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Commentaire de sisyphe

sur Michael Moore, une rage impuissante


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sisyphe sisyphe 26 novembre 2009 02:52

C’est inhérent à la nature humaine. Le plus grand nombre préfère être exploité – quitte à se répandre en jérémiades dans les bistrots - que de s’imposer les contraintes et responsabilités de la direction.

Pour faire le constat des irréversibles ravages du capitalisme, outre la situation catastrophique dans laquelle il a plongé le monde : 1,02 milliard d’humains qui souffrent de la faim, plus de 3 milliards qui survivent avec moins de 2 dollars par jour, la terre, l’eau, l’air, souillés, le vivant privatisé, 85% des richesses détenues par 5% d’humains, l’état de guerre permanente aux quatre coins du globe, l’éradication de la biodiversité, l’aggravation constante des inégalités, etc, etc....,

il suffit de lire les argumentations et réactions de ceux qui le défendent (tels, ici Marc Gelome, Pasou, et autres), pour être saisi d’un hallucinant vertige devant la dégénérescence morale, sociétale, philosophique, éthique, intellectuelle, on peut même dire ontologique qu’il a engendré.

La réflexion a cédé la place aux réflexes, le cortex cervical au rhinencéphale, la culture et la civilisation ont régressé au stade pré-historique ; l’homo sapiens sapiens est redevenu l’homo erectus ; les plus bas instincts sont devenus le mode normal de fonctionnement, l’exclusion, l’affrontement, le rejet, la négation de l’autre se sont subsitués à l’apprentissage de la vie en commun, le respect de soi et des autres a cédé devant les pulsions instinctives de lutte pour la survie ; toute l’histoire de la pensée est ravalée aux oubliettes de la consommation et du spectacle, la moindre dignité humaine reléguée dans les culs de basse fosse des intérêts individuels et de l’argent-roi, la solidarité et le sens de l’intérêt commun balayés au profit de l’égoïsme cynique et de la glorification de la valeur marchande, la perspective et l’aménagement du futur en satisfaction avide des désirs immédiats, la conception globale du monde en une vision fragmentée sur des milliers d’écrans TV émettant en simultané, comme à travers les yeux d’une mouche...

La décadence de ce système, qui n’a plus rien de civilisationnel est entérinée, et définitive.

Il ne tient plus que grâce à ses forces de coercition, d’oppression, de soumission.

Mais elles sont encore suffisantes pour maintenir le monde sous son joug sanglant.
Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?
Jusqu’à la salutaire révolte qui le balaiera dans les cauchemars révolus de l’humanité.

Alors, en attendant, la RAGE  ; oui, bien sûr, la RAGE ; comment, quand il subsiste un minimum d’humanité, y échapper ?

Impuissante ?
Peut-être ; effectivement, on peut être sasi d’un sentiment d’impuissance, devant l’inanité des efforts vers plus de justice, devant l’énormité des obstacles à surmonter, devant la gigantesque masse des montagnes à déplacer, devant l’immensité de la tâche.
Pourtant, chaque effort peut être une fissure, chaque action, s’additionnant à d’autres, le grain de sable qui pourra permettre, au bout du compte, d’enrayer le rouleau compresseur de la mort en marche.

Alors, vaincre ce sentiment d’impuissance, ne pas se résigner, entretenir toujours, partout, la flamme de cette révolte dont Camus disait qu’elle est la seule solution, la seule philosophie justifiant la condition humaine.
« Je me révolte, donc nous sommes »

Merci à Michael Moore de continuer ce combat, parmi d’autres ; il nous est nécessaire.

Hasta siempre


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