A propos du « string exsudant d’une putain de Hollywood » (de CLM).
Les fétiches ne concernent pas que les figures sacralisées de la
religion. D’autres demi-dieux s’imposent aux humains notamment à ceux
moins bien « positionnés » dans les divers rapports sociaux qui clivent
les sociétés capitalistes. Les fétiches, ce sont aussi les entitées
englobantes fétichisées comme la Nation, l’Entreprise, la Famille. Mais l’individu en perte de sens pris dans le
tourbillon de la marchandisation du monde peut s’ériger lui même en
icône. On connait la critique sévère d’Eric Fromm puis celle de
Christopher Lasch sur le narcissisme de notre époque. On ne saurait
cependant aller trop loin dans la vindicte. La stigmatisation doit
porter sur les processus d’en-haut non sur les individus eux-mêmes tout comme la
critique de la religion est libre mais le respect du aux croyants de
droit (sauf à incriminer des pratiques bien particulières).
CLM pointe à raison d’autres icônes survalorisées par définition : l’icône politique, l’icône du
spectacle, icône de la fortune… Sa liste n’est pas limitative. Son tord
me semble d’y incriminer la laïcité et la sécularisation au lieu de la
marchandisation du monde. Contre « la société comme un temple païen » il
rêve à bas bruit de rétablir un judéo-christianisme historique "marqué
par le désaveu de l’idolâtrie".
Ce faisant, il en vient à incriminer l’objet de rejet de tous les
intégristes du monde, à savoir le string. L’un des artifices les plus
excitants portés surtout par les femmes mais inventés par les hommes
pour les hommes. Mais ce n’est pas sur le mode féministe que la critique
est portée. D’autant que les féministes peuvent en porter ainsi
d’ailleurs que les altermondialistes masculins. En fait, ici, une fois
de plus, le string est rapportée à la putain comme ailleurs le voile
islamique à la bonne musulmane et le dévoilement à l’occidentale
dépravée. Toujours la même rengaine pudibonde. Au lieu de s’en prendre à
la publicité sexiste on attaque les personnes saines qui aiment la
séduction sans apprécier les insultes. Faut-il répéter qu’une
péripatéticienne, une prostituée, une putain donne son corps pour de
l’argent à des hommes. Que la prostitution n’est pas un métier comme les
autres. Que le proxénète est un exploiteur odieux et que le client porte
une grosse responsabilité dans la reproduction du système. Par ailleurs
les grandes religions se sont toutes accommodées peu ou prou de la
prostitution. Critiquer le système iconomaniaque doit porter sur ses
outrances mais s’accompagner du respect des adeptes des porteurs
d’icônes. Comme la critique de la religion doit s’accompagner du respect
des croyants à l’exception de certaines pratiques.
Christian Delarue