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Commentaire de Forest Ent

sur Il faut sauver le fret ferroviaire


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Forest Ent Forest Ent 3 octobre 2006 23:13

L’erreur fondamentale de l’UE sur le dossier ferroviaire a été comme souvent idéologique (être libéral ne devrait pourtant pas empêcher d’être pragmatique). Elle a consisté à penser que le déclin du rail provenait uniquement de causes internes. Elle a donc mis en place un mécanisme de libéralisation censé redynamiser l’activité par l’introduction de la concurrence. J’ai l’impression qu’au moins la moitié des lecteurs d’agoravox aurait fait la même analyse. Seulement il s’agit, pour ne pas dire d’un parti pris, disons d’une simple hypothèse de travail. Normalement, il aurait fallu commencer par analyser le marché, poser un diagnostic, et ensuite en tirer des conclusions.

Or cette hypothèse est fausse. Le rail, même en tant que monopole d’état, était déjà en concurrence intermodale avec selon les cas les avions et les camions, et cette concurrence est naturellement faussée. En effet, les états tiennent entre leurs mains, quoiqu’il arrive, tous les leviers de cette concurrence : tarification des infrastructures, coût de l’énergie, coût de la main d’oeuvre, réglementation de la sécurité.

Dès lors, posons le problème autrement : pourquoi faudrait-il que le rail transporte des marchandises ? Si par exemple c’est pour consommer moins de pétrole, alors il faut se poser la question suivante : le prix du pétrole en représente t il bien tous les inconvénients (y compris les carburants « spéciaux » pour avions et camions) ?

Si la réponse est non, alors la politique de transport annoncée ne se traduit pas en actes concrets. La répartition intemodale ne serait pas celle que l’on aurait paraît-il souhaité, mais ce n’est pas une surprise. Seulement si la réponse est oui peut-on juger de l’efficacité relative des modes de transport. Pareil pour tous les autres leviers.

Mais si l’on constate que le pétrole sous-taxe les externalités, on peut se demander pourquoi. Et remarquer qu’en face des syndicats cheminots, on a :
- des routiers,
- des fabricants de camions (comme Renault),
- des constructeurs de routes (dont le premier mondial est Bouygues),
- des compagnies pétrolières (qui n’ont, c’est bien connu, aucun pouvoir de lobbying).

Les syndicats de cheminots sont peut-être suicidaires, passéistes et corporatistes. Mais que dire des syndicats de routiers qui flinguent à moyen terme à la fois leurs emplois et leurs salaires ?

Et c’est bien de prendre l’Allemagne et la Suisse en exemples, mais dans ces deux pays le trafic poids-lourds est taxé y compris en dehors des autoroutes.

Quoiqu’en pensent les ultra-libéraux ici, une politique de transport implique au départ des choix explicites de l’état.


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