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Commentaire de René Job

sur Le problème du dollar


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René Job (---.---.132.43) 29 novembre 2006 18:09

Oui, bon article. ça nous change d’un certain Monsieur Sylvestre sur France Inter qui ne dit vraiment que des idioties en la matière. Chez lui, il n’y a que l’Europe et les États Unis. Il n’a pas encore découvert le reste du monde et son importance.

Je souligne ce fait car vous êtes la preuve qu’un rédacteur sur Agora Vox peut mieux faire qu’un journaliste vedette de France Inter et autre chaîne soi-disant « spécialiste ». Bravo encore.

Vous avez une vision globale du problème et c’est ce qu’il faut pour comprendre ce qui se passe.

Ce qui m’inquiète depuis un bon moment, c’est effectivement la position chinoise. Ils ont assaini leurs finances. Mais le pays est devenu l’usine de la planète. L’essor chinois se fait au détriment des tissus économiques de ses propres clients. Le pays en lui-même ne tient pas ses promesses. Il ne consomme pas suffisamment sa propre production. Pas plus qu’il n’absorbe les productions d’autres pays en quantité suffisantes (excepté l’aspirateur technologique). Comme il achète aux pays producteurs de matières premières non pas en payant mais sous la forme « d’aides au développement », ça ne fait pas d’eux de très bon clients pour le moment.

J’ai peur que la crise monétaire ne traduise tôt ou tard ces déséquilibres globaux.

Et je ne crois pas que faire de l’Euro, une des principales monnaies de réserve, va régler le problème. Car, ça aura pour effet immédiat d’accroître le prix de l’euro (donc de monter le taux d’intérêt directeur de la BCE) par la hausse de la demande et pour lutter contre l’effet inflationniste induit (mission principale de la BCE). Cela entraînera aussi, de facto, un frein aux investissements intra-européens, notamment dans la recherche et l’industrie. On verra donc, par simple réaction, les entreprises se délocalisaient de plus en plus vite vers des régions où les termes économiques leurs sont plus immédiatement profitables, accentuant alors la désolvabilisation de nos sociétés...et donc leur appauvrissement. Ce qui induira une défiance à l’égard de l’euro étant donné que les économies sous-jacentes seront complètement anémiées. Du coup, il faudra que la BCE raréfie encore plus la masse monétaire afin de poursuivre la politique engagée ou bien qu’elle renonce à lutter contre l’inflation (ce qui serait une première dans sa courte histoire - et l’aveu d’un échec magistral). Toutefois, la spirale ne peut pas durer indéfiniment.

In fine, soit les Chinois consommeront leur production (et nous seront définitivement dans les choux) et ils pourront assurer leur propre sécurité monétaire (de toute manière, ils contrôlent leurs outils de politique économique. Ils ne sont pas Friedmaniens) ; soit ils n’arriveront pas à absorber leur propre production de manière suffisante...et là on boira tous la tasse. Car je ne vois pas comment les USA vont régler leur dette énorme à l’égard des chinois en cas de crise majeure. Quant à nous autres, nous ne pouvons pas indéfiniment Et payer la puissance US et absorber la production chinoise.

Il va bien falloir qu’on se décide à pratiquer un protectionnisme sévère extra-européen. Ne serait-ce que pour garantir les équilibres monétaires mondiaux. Parce que là, on va droit vers une crise majeure et dévastatrice.

Et la méthode coué, je n’y crois pas. Le Brésil, l’Inde et la Chine sont incapables de réguler l’économie mondiale. Ces pays se développent en drainant littéralement les « valeurs » des pays développés. Les problèmes propres à chacun de ces trois ensembles-continents sont tels qu’à part délirer sur les perspectives des marchés à venir, je ne vois pas ce qu’à moyen terme, il y a à en attendre. Pour l’instant les USA assurent à eux seuls à-peu-près un quart de la croissance mondiale mais c’est à crédit. Les remises de dettes à des pays pauvres n’ont d’intérêt que si les dits pays deviennent des démocraties autrement il achètent des armes avec les possibilités de crédit renouvelées et détruisent leur populations et leurs pays rendant par le fait les ressources locales provisoirement inaccessibles.

Quant à Bush, il dépense des sommes pharaoniques dans sa gueguerre en Irak, qu’indirectement nous assumons. Ce n’est pas pour rien que des tentatives US de rachat se déroulent en ce moment pour acquérir les réseaux gestionnaires des places financières européennes. Il faut bien assurer l’avenir.

Pour ma part, je pense que Bush (et son cartel de financiers) a mis un bordel sans nom dans cette Région (Moyen Orient). Ce qui aura pour effet de renchérir le prix des énergies fossiles. Ils espéraient reconfigurer la Région. S’assurer des réserves régionales. Pomper à bon prix le pétrole. Ils se sont plantés.

Si on ajoute par-dessus tout cela les opérations dantesques des fonds de pensions...tout ça commence à devenir sérieusement dangereux. Et comme nous autres, les fortiches européens, ne contrôlons plus nos outils économiques (parce que ces comme ça qu’il faut faire, il paraît), je ne vois pas comment nos Etats vont faire face. Si on ajoute que nous sommes trop endettés...confiance=zéro. On comprend mieux pourquoi on doit se désendetter : il faut bien payer nos créanciers pour que tout ça dure encore, et puis notre risque global de faillite en Europe est bien réel...étant donné que les vrais garants, c’est nous.

Alors l’Euro Fort, des blagues.

Et dans quelques jours une hausse du taux directeur de la BCE...normal, non ?

Y fon koi nos politik ? Réponse : ça dépend, soit ils jouent la partie « perso » soit ils s’inventent des histoires à dormir debout du type : « y-en-a-des-qui-ont déstocké ! Ça explique la croissance zéro. » Oui. Le réveil va être difficile. Nous n’avons plus d’empire(s) mais nous payons toujours. Amusant.


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