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Commentaire de Pierre R. Chantelois

sur Le Canada en crise - « C'est la faute aux séparatistes du Québec ! »


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Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 6 décembre 2008 04:41

OmegaDG


Tout incline à croire que Stephen Harper a été pris par surprise. Il se croyait au-dessus de tous les dangers, même avec un gouvernement minoritaire. Ses stratèges et lui ne pouvaient s’attendre à un coup de force de l’opposition, la croyant affaiblie. Il avait partiellement raison. Sauf qu’au point de départ, il se sentait suffisamment fort pour faire fi de toutes les préventions. Ce fut un coup d’état surprenant de la part de Harper. Il a tenté - dans un simple énoncé économique - de mettre en place les résolutions majeures de son congrès qui s’était déroulé à peine quelques semaines auparavant. La dernière année précédant le déclenchement des élections, Harper avait déjà laissé poindre son ultime arrogance en mettant au défi à maintes reprises l’opposition de défaire son gouvernement. Avec le déclenchement des élections et une opposition affaiblie, avant l’élection américaine, il a misé sur le fait qu’il pouvait décrocher une majorité parlementaire. Le Bloc québécois a fait la différence : au Québec les deux tiers de la députation appartiennent au Bloc québécois. Le Québec craignait par-dessus tout de lui donner un gouvernement majoritaire. Pour le parti libéral, les dernières élections ont été catastrophiques, enregistrant le pire score depuis un demi-siècle. Leur chef, Stéphane Dion, s’en est sorti profondément humilié et l’exigence d’une démission est rapidement venue des rangs de son parti.


Le seul plan qui a - je crois - gouverné Harper est celui d’imposer un agenda de droite. Harper a maintes fois tenté d’imposer ses mesures législatives qui ont été refusées par l’électorat canadien, notamment une plus grande sévérité des peines pour les délinquants et pour les jeunes contrevenants. Les syndicats canadiens sont furieux de son comportement des derniers jours : « Il a préféré confectionner de toute part une crise politique sans précédent pour assouvir une soif de vengeance envers les partis d’opposition à qui il a coupé les vivres en mettant fin au programme de subventions publiques, pour tenter de régner sans partage malgré sa minorité. Une soif de vengeance également envers les syndicats du Québec, qui ont appelé à battre le gouvernement Harper aux dernières élections. En gelant les salaires et en suspendant le droit de grève des fonctionnaires, en niant le droit des femmes de recourir aux tribunaux pour accéder à l’équité salariale, le gouvernement Harper est allé trop loin ».


Harper a toujours cru qu’il pouvait ignorer le Québec dans la mise en place de sa politique répressive à l’égard des jeunes contrevenants : sur les critiques que soulevait au Québec son plan face aux jeunes contrevenants, Harper les rejetait du revers de la main. Il se fiait au Canadien moyen plutôt qu’aux experts. « Il y a beaucoup de voix de monsieur et madame Tout-le-Monde, au Québec, qui savent que l’on doit avoir des politiques réalistes pour des situations graves, sérieuses, dangereuses, récidivistes ». Harper a plutôt mal digéré que le chef du Bloc québécois diabolise, lors de la dernière campagne électorale, ses mesures contre les jeunes contrevenants en déclarant : « L’éducation n’est pas une priorité pour Stephen Harper. Sa priorité, il nous l’a dit il y a quelque jours, c’est d’envoyer des enfants de 14 ans en prison ». Plus tard, le chef du Bloc québécois avait frappé fort en clamant tout haut : « C’est la façon républicaine, comme aux États-Unis : plus de gens dans les prisons, plus d’armes en circulation. Je ne veux pas vivre dans cette société-là  ». Monsieur Harper a persisté au cours de la campagne électorale : « Quand une personne s’engage dans la voie du meurtre, du viol, des combats, des tueries, rien de tout cela (l’environnement social) ne peut devenir une excuse ». La réforme proposée par le Parti conservateur était jugée contraire à la philosophie québécoise basée sur la réhabilitation plutôt que la répression. À l’exception du Québec, qui a enregistré une baisse de 4 %, la criminalité chez les jeunes a, en 2006, augmenté dans toutes les provinces. En 2003, le Québec avait pu se soustraire à l’obligation d’imposer une peine pour adulte aux jeunes de moins de 16 ans.


Stephen Harper fera tout pour imposer, malgré son statut minoritaire, un agenda de droite. S’il le faut, il déclenchera de nouvelles élections en février prochain, nonobstant le fait que la population canadienne rejette catégoriquement cette hypothèse. Entre temps, dans l’Ouest du pays, comme l’indique Le Devoir, un internaute, félicitant la décision de la gouverneure générale de suspendre les travaux aux Communes sur le site du Calgary Herald, a d’ailleurs pressé le premier ministre Stephen Harper de tenir un « référendum » sur la légitimité du Bloc en tant que parti fédéral. Un point de vue partagé par bien d’autres, surtout dans les fiefs conservateurs. Ce clavardeur se dit même prêt désormais à voter pour « exclure » le Québec du Canada.

Pierre R.





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