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Commentaire de Fredon

sur Climat : Bilan 2009 et perspectives


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Fredon 7 janvier 2010 13:49

« Nous les sceptiques » : réponse à Jean-Michel Bélouve

 

Je fais partie de celles et ceux qui ont trouvé suspect le matraquage autour des certitudes énoncées par le GIEC sur le réchauffement climatique anthropique entraînant en France un courant incluant pratiquement toute la classe politique autour de cette pensée unique de « l’urgence à sauver la planète » sous peine de catastrophes irréversibles.

 

Et je me suis étonné de voir que « tous » les scientifiques étaient convoqués pour confirmer cette pseudo évidence sous peine d’apparaître comme de fieffés conservateurs voire des négationnistes pour ceux qui tentaient de faire entendre un autre son de cloche.

 

Là-dessus nous sommes d’accord, il y a convergence et je pourrais souscrire à une partie du constat que vous faites, notamment concernant les gesticulations de qui l’on sait converti à la nouvelle religion verte qui nous promet, moyennant quelques sacrifices dont seraient épargnés les plus gros pollueurs, de devenir les maîtres du climat.

 

Cependant, à y regarder de plus près, nous divergeons fortement sur l’analyse et sur les motivations politiques qui la sous-tendent. Rien d’étonnant.

 

Je crains que votre défense de l’Etat de droit et votre souci de l’égalité entre les citoyens, comme votre hostilité à toute mesure contraignante vis-à-vis des pollueurs historiques -qui découlent de l’appropriation privée des ressources de la planète depuis des siècles et du système de production, le capitalisme-, ne cachent votre volonté de faire durer le plaisir même s’il faut bien, au moins dans les mots, concéder quelques dispositions de nature à prendre en compte les problèmes d’environnement qui ont pris une dimension gravissime.

 

Pour dire cela, je m’appuie sur le fait que vous êtes un membre très actif d’un think tank célèbre, l’institut Hayek dont votre fils, Vincent Benard est le directeur. Ce qui est, bien entendu, tout à fait votre droit et n’a rien de choquant.

 

Comme il est du mien de considérer que ce groupe d’influence mondialement organisé ne professe pas des intentions que je qualifierais de progressistes, bien au contraire. Puisque, dans le prolongement du programme développé dans « la constitution de la liberté » de Friedrich von Hayek, édité en 1960, on y trouve un plaidoyer ardent pour les déréglementations, les privatisations, les réductions des aides au chômage, aux subventions pour le logement social, pas de contrôle des loyers, pas de sécurité sociale solidaire, pas de redistribution par la fiscalité…le moins d’Etat possible, juste pour veiller à la défense du droit sacré de propriété (celui d’exploiter surtout).

 

Je résume bien sûr mais je ne crois pas trahir la démarche d’ensemble qui a eu de prestigieux adeptes parmi les gouvernements ultra conservateurs des Etats-Unis, d’Angleterre, au Chili, en France et ailleurs. Pas moins de sept prix Nobel, dont Milton Friedman, Maurice Allais et Hayek lui-même. Tachtcher, Reegan entre autres s’en réclamaient. Chez nous Raymond Aron, Alain Madelin incarnent les valeurs issues des théories d’Adam Smith et sans cesse actualisées.

 

Il s’agit d’un courant de pensée largement influent depuis près d’un demi siècle avec lequel il est intéressant de se confronter aujourd’hui, compte tenu des expériences faites, de l’état du monde et de la planète, des causes de la plus grande crise économique et financière contemporaine qui a tout de même quelque rapport avec le mode de production dominant.

 

J’ajoute que le gouvernement de Sarkozy est très inspiré par cette doctrine, de toute évidence, mais il semble qu’il ne va pas encore assez vite et assez loin ?

 

Quand je lis, dans votre dernier commentaire qu’il s’agit « d’une stratégie qui consiste à démanteler l’industrie occidentale au profit de l’industrialisation du tiers-monde », pour déplorer le montant des aides revendiquées par les pays les plus pauvres qui ne leur seront d’ailleurs pas fournies, je me dis que « la haine de l’occident » (titre d’un livre de Jean Ziegler) n’est pas prête de s’atténuer.

 

Il ne s’agit pas d’ailleurs de démanteler l’industrie occidentale, il s’agit d’économiser les ressources, de prendre en considération l’environnement et pour cela, je le pense, de changer de mode de production pour produire propre, pour partager les ressources et les connaissances  en respectant le droit de tous les peuples au développement. Ce qui suppose notamment, la maîtrise publique du crédit, la définition des biens communs de l’humanité qui ne doivent pas entrer dans les rapports marchands. La dictature du tout marché a fait son temps et suffisamment de ravages.

 

Il faudra écorner le droit de propriété –sans tomber dans l’étatisme, encore moins dans le totalitarisme- beaucoup plus réglementer et contrôler les mouvements de capitaux, le crédit, faire entrer la démocratie dans les entreprises,  organiser les solidarités, les complémentarités plutôt que la concurrence…Et bien d’autres choses encore. Tous les modèles ont échoué : un autre monde est à inventer.

 

Le débat n’est pas clos, je souhaite qu’il ait lieu à visage découvert.

 

René Fredon


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