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Commentaire de Armelle Barguillet Hauteloire

sur Fedor Dostoïevski ou la fraternité universelle


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Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 18 août 2009 18:44

Il y a, en effet, intercalé dans le roman une composition que l’écrivain a nommée « Le Grand Inquisiteur ». Ivan imagine que le Christ revient parmi les hommes et qu’un Inquisiteur espagnol le juge et le condamne, sous le prétexte que les hommes sont trop faibles et trop mesquins pour vivre selon ses préceptes. Le Sauveur veut obtenir des hommes un amour librement consenti, mais pour le troupeau humain, il n’y a pas de fardeau plus grand que celui de la liberté. Le Grand Inquisiteur a « corrigé » l’oeuvre du Christ : à la foi dans la liberté et dans l’amour, il a substitué la puissance, le miracle et l’autorité, asservissant les rebelles et leur assurant, en compensation, une existence calme et exempte de privations. Si le Christ venait reprendre sa mission, le calme et la quiétude seraient rompus : c’est pourquoi il sera condamné comme hérétique. Le Christ ne répond pas au discours terrible et lucide de l’Inquisiteur, mais s’approche en silence du vieillard et l’embrasse sur ses lèvres exsangues de nonagénaire ; celui-ci, bouleversé, lui ouvre la porte de la prison.
Dans cette légende fabuleuse réside l’essence des Frères Karamazov : la démonstration de l’amour qu’elle sous-tend, de cet amour qui emplit le coeur du moine Zosime et celui de son discisple Aliocha, ce, dans une démonstration d’ordre mystique qui donne à ce grand roman sa tonalité exceptionnelle.


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