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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Plaidoyer pour l'enseignement non tardif de la philosophie critique


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 16 mai 2008 10:03

La barrière de la langue chez des francophones, n’est en aucun cas insurmontable pour qui cherche à la rendre poreuse en faisant de l’écoute de la parole et des inexactitudes de vocabulaire et de raisonnement (pour un philosophe, toutes aussi nombreuses chez ceux dont on dit qu’ils maîtrisent le français, disons, académique) la matière même même de son enseignement et de la réflexion.

Mais il est une condition : celle d’apprendre aux élèves le goût de l’argumentation et de la discussion rigoureuse , or celui-ci entre en conflit aigu avec un autre usage plaisant, voir jouissif, de la langue tout aussi répandu dans tous milieux sociaux , celui de la spontanéité rhétorique auto-valorisante vis-à-vis de ses semblables en pratiques linguistiques. Cet obstacle est celui de l’opinion identitificatrice. Il est tout aussi considérable dans les élites que chez les moins socialement considérés (par les autres).

Derrière les prétendues barrières (et elles sont multiples) de la langue ou plutôt des ses usages (tout aussi nombreux) il faut toujours chercher l’idéologie de la distinction et de la clôture sociale (et qui joue à tous les niveaux) qui les soutiennent...Sur ce point je suis (toujours) en accord avec Bourdieu.

J’ai moi-même enseigné le français en 6ème et en 3ème (ex classes pratiques) dans le but explicite vis-à-vis de l’EN et des élèves d’ouvrir l’esprit de ces dernier à la réflexion critique sur l’usage qu’ils faisaient du français. Cela est difficile mais pas plus que l’exigence de respecter l’usage de la langue (et non pas "la langue" qui reste du français) de ceux à qui on s’adresse et qui n’en font pas le même que moi. Non pas pour détruire celui-ci mais pour le rendre plus efficace dans le but de convaincre et surtout de se convaincre (ce qui exige de s’interroger et de discuter avec soi-même) d’une manière plus raisonnée, ce qui s’appelle sortir de la seule opinion toute faite. Cela est déjà apprendre à philosopher, c’est à dire à penser par soi-même.

 

 


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