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Commentaire de Christian Delarue

sur Taxe carbone, opinion, bidouillage...


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Christian Delarue Christian Delarue 9 septembre 2009 20:14


L’énergie « verte » ou « propre » : chacun pour soi ou service public en réseau ?


Contrairement à ce qu’indique le titre qui veut souligner un point essentiel, la promotion de l’énergie propre ne fait pas l’économie de la fiscalité « verte » qui à notre avis doit aussi être « rouge » et de plus ne devrait pas être l’essentiel du projet « climat » contrairement à ce que défend Nicolas Hulot et d’autres dont l’auteur de ce texte.

La contribution climat-énergie dite taxe carbone de la commission Rocard prévue pour réduire la consommation d’énergie et la réduction de gaz à effet de serre n’est pas une réussite à ce jour. Sa mise oeuvre gouvernementale non plus. Les critiques ne cessent de tomber. Une d’entre elles a attiré notre attention, celle d’un ami co-fondateur d’ATTAC Guillaume DUVAL qui dans son article " Taxe carbone : il faut raison garder " (1) dit en substance que l’injustice sociale de cette taxe " ne doit pas retarder la montée en puissance d’une fiscalité environnementale en France ". Ce choix écologique anti-social est dur à entendre en période de crise économico-sociale.

Cette contribution présentent trop de défauts. J’en vois quatre . Le propos est sobre car non spécialiste de la question climatique et alors que déjà des auteurs avertis se sont prononcés. Par contre, peu à ce jour ont défendu un service public national de l’énergie propre (en lien avec une gestion publique mondiale de l’énergie comme bien commun de l’humanité).

1 - Cette contribution présente quatre grands défauts :

Elle élude la question écologique et la question sociale et enjambe allègrement la question démocratique.

* Sur le volet démocratique, à défaut de vote ou de consentement à l’impôt on apprend par sondage que deux français sur trois contestent cette nouvelle taxe. On sent qu’une vague de « communication-culpabilisation » va monter en puissance dans les médias pour réexpliquer la nécessité d’un seul changement individuel de comportement pour limiter la dépense d’énergie fossile qui dispense des gazes à effet de serre qui sont à leur tour responsables du réchauffement climatique observé.

* Sur le plan écologique, elle exclue l’électricité . Il est certain que l’augmentation des prix du charbon, du fuel et du gaz va favoriser la consommation d’électricité. Mais l’électricité est exclue au motif du nucléaire soit disant « propre ». Elle a d’autres défauts annoncés, notamment son faible taux qui la rend aux yeux des spécialistes inefficace.

* Au plan social, elle exclue les entreprises polluantes mais pas les ménages qui n’ont pas choisi le mode de production qui impose un mode de consommation. De plus, elle ne va pas empêcher les riches de surconsommer. Par contre, ce sont les prolétaires qui vont devoir être vigilants et être « sobres ». Toujours la même rengaine de l’austérité pour ceux d’en-bas et de gabegie maintenue pour les très riches. La justice sociale est absente.

* Au plan fiscal, le choix de la neutralité empêche le financement public de l’énergie verte. Car la question est bien au-delà de la sobriété énergétique de réduire la production d’énergie « sale » pour développer celle dite « propre ». Une fois ce choix effectué se pose la question du mode de production de l’énergie « propre » : privé ou public ? Marchand ou non marchand ? En micro local ou en réseau national ?

2 - Pour une gestion publique mondiale et pour un service public national de l’énergie propre.

D’autres questions ne sont pas abordés telle le besoins de réformes de structure comme celle par exemple du logement " écologique " pour tous en lien avec l’instauration d’un grand service public national du logement.

L’énergie fossile représente 80 % de l’énergie produite. Il faut réduire son extraction mais de ce fait investir dans la production de l’énergie renouvelable. L’énergie doit devenir un bien public à gestion publique pour l’humanité. Car nul ne peut se dispenser d’énergie. Elle est vitale. L’énergie propre doit donc devenir un droit garanti aux humains de la planètes. La question sera posée en décembre au sommet de Copenhague.

Par ailleurs, l’énergie renouvelable dite « propre » ou « durable » va dans les prochains mois avoir le vent en poupe plus qu’auparavant si les gouvernements se mettent à taxer sur les énergies fossiles et seulement ces énergies-là. Dés lors, le besoin de production et distribution d’énergies propres va devenir impératif, urgent et de façon massive. Cette production comme cette distribution devra se faire sous appropriation publique et hors du marché pour que tous y ait accès.

Imaginons que chaque ménage soit à égalité financière par subventionnement public, ce qui n’est pas simple, peux-t-on penser sérieusement que chaque ménage va être en droit de planter une éolienne dans son jardin ! Cet individualisme est tentant. Il est à repousser de même qu’un localisme de quartier ou de ville. Pour contrer la logique marchande et privatiste (des transnationales) et pour promouvoir une certaine égalité d’accès, il n’y a guère que le service public national. Lui seul assure la péréquation tarifaire pour l’ensemble des usagers du territoire.

C D

Taxe carbone : il faut raison garder Guillaume DUVAL



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