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Commentaire de argoul

sur L'adhésion de la Turquie : oui ou non ?


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argoul (---.---.18.97) 17 février 2006 12:29

Vous avez l’air sympa et vous présentez façon Science Po des arguments raisonnables. Cependant, l’identité n’est pas du ressort du raisonnable et il ne faut pas confondre les ordres, comme le disait Pascal, repris par Raymond Aron. L’Europe se cherche, son identité est floue. Donnons-lui d’abord une identité avant d’aller plus loin. Intégrer la Turquie maintenant, c’est renoncer à toute identité possible car adjoindre un pays qui n’a (certes) pas plus de 65 millions d’habitants aujourd’hui, mais qui en aura plus de 100 dans 20 ans. Il serait alors le premier pays « européen » en termes démographiques, avec les conséquences institutionnelles que l’on peut aisément concevoir. Compte-tenu des écarts de meoeurs évidents, c’est NON. Peut-être pas à terme, dans 2 générations, mais NON tout de suite. Il y a trop d’écarts démographiques, culturels, de manières et de moeurs pour accepter la Turquie dans l’Union aujourd’hui. Ce n’est nullement mépris de ma part, j’ai voyagé en Turquie, travaillé avec des financiers turcs, eu de bons amis durant mes études qui étaient Turcs. Rien à voir. Intégrer la Turquie, c’est donner la victoire à une certaine conception de l’Europe que je refuse : celle du seul libre marché, indépendant de toute affiliation culturelle, le rêve du libéralisme à l’américaine perroquetté par les Anglais. Ces 2 puissances anglo-saxonnes sont des « iles » ; elles ont une identité forte et donc tout le loisir de rester « entre soi » tout en côtoyant les autres. C’est l’esprit même du « communautarisme ». L’Europe continentale n’est pas dans le même cas ; une intégration signifierait une dilution d’identité, une emprise des moeurs musulmanes par capillarité, une censure de fait de la « liberté d’expression », une turquisation de l’Europe qu’on le veuille ou non. Kemal Ataturk était, certes, « occidental » lorsqu’il voulait réformer la Turquie, mais c’était à une époque où la France apparaissait comme la première puissance militaire du globe, après la 1ère guerre mondiale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, au contraire ! L’islamisme florissant contaminerait sans aucun doute nos expressions et nos institutions. Pas question. Rien à voir avec une quelconque idée platonicienne, encore une fois, mais avec les faits concrets de l’identité en devenir. L’Europe, comme chacun d’entre nous, doit se CHOISIR un destin (c’est toute la philosophie de l’histoire d’un Raymond Aron tout comme l’existentialisme d’un Sartre ; je ne crois pas que les suivants les aient dépassés en ce sens). Le « non-choix » que vous proposez est simplement de poursuivre les tendances, sous le prétexte sous-jacent que le mouvement seul est « bon ». Je ne suis pas d’accord. Une pause s’impose. Un temps de réflexion. D’approfondissement de soi. Une fois confortés, nous pourrons envisager de poursuivre vers ce « gouvernement mondial » par étapes qui est le rêve des siècles. Ici et maintenant, je dis NON à l’intégration de la Turquie dans l’UE.


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