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Commentaire de Benoît d’Humières

sur En France, bons en recherche mais faibles en commercialisation


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Benoît d’Humières (---.---.218.230) 13 octobre 2006 16:03

Je crois que vous avez tort d’incriminer des personnes de façon aussi générale.

Il y a dans cette profession la même proportion de professionnels compétents que d’incompétents que dans toute la population active française.

Un transfert de technologie, la vente ou la concession d’un brevet nécessite sont des actions difficiles et complexes qui nécessitent de très nombreuses compétences. Les chargés de valorisation sont à cheval sur une frontière multiple : secteur publics et privés, recherche et entreprise, droit administratif et droit privé, compétition internationale et aménagement du territoire.

Tout maîtriser est une gageure, c’est pour cela que je parle d’un manque de moyen. A l’évidence, un chargé de valorisation ne peut pas connaître en même temps toutes les disciplines de son établissement, être un fin négociateur, maîtriser les subtilités du droit et des règles administratives etc...

Pour vous donner un exemple réel, un responsable d’une structure de valorisation me rapportait qu’à sa prise de poste, il a contacté le centre des impôts pour savoir exactement comment déclarer les revenus de l’université issus de la valorisation de la recherche. L’inspecteur ne savait, et n’imaginait absolument pas qu’une université publique puisse exercer une activité rémunérée !!

Si l’on doit relever un manque, on peut le trouver dans la formation, même si la profession, à travers le réseau Curie, fait des efforts pour progresser. Mais quoiqu’il en soit, un chargé de valorisation ne peut maîtriser tous les aspects de son métier. D’où le besoin de constituer des équipes et donc de disposer de moyens suffisant. Or seules les plus grandes universités peuvent y parvenir, et encore pas facilement. Comment voulez-vous après négocier une concession de licence de brevet face à une multinationale bardée de juristes, et qui, c’est logique, cherche à défendre au mieux ses intérêts ?

Pour répondre à ces problèmes, certains établissements se regroupent dans des organismes comme Bretagne Valorisation ou Aquitaine Valo. C’est un progrès.

Mais alors où est le problème ? Déjà, trop peu d’établissements donne à la valorisation la place qu’elle doit tenir, AU MÊME NIVEAU que le progrès de la connaissance et la formation. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la Loi française, qui définit la mission de ces établissements. Trop peu d’organismes font de la valorisation un « projet d’établissement », entraîné par la Direction et impliquant tous le personnel à commencer par les chercheurs. Mais il y a beaucoup à dire, c’est en fait tout la filière de valorisation qui a besoin d’évoluer, pas seulement les établissements de recherche. Et ce qui me rend parfois impatient c’est de constater qu’il n’est pas nécessaire de révolutionner le système. Des changements sont nécessaires, bien sûr, mais les verrous les plus durs sont dans les têtes.


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