Ajoutons que les acquis de la Libération sont devenus une cible depuis les années
1980. Mais c’était prévu de longue date. A présent, c’est même proclamé
ouvertement. Voir, par exemple :
Le CNRS, acquis de la Libération
ou le lien :
http://www.challenges.fr/opinions/20071004.CHAP1020712/adieu_1945_raccrocho ns_notre_pays_au_monde_.html
A la Libération, la Résistance a rendu les armes, les travailleurs ont
« retroussé leurs manches », la reconstruction du capitalisme
français a commencé, le lobby colonial est resté en place et a même pu
se permettre des « bricoles » comme la répression de Madagascar, la
guerre d’Indochine et plus tard celle d’Algérie, etc...
Un secteur public de l’économie était indispensable à la Libération, il
a été mis en place. Mais sa privatisation-braderie a été entreprise à
partir de 1986, une fois l’accumulation de capital réalisée pendant
quatre décennies aux frais des travailleurs et des « petits épargnants ».
En Espagne, Franco avait également créé un important secteur public dont la
privatisation a été lancée à peu près en même temps qu’en France, une décennie après la mort du dictateur.
Il y avait aussi la question du « couteau entre les dents ». Staline
avait soutenu le renforcement de l’Etat français pour faire contrepoids aux
Etats-Unis. Mais malgré tout, il a fallu que l’Europe occidentale soit
une sorte de « vitrine » pour la guerre froide, jusqu’aux années 1980 où
il est devenu clair que l’URSS battait de l’aile et ce n’était plus
très grave de faire ouvertement de la casse.
A propos des délocalisations, « droite » et « gauche » ont raconté que c’était très bien, et qu’elle correspondaient à une « division internationale du travail ». Dans notre article :
Délocalisations, recherche scientifique et propagande politique
écrit il y a presque deux ans, nous rappelions notamment ceci :
L’asservissement croissant du travail intellectuel dans des pays
comme la France passe très largement par le dumping social que fomente
et exploite, à l’échelle mondiale, la grande finance occidentale. Mais
les discours des politiques ne nous en parlent guère. Bien au
contraire, ils ont constamment tergiversé depuis les années 1990,
toutes couleurs gouvernentales confondues.
Le rapport de juillet 1999 intitulé « Rapport sur les négociations commerciales multilatérales », signé par l’alors députée européenne Catherine Lalumière,
ancienne ministre et ancienne secrétaire d’Etat, avec un Inspecteur
général des Finances, un conseiller référendaire à la Cour des Comptes
et un chargé de mission au Parlement Européen, estimait notamment :
« La
libéralisation des échanges offre deux avantages essentiels : elle
permet, d’une part, la spécialisation des activités et, donc, une
meilleure utilisation des ressources ; elle accroît, d’autre part, les
débouchés qui s’offrent à chaque industrie et conduit donc à une
réduction de ses coûts. Les gains qui en résultent, on l’oublie
souvent, bénéficient aux consommateurs dont le pouvoir d’achat se
trouve accru.
(...)
On observe, depuis
vingt ans, une détérioration de la situation relative des travailleurs
dont la qualification ne correspond pas aux offres d’emploi, dans tous
les pays développés. (...) En Europe, où la réglementation assure un
certain niveau de salaire minimal, les travailleurs dont la
qualification est moins demandée ou qui sont peu qualifiés ont été
proportionnellement les plus frappés par le chômage.
(...)
(...)
Il y a des perdants nets au libre-échange. Dans les pays développés, ce
sont les travailleurs les moins qualifiés. Avec l’ouverture des
frontières, leur production est concurrencée par celle des pays
émergents, la valeur attachée à leurs services diminue, leurs salaires
sont poussés à la baisse et leur emploi est menacé. A l’inverse, les
travailleurs les plus qualifiés voient leurs services de plus en plus
valorisés. Leur production trouve de nouveaux débouchés dans les pays
émergents. Ils bénéficient d’une demande croissante et leur
rémunération s’améliore ».
(fin de citation, document accessible sur le site du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi)
C’est
ce même schéma que reprendra en juin 2003 l’alors ministre de
l’Economie, des Finances et de l’Industrie Francis Mer dans son interview publiée par le journal Les Echos :
« Il
y a des métiers industriels qui ont été délocalisés vers des pays à bas
salaires : cela s’appelle la spécialisation internationale du commerce.
Prenez l’exemple de la sidérurgie : ce type de métier doit, pour
assurer sa survie en Europe, se concentrer au maximum sur le savoir, et
localiser sa production là où les coûts, qu’il s’agisse des salaires ou
des matières premières, sont les plus avantageux. C’est ce phénomène
qui explique la croissance chinoise. Il suppose a contrario que
l’Europe se mobilise sur l’innovation, la recherche et la formation
professionnelle. (...) ».
(fin de citation)
[fin des extraits de notre article]
A noter que le Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi qui en 1999 a « commandé » et diffusé le rapport Lalumière s’appelait Dominique Strauss-Kahn.