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Commentaire de poetiste

sur Johnny Hallyday : une lecture politique


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poetiste poetiste 26 décembre 2009 09:43

Evènement (ou : l’art de distraire)

Voici le temps de Noël, le temps du foie gras après le gavage. Je parle du gavage médiatique. Le centre du monde est désormais à L.A Ce centre s’appelle Johnny Hallyday, c’est un chanteur à ce que l’on dit et proclame. Les canards, à l’heure du gavage, ne se font pas prier, c’est qu’il ont appris à consommer comme ça et ne sauraient faire autrement. On se demande si ce sont les médias gaveurs qui font le gavage ou si ce sont les gavés. Bref, les deux se renforcent en une croissance exponentielle pour gonfler l’évènement. Quand tout le monde aura l’estomac rempli, à la limite d’éclater, on pourra aller se coucher. Pauvre de moi, je n’aime pas le foot et je ne suis pas fan de Johnny, autrement dit, voilà bientôt cinquante ans que je me sens étranger dans le pays où je suis né. Je ne vénère pas le prophète Johnny, je ne suis pas de cette religion qui relie une grande majorité des Français, dixit les médias. J’ai entendu dire qu’il y avait eu quelques morts de froid à la rue, la température ayant chuté brutalement. Il fait bon être une l’idole de cette religion légère de la variété vanité pour être pris en charge et vivre plus longtemps. Et tous ces attachés de presse qui se pressent à L.A pour entendre deux ou trois mots, toujours les mêmes et les rapporter. Autant de voyages en avion, bravo l’écologie ! Ne sommes-nous pas tombés sur la tête ? Nos valeurs prioritaires sont-elles bien dans l’ordre ? Cette légèreté frise l’absurde. J’entends un chroniqueur sérieux de Canal Plus qui parle et justifie cette agitation stérile ; il serait donc atteint aussi, converti lui aussi à cette adoration d’un simple chanteur ? Je me réjouis que Johnny aille mieux mais j’ai bien peur qu’on apprenne encore des morts à la rue demain matin et qu’on ne dise pas tous ceux qui meurent dans notre douce, riche et égoïste France. Pour Noël : qu’est-ce qu’on mange ? Qu’est-ce qu’on va se foutre dans le cimetière à dindes ? Et que va-t-on absorber comme nourriture spirituelle qui pourrait nous rassasier moralement ? Il n’y a pas que les traders et les actionnaires qui font de l’argent avec les jeux d’argent, le virtuel trompeur est aussi des médias et de leurs consommateurs. Noël, c’est un avènement symbolique, pas un évènement. C’est aussi un temps pour regarder du côté de ceux qui tombent dans l’arène et ne pas baisser le pouce pour convaincre Marianne d’exiger la mise à mort. Il y a des indifférences mortelles et des résurrections heureuses. Pensons-y pour faire le meilleur cadeau qui soit, cadeau autant pour l’autre que pour soi-même : la solidarité. Je dis cela d’expérience : j’ai travaillé 6 ans auprès des sans domicile fixe. J’ai l’impudeur de le dire pour montrer que je ne prêche pas. C’était mon métier mais ça n’aurait pas dû être un métier si la solidarité avait eu lieu. Joyeux Noël aux hommes de bonne volonté.  
A.C


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