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Commentaire de Jacques Brodeur

sur Protéger les enfants contre les matériels qui nuisent à leur bien-être


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Jacques Brodeur Jacques Brodeur 29 novembre 2009 17:35

Réponse à Elquiorra
Je m’excuse de ne pas avoir pu répondre sur-le-champ aux objections exprimées sur ce site suite à l’article que j’y ai affiché il y a quelques jours à peine. Je suis sincèrement désolé du délai. Je tente habituellement de répondre le plus rapidement possible.

Pourquoi le nombre d’évènements du type Columbine n’augmente-t-il pas à la même vitesse que le nombre de joueurs et les ventes de jeux de meurtre ? Le retard dans les effets de la consommation serait peut-être attribuable à un processus que les chercheurs appellent « incubation ». Ce processus s’étalerait sur 15 ans. Au moment de l’éclosion à long terme, l’agressivité des joueurs peut prendre la forme d’abus verbaux ou d’agressions criminelles. Un chercheur japonais a mesuré le trafic électrique dans ces lobes lorsque des personnes jouent à ces jeux de meurtre et l’a comparé au trafic dans des mêmes lobes lorsque les mêmes personnes répondent à des problèmes de mathématique ou font de la lecture. http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=106

Aucune électricité dans les lobes frontaux avec les jeux, contrairement aux deux autres activités. Cette absence de stimulation avant l’âge de 20 ans pourrait entraîner le sous-développement de ces lobes ou même leur atrophie. L’atrophie des lobes frontaux, responsables du jugement moral, du contrôle des impulsions et siège de l’empathie/compassion les conduirait possiblement à poser des gestes ou à prononcer des paroles dont ils réalisent les conséquences après coup. L’impact pourrait même induire une absence totale de remords. D’où l’importance du principe de précaution dans la surconsommation des jeux vidéo de meurtre communément appelés FPS (First Person Shooter).

Les défenseurs des jeux vidéo de meurtre accusent d’ignorance ceux qui attirent l’attention du public sur les impacts négatifs possibles. C’est leur choix, leur parti-pris, leur vocabulaire, leur verdict. Je rappelle que mes sources sont doubles. D’abord les enfants qui me racontent les actes virtuels commis sur leur console de jeux et le dossier de l’Association des pédiatres des États-Unis qui, selon moi, doit prendre d’importantes précautions scientifiques avant de prendre position. Et le dossier de l’AAP vient d’être tout récemment d’être mis à jour en novembre 2009.

Ces mêmes défenseurs des jeux de meurtre accusent les esprits critiques comme l’AAP de mener une « croisade aveugle ». Mais comment faire un tel reproche à des organismes professionnel et des chercheurs scientifiques qui veulent simplement protéger les consommateurs, surtout ceux de moins de 18 ans ? Comment une industrie multimilliardaire peut-elle échapper à la curiosité de ceux qui consomment ses produits ? Pas tous ses produits, puisqu’on parle ici des jeux vidéo qui contribuent à désensibiliser les joueurs. Tous les joueurs sont-ils désensibilisés également, vont-ils tous commettre des meurtres ou des viols ? NON. Faut-il refuser de lire les mises en garde des pédiatres et des psychologues ? NON. En rejetant de telles mises en garde, on se conduit en aveugle. Et nous savons tous qu’il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Il existe donc des antidotes et des mécanismes de protection inconscients auxquels les joueurs font appel parfois sans s’en rendre compte. L’aller-retour fiction-réalité se fait plus difficilement lorsque la fréquence de consommation du jeu de meurtre augmente. La préférence pour la réalité augmente lorsque la vie sociale (y compris l’encadrement familial et scolaire) fournit au jeune consommateur des liens affectifs solides et des repères crédibles.

Les défenseurs de l’industrie croient atténuer les critiques en signalant l’existence de jeux vidéo éducatifs ou à dominance esthétique. Bravo pour ces jeux, mais cela ne change rien à la nocivité des jeux de meurtre et à leur impact sur la liaison neuronale entre les scénarios de violence emmagasinés dans la mémoire et le sentiment de plaisir, de satisfaction, de fierté resssenti en commettant ces actes. Un circuit neuronal/synaptique qui finit par ressembler à une autoroute pavée (un conditionnement) après qu’on y a circulé cent, mille, dix mille fois.

Les défenseurs de l’industrie aiment bien lapider les parents au passage. Tous des idiots ces parents ? Ce n’est pas mon avis. Je préconise simplement qu’on les informe des dommages possibles au cerveau de leur chérubin, même lorsque celui-ci invoque les arguments suprêmes  : « tous mes copains jouent à tuer et leurs parents n’y voient aucun mal. Maman, je ne deviendrai pas criminel, je te le jure. » Si renseigner les parents sur les impacts des jeux vidéo de meurtre m’attire des reproches, tant pis pour ceux qui les expriment.

Parents, ne vous laissez pas distraire par des arguments fallacieux. L’avis des pédiatres et des psychologues professionnels vous rendra la plus grand service dans votre mission.


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