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Commentaire de Vilain petit canard

sur Les enjeux du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite


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Vilain petit canard Vilain petit canard 20 mai 2009 15:40

Flo
Je crois que le fonctionnaire sert un peu trop facilement de bouc émissaire. On s’appuie sur le déplaisir qu’on a de payer des impôts, par exemple, on assimile dans le même grand sac tous les« fonctionnaires », pour conclure dans une grande généralisation « ils sont tous pareils, y font chier à nous pomper notre fric et à nous faire remplir des papiers ». Dans les années 50, Poujade (le Père Tutélaire de Nicoud et de Le Pen) avait même obtenu une quasi-majorité à la Chambre avec des âneries pareilles.

Mais les fonctionnaires, ce sont aussi les infirmières ou les pompiers, ah zut, ça ne marche plus, mais ce n’est pas grave, on continue à entasser tous les fonctionnaires sous la pancarte « profiteur ». C’est curieux d’ailleurs, on paie bien le boulanger pour avoir son pain, mais on ne conspue pas les boulangers en les traitant de « profiteurs ».

D’où l’intérêt de se demander à quoi sert l’Etat. Chez nous, de très nombreuses fonctions sociales sont assurées par l’Etat (l’Etat, ça rassure), alors que dans d’autre spays, elles sont assurées par le secteur privé. On compare donc des Etats qui ne se comparent pas, dont le périmètre n’est pas identique. Par exemple, avant leur scandaleux bradage, l’Etat investisait dans les autoroutes. Vous vous rendez compte des budgets et des emplois que ça impliquait ? Personne n’en parlait, et pourtant, c’était un rôle important de l’Etat socialement, économiquement, et qui était rentable !!! Maintenant qu’on a tout vendu à des Bouygues et consort, ça ne rapporte plus un rond, et les employés du BTP bossent pour un patron, plus pour l’Etat. On va découvrir dans deux-trois ans que ça ne fait pas le même effet.

En plus, plutôt en crever que de l’admettre, mais la plupart des Français rêvent d’être fonctionnaires, qui ont paraît-il un statut enviable : à l’abri des turbulences du marché du travail, progression régulière, et même un certain prestige. Encore que les avantages de la Fonction Publique aient beaucoup baissé depuis trente ans (voir le statut des « vacataires »), mais c’est comme pour l’armée, le prestige et l’attraction restent encore vivaces, quoique moins avouables entre amis au bistrot. Alors, et c’est humain, l’envie se nourrit de ces fameux « avantages » censés attribués à l’autre, et se retourne contre celui « qui en profite grassement à nos frais ». Un peu comme ces hommes un peu disgrâcieux, qui critiquent les belles femmes en les traitant de salopes et de connes.

D’ailleurs, les anti-fonctionnaires, demandez-leur ce dont ils rêvent pour leurs gosses, vous verrez, vous serez édifiés.

Et de plus l’ambiance budgétaire n’est pas favorable : avec un déficit important, on est tenté de réduire le budget de fonctionnement. Comme un mauvais financier fait avec une entreprise, on réduit l’apparente variable d’ajustement, qui est le personnel. Sans se demander comment faire avec ceux qui restent, ni ce que l’avenir peut réserver, ni les conséquences ultérieures. Comme d’habitude quand on ne réfléchit pas très longtemps, on préfère solutionner les problèmes de long terme par des décisions à court terme.


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