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Commentaire de Ecométa

sur John Michael Greer : l'anti-prophète de la décroissance


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Ecométa Ecométa 3 août 2009 12:29

Je considère l’humain comme important, non pas l’individu humain de manière spécifique, mais l’« Humanité » et le « principe d’humanité » qui a été défini par des humains d’un autre temps, des « sages », il y a déjà plus de deux millénaires. Un principe d’Humanité qui répond au concept philosophique et métaphysique d’ontologie (le pourquoi), de déontologie (le comment), d’éthique ( ne pas faire à l’autre ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse)  et d’altruisme ( le goût des autres car sans les autres nous n’existons pas) ! Pour autant je ne place pas l’humain au centre des choses car nous appartenons à la totalité et non l’inverse ; nous sommes des locataires de cette terre, seulement de passage, et, de ce fait, si nous avons des droits, ils sont forcément limités, forcément limités comme locataires ; et si nous avons des droits, nous avons également des obligations : celui de rendre l’objet de la location dans l’état...voire même en meilleur état ! De ce point de vue nous sommes malheureusement assez mal barré, bien sûr en ce qui concerne la nature, celle de cette pauvre terre pourtant si riche à l’origine ; mais également en ce qui concerne la nature humaine, qui de plus en plus est niée : rationalisme technoscientiste oblige !

Nos sens, soi-disant, nous trompent, et c’est la raison pour laquelle il nous faut, rationalisme oblige, mourir au sensible ; autant dire : mourir à l’humain ! Albert Einstein disait qu’il existe deux infinis, celui de l’univers et celui de la bêtise humaine ; encore que pour l’univers, ajoutait-il, la chose ne soit pas certaine… certes, qu’il faille rationaliser l’action ne fait aucun doute, mais que cette rationalisation ignore l’humain, ignore la réalité humaine avec ses défauts, ses qualités intrinsèques, ses besoins de toute nature, physique, métaphysique ; une telle rationalité, plus exactement, un tel rationalisme relève sans aucun doute de cette bêtise humaine infini évoquée par Albert Einstein !

Rationalisme n’est plus rationalité mais paroxysme de rationalité ; nous avons tout de même là un sérieux problème, et qu’il faudra bien un jour poser et résoudre : pourquoi l’humain ne s’aime-t-il pas ? C’est un fait certain, l’humain ne s’aime pas puisque la majeure partie de son savoir est construite en totale négation de sa propre nature !

Sorti de l’animalité, devenu Australopithèque, puis Homo Habilis, Homo Erectus, Homo Sapiens et en fin Homo Sapiens-sapiens, au fur et à mesure de sa prise de conscience en tant qu’« Humain », de sa prise de conscience de la temporalité humaine, l’humain s’est interroger et avec une certaine inquiétude : quoi de plus normal ? Cependant, cette inquiétude, cette crainte instaurée notamment par la religion, ceci au fur et à mesure de l’évolution, de l’apparition du savoir, de sa démocratisation : cette crainte et cette crédulité auraient dû disparaître pour laisser place à la peur de lui-même, d’une prise de conscience de sa capacité de nuisance par son savoir !

Vous dites : « Mais l’homme n’est pas Dieu », et vous ajoutez entre parenthèse « s’il existe » !  »

Il n’y a ni dieu, ni diable, qui ne sont que pures inventions humaines, des faux semblants, de faux prétextes, des boucs émissaires pour dédouaner certains et culpabiliser les autres ; il n’y a en fait que le bon et le mauvais génie humain ! A l’évidence l’homme à un besoin viscéral de croire : mais pourquoi croire dans un « Etre supérieur » dit « parfait » par certains ? Pourquoi sinon pour s’y soumettre en le craignant !

Au départ, la religion, de la part de certains, partait certainement de très bonnes intentions, ceci afin de structurer, de souder sociétalement ; le problème c’est que certains ont rapidement compris l‘avantage particulier qu’il pouvait tiré d’une telle crédulité, et ils n’ont pas hésité à en abuser en culpabilisant l’humain au lieu de le valoriser. Le principe, culpabiliser certain, faire des sujets culpabilisés et des maîtres culpabilisants, diviser pour régner est vieux comme le monde des humains ; la politique ayant repris les méthodes de la religion, ... ce principe dure encore de nos jours !

L’homme à le « libre arbitre », et, de ce point de vue, il est créateur et maître de son univers : comme un Dieu ! Un Dieu, être parfait, ce qu’il n’est assurément pas cet humain ; il est tout sauf parfait, ce qui est très bien car la perfection est ennuyeuse, elle serait même le signe de la fin, celui de l’involution dans un monde en évolution permanente : dans un tel monde la perfection n’existe pas !  Avec le temps, de plus en plus éloigné de son origine animale, ayant de plus en plus conscience de la réalités, des réalités, d’une réalité combien complexe, son évolution vers normalement plus d’humanité, tout ceci, toute son histoire, aurait dû le rendre un peu plus sage cet humain : un peu plus modeste dans son savoir. Mais voilà, niant la nature, et les états de nature, dont la nature humaine : il est hélas de plus en plus arrogant cet humain !

Plotin (205-270 ap J.- C.) disait que le temps, le temps humain, est dialectique ! Autrement dit, que la temporalité humaine, le fait d’avoir conscience de son passé, de son présent et d’un avenir possible à organiser humainement ; la temporalité humaine participe de l’intelligence humaine ! Hélas de plus en plus nous nions cette temporalité humaine et cette intelligence humaine que nous remplaçons par le temps de la technoscience et par l’intelligence artificielle. Comment une intelligence peut-elle être artificielle ? L’intelligence est naturelle... elle est dans la Nature... autrement nous autres les humains, êtres de nature, nous n’en disposerions pas ! Il ne s’agit pas à proprement parler d’intelligence, ou alors d’intelligence humaine, plus précisément d’ingénierie mécaniste humaine : simplement d’ingénierie mécaniste et non d’intelligence au sens complexe du terme ! Nous nions le passé, nous nions notre histoire, même de plus en plus nous ne raisonnons qu’en termes de prospective, qu’en termes d’avenir, au point de nier le présent : comment dans de telles conditions de négation de la réalité, celle du temps présent, entendons-nous précisément comprendre son présent ! Il y a là comme une impossibilité : comment comprendre un présent qui ne se justifie plus que par l’avenir ?

Au lieu de croire en Dieu, et en diable, l’être humain serait certainement mieux inspiré de croire en lui : en sa capacité à s’améliorer humainement parlant et pas exclusivement technoscientifiquement parlant ! A peine sorti de l’animalité, l’homo sapiens-sapiens, encore loin d’avoir tout découvert sur lui-même, voire totalement ignorant de lui-même, de ses capacités cognitives, au titre de la compréhension de la réalité, de sa réalité, et non d’un esprit essentiellement dichotomique et manipulateur ; englué qu’il est dans son « rationalisme classique cartésien » : cet homo sapiens-sapiens entend faire de l’humain un « surhomme », bardé de biotechnologie, un cyber-humain bourré d’électronique ! Dans quel but ? Pour mieux le comprendre ? Non, rationalisme et utilitarisme économico technoscientiste oblige : pour simplement mieux l’utiliser !

C’est une évidence, de plus en plus nous nions la temporalité humaine, nous nions la nature humaine, nous nions l’humain, l’humanité et les principes même de démocratie et d’humanité, et mêmes ceux de la République qui les rejoignent ! Le déclin de l’humain est lié à la négation du temps humain et à son remplacement par celui de la seule technoscience : il serait temps de calmer ce jeu débile !

Restons humains simplement humains, ave les pieds sur terre : ce serait déjà pas mal !


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