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Commentaire de Daniel RIOT

sur Défaite de GW Bush lourde de conséquences


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Daniel RIOT Daniel RIOT 10 novembre 2006 16:52

La victoire des Démocrates contre BUSH : Quelques Leçons américaines pour l’Europe, si je peux me permettre... C’est « Le Temps », un journal suisse, qui l’affirme avec raison : « Les Etats-Unis ont des institutions démocratiques qui leur permettent de profonds changements d’orientation sans que soient remis en cause les fondements de leur vie en commun. La domination républicaine sur les deux chambres est terminée, comme l’avait été il y a douze ans celle des démocrates. Les électeurs ont sanctionné la politique présidentielle. Ils ont jugé leurs responsables. Et tout redevient normal. De nouveaux espoirs sont permis, dont la réalisation n’est certes jamais garantie ».

Bien vu. Les « anti-américains », si nombreux et si stupides en France, (ces « malades d’un infantilisme » de poussins qui se prennent pour des coqs, coincés entre des nostalgies d’un « paradis » hexagonal qui n’a jamais existé et des rêves d’un futur paradisiaque qui n’existera jamais) feraient bien d’y réfléchir.

Bush a perdu. Il le reconnaît. Il en tire quelques leçons, en lâchant quelques « fusibles », dont Rumsfeld. Et il continue sa « route ». Jusqu’à la prochaine échéance.

Sans esprit de « rupture », sans fantasme « vengeur » ou « révolutionnaire ». Sans tristesse cachée, mais sans démagogie affichée.

En sachant que sa « machine » en panne va affronter deux années de débats, d’enquêtes, de mises en cause, de remises en questions, de contestations qui vaudront la peine d’être suivies de (très) près...

La « jeune » Amérique affiche une maturité démocratique plus grande que la « vieille France ». Je parle de « vielle France « et non de « vieille Europe »... Car l’Europe dans son ensemble a aujourd’hui, en général, moins d’archaïsmes à combattre que les héritiers de De Gaulle et de Mitterrand.

Le « Temps » continue son éditorial, en pensant à la Suisse, comme je pense à la France : « Le système d’alternance, quand il est solidement ancré dans une Constitution, supporte une forte dose de conflits sans que ceux-ci viennent attaquer ni le sens ni le destin de la nation ».

Il poursuit : « Irak en moins bien sûr, la Suisse se pose des questions sur l’administration Blocher, sur son extrémisme, son refus permanent de négocier avec quiconque, sa façon très bushienne de s’adresser au peuple par-dessus les institutions et les règles, sa vision d’une Suisse déliée des obligations internationales auxquelles elle a souscrit, son nationalisme outrancier. Mais que peut-elle faire contre cela puisque, au nom de la concordance, elle a donné à l’UDC une place dans le gouvernement à l’égal de ceux qui pensent le contraire ? »

Grave question. « Le système de concordance est-il meilleur que le système d’alternance dès lors que l’extrémisme, au lieu de pouvoir être éjecté normalement quand il commence à apparaître comme insupportable, continue de diffuser ses thèmes en toute légitimité au sein d’une société qu’il divise et démoralise ? L’UDC croit, comme l’ont cru les néo-conservateurs américains, qu’elle peut conquérir des positions inexpugnables. Les « néocons », du fait de l’alternance, ont perdu. Christoph Blocher, du fait de la concordance, gagne, car les institutions suisses ne sont pas faites pour l’en empêcher ».

Cette question ne concerne pas que la Suisse. Elle se pose ailleurs, en Pologne, par exemple. Et elle peut se poser (elle se pose déjà) en France. Le sort des Présidentielles n’est en rien scellé. Avec des « extrêmes » de droite et de gauche qui gangrènent et la « droite » et la « gauche », par-dessus un « centre » qui a du mal à imposer ses valeurs, son ben sens et ses intelligences.

Quid des USA dans les deux ans qui viennent, avec une Maison Blanche (et tout ce qui va avec) aux mains des mêmes « néo-conservateurs » et un Congrès aux mains de « démocrates » qui comme le PS en France ont trop de leaders potentiels pour ne pas avoir de sérieux problèmes de « leadership » ?

Ils ne sont pas dans la situation d’une « cohabitation à la française »...Et ils ne sont en rien devant des vertiges « eistentiels ».

Ils sont dans une situation qui pourrait faire le jeu des intérêts européens si ces derniers étaient moins « archéo-cons » (conservateurs archaïques) donc plus unis et plus cohérents. Si l’Europe politique avait été mise sur rails par ce projet de Traité constitutionnel que les Français et les Néerlandais, pour des raisons opposées, n’avaient pas refusé.

Bush a un « plan B » : celui des « pères de la nation américaine ». Respect et continuité, avec accommodements dictés parles réalités. Et, éventuellement, procédures judiciares... Les Européens n’en n’ont pas parce qu’ils tuent leurs « pères », au nom de nostalgies, de fantasmes, de rêveries, de mythes, d’illusions...

La faute à M.Chevènement, à M. Fabius, à M. Le Pen, à Mme PCF, à MM. « alter-européens » et à quelques autres... SOS FREUD ! On tue Monnet et Schuman ...pour mieux regretter De Gaulle, Jaurès, Blum, Mitterrand et d’autres.

Monnet, reviens : ils sont vraiment devenus FOUS. Plus que les Américains les plus déments.

Alternance, concordance, connivence ? C’est son soubassement culturel que les Européens n’ont pas su cultiver. C’est la solidité de ses bases culturelles qui permet à l’ « Amérique », cet estomac géant qui digère toutes les crises, de se sortir des pires impasses. Leçon d’Amérique ? Non. Leçons de « Démocratie ». Etre « démocrate », c’est d’abord savoir voir et savoir croire en des valeurs qui nous dépassent même quand elles sont trahies. « L’après Bush » commence sous Bush. Cela n’efface en rien ses erreurs et ses fautes (irakiennes et autres).

Mais cela confirme la force de ce que Tocqueville avait bien déceler et décrypter. Le « rêve américain » est d’abord un acte de confiance ...en soi. Ce qui manque le plus, aujourd’hui, aux Européens, ou à la plupart d’entre eux. Cette confiance que, malgré ce qu’en dit Chevènement, Monnet (comme Schuman) avait. Cette confiance qui suppose la meilleure des vertus politiques : la volonté (qui n’est pas à confondre avec ce « volontarisme » que Jean-Louis Bourlanges qualifie justement comme « de la gymnastique en chambre ») Pardon d’avoir été aussi long. mais l’événement est d’importance.


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