L’élève n’est plus à l’école pour apprendre, sous la férule du maître. Il est à l’école pour "s’approprier des compétences." Donc, ça demande beaucoup de temps, et comme tous ces chers bambins ne comprennent pas tous avec la même rapidité, on s’arrête de produire l’effort pour que tout le "peloton" réussisse à suive. Les connaissances, on verra plus tard. Ou jamais.

Oui, il faut sans doute que l’école se réforme, mais je crains que vous ne vous soyez trompé de sens : la réintroduction d’une certaine portion de la "tête bien pleine" est à mon sens souhaitable, l’école ne privilégiant justement que la "tête bien faite", mais malheureusement vide. Apprendre une poésie n’a jamais tué personne. Une table de multiplication pas davantage. Et le goût de l’effort y trouve son compte. 

Pour terminer, je vous rassure : je suis, moi aussi issu d’une famille plus que modeste, et le seul moyen de m’en sortir était aussi à l’école. Ça vaut n’importe quelle autre motivation. 


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