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Commentaire de Indépendance des Chercheurs

sur Caissières contre caisses automatiques : un paradoxe capitaliste


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Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 17 janvier 2010 07:44

Ajoutons que les acquis de la Libération sont devenus une cible depuis les années 1980. Mais c’était prévu de longue date. A présent, c’est même proclamé ouvertement. Voir, par exemple :

Le CNRS, acquis de la Libération

ou le lien :

http://www.challenges.fr/opinions/20071004.CHAP1020712/adieu_1945_raccrocho ns_notre_pays_au_monde_.html

A la Libération, la Résistance a rendu les armes, les travailleurs ont « retroussé leurs manches », la reconstruction du capitalisme français a commencé, le lobby colonial est resté en place et a même pu se permettre des « bricoles » comme la répression de Madagascar, la guerre d’Indochine et plus tard celle d’Algérie, etc...

Un secteur public de l’économie était indispensable à la Libération, il a été mis en place. Mais sa privatisation-braderie a été entreprise à partir de 1986, une fois l’accumulation de capital réalisée pendant quatre décennies aux frais des travailleurs et des « petits épargnants ».

En Espagne, Franco avait également créé un important secteur public dont la privatisation a été lancée à peu près en même temps qu’en France, une décennie après la mort du dictateur.

Il y avait aussi la question du « couteau entre les dents ». Staline avait soutenu le renforcement de l’Etat français pour faire contrepoids aux Etats-Unis. Mais malgré tout, il a fallu que l’Europe occidentale soit une sorte de « vitrine » pour la guerre froide, jusqu’aux années 1980 où il est devenu clair que l’URSS battait de l’aile et ce n’était plus très grave de faire ouvertement de la casse.

A propos des délocalisations, « droite » et « gauche » ont raconté que c’était très bien, et qu’elle correspondaient à une « division internationale du travail ». Dans notre article :

Délocalisations, recherche scientifique et propagande politique

écrit il y a presque deux ans, nous rappelions notamment ceci :

L’asservissement croissant du travail intellectuel dans des pays comme la France passe très largement par le dumping social que fomente et exploite, à l’échelle mondiale, la grande finance occidentale. Mais les discours des politiques ne nous en parlent guère. Bien au contraire, ils ont constamment tergiversé depuis les années 1990, toutes couleurs gouvernentales confondues.

Le rapport de juillet 1999 intitulé «  Rapport sur les négociations commerciales multilatérales  », signé par l’alors députée européenne Catherine Lalumière, ancienne ministre et ancienne secrétaire d’Etat, avec un Inspecteur général des Finances, un conseiller référendaire à la Cour des Comptes et un chargé de mission au Parlement Européen, estimait notamment :

« La libéralisation des échanges offre deux avantages essentiels : elle permet, d’une part, la spécialisation des activités et, donc, une meilleure utilisation des ressources ; elle accroît, d’autre part, les débouchés qui s’offrent à chaque industrie et conduit donc à une réduction de ses coûts. Les gains qui en résultent, on l’oublie souvent, bénéficient aux consommateurs dont le pouvoir d’achat se trouve accru.

(...)

On observe, depuis vingt ans, une détérioration de la situation relative des travailleurs dont la qualification ne correspond pas aux offres d’emploi, dans tous les pays développés. (...) En Europe, où la réglementation assure un certain niveau de salaire minimal, les travailleurs dont la qualification est moins demandée ou qui sont peu qualifiés ont été proportionnellement les plus frappés par le chômage.

 (...)

(...) Il y a des perdants nets au libre-échange. Dans les pays développés, ce sont les travailleurs les moins qualifiés. Avec l’ouverture des frontières, leur production est concurrencée par celle des pays émergents, la valeur attachée à leurs services diminue, leurs salaires sont poussés à la baisse et leur emploi est menacé. A l’inverse, les travailleurs les plus qualifiés voient leurs services de plus en plus valorisés. Leur production trouve de nouveaux débouchés dans les pays émergents. Ils bénéficient d’une demande croissante et leur rémunération s’améliore  ».

(fin de citation, document accessible sur le site du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi)

C’est ce même schéma que reprendra en juin 2003 l’alors ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie Francis Mer dans son interview publiée par le journal Les Echos :

«  Il y a des métiers industriels qui ont été délocalisés vers des pays à bas salaires : cela s’appelle la spécialisation internationale du commerce. Prenez l’exemple de la sidérurgie : ce type de métier doit, pour assurer sa survie en Europe, se concentrer au maximum sur le savoir, et localiser sa production là où les coûts, qu’il s’agisse des salaires ou des matières premières, sont les plus avantageux. C’est ce phénomène qui explique la croissance chinoise. Il suppose a contrario que l’Europe se mobilise sur l’innovation, la recherche et la formation professionnelle. (...)   ».

(fin de citation)

[fin des extraits de notre article]

A noter que le Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi qui en 1999 a « commandé » et diffusé le rapport Lalumière s’appelait Dominique Strauss-Kahn.


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