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Commentaire de zazou

sur Recruter des enseignants au niveau master : quelques avantages, de multiples incertitudes


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zazou 27 juin 2008 23:28

Titmany :

N’as-tu pas l’impression de vivre dans un monde un peu manichéen ?

Lorsque tu demandes si une licence est vraiment nécessaire pour enseigner les formes géométriques en maternelle,tu t’octroies des compétences que tu n’as visiblement pas, et tu illustres à merveille le problème actuel : comme la plupart des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe depuis leurs premières dents, tu t’imagines que les savoirs à maîtriser pour enseigner aux élèves excèdent peu ceux qu’ont les élèves eux-mêmes  : ainsi des adultes à la limite de la déficience pourraient enseigner en maternelle ou aux classes spécialisées, les professeurs de collèges seraient plus savants que ceux du primaire, et ceux de l’université seraient nécessairement les plus méritants de tous.

Il me semble que les enseignements fournis dans les petites classes méritent une analyse un peu moins simpliste . Pour commencer ije trouve que la "valeur ajoutée" apportée par les enseignements primaires est nettement supérieure à celle des enseignements universitaires pour un élève donné, —n’en déplaise aux enseignants des classes supérieurs qui sont systématiquements interrogés sur les questions éducatives ces temps-ci sans jamais réaliser que l’univers scolaire des 3-17 ans leur est parfois radicalement étranger—)

1 - les premières années ne sont-elles pas celles qui donnent aux citoyens les connaissances sans lesquelles ils ne pourront pas participer à la vie économique, sociale ? Comme notre classe politique ne se prive pas de le rappeler, l’absence des connaissances de base est un désastre économique et social à court et long terme. Un étudiant dont la thèse sur les tissus médiévaux ne serait pas agréée, par exemple , serait-il, lui, amputé de connaissances essentielles pour sa survie économique et celle de sa descendance ?

2 - enfin du point de vue de la pédagogie elle-même, je trouve le mérite des enseignants des premières années de scolarité remarquable. Parvenir à donner le goût des apprentissages à des élèves de milieux hétérogènes, qui ne sont là parfois que par obligation, et qui peuvent présenter des handicaps culturels ou mentaux majeurs, est un défi qui mérite une culture très large, pour pouvoir varier les approches dans toutes les matières (les enseignants de maternelle sont loin de s’en tenir à la reconnaissance du cercle, du triangle et du carré). Le professeur agrégé a certes "agrégé" des connaissances approfondies, mais pour avoir moi-même parcouru tout le parcours universitaire dans plusieurs matières, je reste perplexe par rapport aux compétences pédagogiques mises en oeuvre (elles ne sont d’ailleurs pas évaluées jusqu’ici...).

Tout ceci m’amène à douter que l’on puisse laisser se dégrader éternellement le statut des professeurs d’école qu’il s’agisse de la paie ou du statut. Par exemple précisons que dans ma ville, un professeur ayant la responsabiité de 30 élèves est actuellement payé autant qu’un éboueur (feuilles de paie effectivement comparées ) Ainsi l’instit de mon fils a perdu 10% de pouvoir d’achat en 10 ans et à ce train là, elle aura intérêt à faire du toilettage pour chien en libéral bien avant sa retraite. Dans ce contexte, faut-il, comme l’auteur de l’article se réjouir de la précarisation du statut à travers la mise en place de CDD qui permettront de casser les revendications salariales, et éventuellement de jeter les enseignants usés par le métier ou malades ? Peut-on vraiment trouver des enseignants valables et motivés sans paie digne de ce nom ???


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