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Commentaire de Courouve

sur Charlie Hebdo et le retour de l'Inquisition


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Senatus populusque (Courouve) Courouve 30 juillet 2008 15:01

 Comme l’avait jadis exprimé Serge July :

« Interdire l’expression du racisme, c’est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement et la conspiration. Et à terme, pour plus d’attentats, plus de meurtres. » (1).

 C’est établir un flou sur la notion de racisme (confondu avec des considérations philosophiques ou sociologiques qui sont, elles, assez souvent fondées), encourir le risque de crier « au loup ! » à tort, et permettre tous les amalgames avec d’autres discours plus recevables. Dans les faits, l’interdiction de l’expression du racisme, ou de ce qui est supposé l’impliquer, ou l’encourager, ou le cautionner, ou en contenir des relents, ou faire son jeu, ou "réveiller les vieux démons", ou lui donner un gage, etc., limite depuis plusieurs années les débats sur l’immigration, sur les identités nationale et européenne, le terrorisme islamique et la délinquance éthnique, les incivilités, l’éducation et maintenant la nature de la religion islamique. Comme si critiquer une religion était la même chose que dénigrer une race, Michel Houellebecq fut poursuivi en correctionnelle à la suite d’une plainte de « représentants de la communauté musulmane en France » (AFP, 26 décembre 2001) pour avoir écrit :

« Je me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait d’un crétin, je ne trouvais pas d’autre mot. Et la religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré … effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire … ce qui peut excuser beaucoup de choses. […] L’islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. D’une part, parce que Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en rendre compte. À long terme, la vérité triomphe. D’autre part l’islam est miné de l’intérieur par le capitalisme. Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est qu’il triomphe rapidement. Le matérialisme est un moindre mal. Ses valeurs sont méprisables, mais quand même moins destructrices, moins cruelles que celles de l’islam. » (Lire, septembre 2001, pp. 31-32).

Dans son Dialogue avec Jacques Derrida, Élisabeth Roudinesco déclarait trouver

« très pervers que l’on se mobilise, au nom de la liberté d’expression, non seulement en faveur de [Robert] Faurisson par exemple, mais aussi en faveur de n’importe quel auteur antisémite "ordinaire", bon Français, bien protégé par le droit dans une société démocratique comme la nôtre, et sur lequel ne pèse aucun danger, sauf celui d’être critiqué par la presse ou par d’autres auteurs. ».

 La perversité est ailleurs, car si la censure est hiérarchique, donc politiquement antidémocratique (qui sera légitimement le censeur des autres citoyens ? question triviale depuis le satiriste latin Juvénal, mais qu’il faut toujours reprendre), ce n’est pas son principal défaut ; après tout, l’autorité, la police et l’éducation ne sont pas absolument démocratiques, car une société ne peut subsister sans un usage légitime de la force ni un minimum de hiérarchie. La culture, elle, est élitiste dans la mesure où elle fonctionne dans une hiérarchie dynamique de l’effort. Le plus grave est que la censure est un moyen majeur et privilégié des régimes totalitaires pour tenter d’obtenir le triomphe de leur idéologie sur la "connaissance ouverte".

Sylviane Agacinski-Jospin écrivait  : « La logique totalitaire n’a pas été seulement celle de la haine, mais aussi celle de la censure et des procès, de l’interdiction de penser, de la terreur intellectuelle. En dehors des cas explicitement prévus par la loi, on doit pouvoir parler et écrire librement. » (2).

1. Serge July, "La liberté d’expression des racistes", Libération, 24 novembre 1978.
2. Sylviane Agacinski, « Pour le droit de mal penser », Le Monde, 10 juin 2000.
 


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