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Commentaire de easy

sur Le tollé devient la principale force d'opposition


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easy easy 7 décembre 2008 18:32
 
Lapa,

les innombrables, insaisissables, indicibles et irréductibles discussions qui s’ensuivent d’un pavé dans la mare et d’un tollé ont des conséquences à la fois infimes et capitales (effet papillon)

Prenons le cas du Pascal de Gainsbourg.
Il jette un pavé, il s’ensuit un tollé
A la suite de ce tollé, 100 millions de personnes en parlent et des millions de points de vue sont exprimés en arrière boutique. Chaque individu voit là une occasion de parler de l’argent, de la fortune, de l’insolence, de la provocation, des impôts, et en parle. Il s’ensuit que ces questions ayant été remises à l’honneur et rediscutées, il y a en chacun, une réactualisation de son point de vue sur ces choses. On en aurait parlé sur AV, chacun aurait retiré de ses échanges avec les autres, un enrichissement, une perception à la fois de ce que peuvent en dore les autres et de ce qu’il peut en dire lui-même (car on ne sait ce qu’on peut penser des choses qu’après les avoir exposées proprement, par écrit si possible)
Le fait que chacun ait conscience que tout le monde a rebrassé ces sujets, que tout ce qui peut être dit de ces choses aura été dit, rassure chacun sur l’existence du débat démocratique (qui n’a pas forcément besoin d’être sanctionné par un vote) et sur le fait qu’il n’y a rien de plus grave qui puisse en être dit.

Brûler un Pascal, transgresser un tel tabou, avant le tollé et les débats qui s’en sont suivi, aurait pu donner à penser à certains que c’était un geste fou, conduisant à la fin du Monde, traduisant l’apocalypse.

En fait, après que ce forfait, après tous les Oh et les Ah, chacun a découvert que bof..pas plus que ça ..rien de bien grave au fond, même pas une seule goutte de sang versé.

Ces explorations de nos limites (tabous) est essentielle

Nous allons au théâtre, au cinéma, pour voir des tabous exploser, pour vivre les catharsis qu’ils provoquent et pour rentrer chez nous, rassurés que notre collectivité ait pu en supporter le choc et la honte.

Lorsque nous voyons que Woody Allen peut coucher avec sa fille ou quasi fille sans être immédiatement foudroyé, ça choque certainement beaucoup d’entre nous. Mais une fois les débats passés et entendus, ça nous rassure de voir que le Monde continue de tourner comme avant ; qu’on ne se retrouve pas pour autant cul par dessus tête.

Ce phénomène est en train de s’accomplir au sujet de l’énorme pavé des subprimes etc.
Primo il y a eu ces pavés, ensuite les tollés, ensuite des milliards de débats. La collectivité mondiale a dit tout ce qu’elle a pu en dire et ...bof, nous sommes toujours en vie. 
C’est pour nous rassurer que nous nous sommes tous précipités les uns vers les autres, remettant mille fois le sujet sur la table. C’était pour pour nous entendre, pour écouter tout ce qu’il est possible d’en dire et cela sans jamais négliger d’écouter les plus alarmistes d’entre nous, précisément.

Et là-dedans, la bestoffisation en fin d’année du geste de Serge Gainsbourg atteste qu’a posteriori, on peut en rire, on y aura survécu sans le moindre bobo.
A titre individuel, il peut y avoir de la casse à opérer des transgressions (parfois très grosse casse dans le cas des génocides) mais la collectivité a finalement survécu à tout, absolument tout, bombe A comprise.
Les individus souffrent, parfois énormément, mais l’humanité survit toujours. Il est donc possible d’entrevoir, de supposer que les drames individuels, les pavés, les scandales, les horreurs soient indispensables à la sérénité et à la pérennité de la masse totale.
Puisse ce nouveau pavé être discuté et aboutir lui aussi à un apaisement

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