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Commentaire de Nick Carraway

sur Gauche caviar et droite œufs de lump


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Nick Carraway Nick Carraway 3 mars 2009 09:14

"Est-ce que c’est ce que les Français attendent de leur président ? NON ! On ne veut pas que notre président soit comme nous ! On veut qu’il soit au-dessus de nous ! On le veut brillant intellectuellement, on veut le plus intelligent car c’est lui qui a la lourde tâche de diriger notre pays. Donc si, en s’entourant des guignols en question, Nicolas Sarkozy a voulu faire "populaire" il a tout faux ! D’autant plus qu’après son élection il a prouvé le contraire : Fouquet’s, yachts, jets privés....... "

>> Un président au-dessus des citoyens ? Permettez-moi d’en douter. On peut avoir de très bons arguments sur la nécessité d’avoir un président qui guide et éclaire la Nation. Mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui les Français sont sensibles à un raffermissement du lien entre leurs dirigeants et eux. On attend des hommes politiques qu’ils se décoincent, qu’ils se lâchent, qu’ils quittent des cercles élitistes avec leurs codes culturels et langagiers. Ils l’ont compris depuis une petite dizaine d’années, qui n’hésitent plus à aller dans les talk-shows aux côtés d’invités (du show biz) dont la parole fonctionne sur des codes culturels moins élitistes.

Le modèle de la politique notabiliaire à la Mitterrand s’essouffle complètement. Aujourd’hui, la classe politique mondiale se rajeunit considérablement : Tony Blair a commencé en 97, depuis il y a eu Zapatero, Sarkozy, Obama... La tendance est à la rétrogradation d’une décennie. Les prochains dirigeants seront sans doutes élus dans leur quarantaine, parce qu’ils devront incarner un nouveau modèle : une politique moins technique (il y a une armada de fonctionnaires pour s’occuper des chiffres et des procédures, on l’oublie trop souvent), plus dynamique, plus en phase avec le nouveau modèle du jeune cadre dynamique qui tend à devenir la figure-type de la vie professionnelle.

En outre, la télévision et Internet devenant les médias de référence, lorsqu’on produit un discours sur soi, on l’adresse à la médiane des niveaux culturels, ce qui oblige à ne pas perdre un électorat parce qu’on est trop loin de lui. Quand Villepin Premier Ministre avoue devant les caméras de Canal + sa passion pour Artaud, c’est certes noble, mais qui connaît Artaud ? Quand Bayrou récite du Péguy sur France Inter, c’est beau, c’est brillant, mais qui connaît Péguy ? Nicolas Sarkozy a peut-être aussi été élu parce qu’il n’appartient pas à ces milieux culturels-là, et contrairement à ceux qui cherchent à apparaître proches des Français en avouant une fausse passion pour les cultures urbaines et jeunes, lui n’a pas eu besoin de mentir je pense.

Mais l’on en revient à un débat insoluble et oiseux : vaut-il mieux aimer Johnny ou Maria Callas ? Hiérarchiser les niveaux de cultures est une tendance permanente depuis la période moderne (ie : depuis le XVIe siècle), et je ne suis pas sûr que ça ait un véritable fondement.


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