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Commentaire de jc74

sur « Oui, nous avons été visités »


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jc74 21 février 2009 22:20

Une nouvelle de Isaac Asimov sur le sujet :


Pauvres imbéciles
(titre original : Silly Asses, 1958)



Naron, qui appartenait à la race rigellienne à longue vie, était le quatrième de sa lignée à tenir les dossiers galactiques.

Il avait le grand livre qui contenait la liste des nombreuses races qui, dans toutes les galaxies, possédaient une intelligence, et le livre bien plus petit où étaient inscrits les noms des races qui avaient atteint la maturité et s’étaient qualifiées pour la Fédération galactique. Dans le premier livre, un certain nombre de celles qui étaient enregistrées étaient barrées ; celles qui, pour une raison ou une autre, avaient échoué. Le malheur, les imperfections biochimiques et biophysiques, l’inadaptation sociale avaient prélevé leur droit de passage. Dans le petit livre, pourtant, aucun membre enregistré n’avait été jusqu’à présent barré.

Et maintenant, Naron, grand et incroyablement âgé, levait la tête, alors qu’approchait un messager.


- Naron, dit le messager. Grand Naron !


- Bon, bon, que se passe-t-il ? Pas tant de cérémonies.


- Un nouveau groupe d’organismes a atteint la maturité.


- Excellent, excellent. Ils évoluent rapidement maintenant. Il ne se passe guère d’années sans qu’il y en ait un nouveau. Et qui sont ceux-là ?

Le messager donna le numéro de code de la galaxie et les coordonnées du monde en son sein.


- Ah ! Oui, dit Naron. Je connaît ce monde.

Et d’une écriture élégante, il le nota dans le premier livre et transféra son nom dans le second, se servant, comme d’habitude, du nom sous lequel la planète était connue de la plus grande fraction de la population. Il écrivit : Terre.


- Ces nouvelles créatures, dit-il, ont établi un record. Aucun autre groupe n’est passé si rapidement de l’intelligence à la maturité. Pas d’erreur, j’espère.


- Non, monsieur, dit le messager.


- Ils possèdent bien la puissance thermonucléaire, n’est-ce pas ?


- Oui, monsieur.


- Bon, c’est le critère, gloussa Naron. Et bientôt leurs vaisseaux partiront en expédition et contacteront la Fédération.


- Actuellement, Grand Naron, dit le messager , les observateurs nous disent qu’ils n’ont pas encore pénétré dans l’espace.

Naron était stupéfait.


- Pas du tout ? Pas même une station spatiale ?


- Pas encore, monsieur.


- Mais s’ils possèdent la puissance thermonucléaire, où donc font-ils leurs expériences et leurs explosions ?


- Sur leur propre planète, monsieur.

Naron se leva et, du haut de ses six mètres, il tonna :


- Sur leur propre planète.


- Oui, monsieur.

Naron sortit lentement son stylo et fit un trait sur la dernière adjonction dans le petit livre. C’était un acte sans précédent, mais Naron était très sage et pouvait voir l’inévitable tout aussi bien que n’importe qui dans la galaxie.


- Pauvres imbéciles, murmura-t-il.



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