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Commentaire de Serge-André Guay

sur La démarche citoyenne


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Serge-André Guay Serge-André Guay 27 février 2006 19:59

Merci pour votre commentaire. À mon avis, le vox populi (l’opinion du plus grand nombre, de la masse) n’assure pas une gouvernance politique efficace. D’abord parce que la voix du peuple peut être manipulée. Ensuite parce que toute opinion, soit-elle partagée par le plus grand nombre, demeure un jugement subjectif. C’est d’une information objective, dans le sens scientifique du terme, dont nous avons besoin. Et en place et lieu d’interprétations, nous avons besoin d’un esprit plus scientifique, dans le sens épistémologique du terme, c’est-à-dire plus attaché à la logique de faits qu’à ce qu’il pense. Mais pour satisfaire ces besoins, il faudrait enseigner l’esprit scientifique à tous dès les premières années d’école. Nous pourrions alors espérer un peule capable de distinguer ses opinions des faits.

Quand j’écris que l’opinion règne en roi et maître de tous les débats, il faut aussi comprendre que tous les débats sont devenus des « débats d’opinions ». Savoir que telle ou telle personne est en accord ou en désaccord avec l’opinion de telle ou telle autre personne ne nous avance pas. À la fin du débat, on se retrouve avec des opinions sur des opinions, rien de plus, si ce n’est une opinion gagnante. Et souvent, cette dernières n’est qu’un compromis des opinions exprimées lorsqu’elle ne doit pas uniquement sa victoire au charisme de son auteur.

L’essentiel a été délaissé, le sujet, ce sur quoi on s’exprimait : des informations objectives, des vérités de faits. Le but du débat a été détourné. On cherche à imposer son opinion, sa vision, son point de vue, son interprétation ou un compromis. Et on trouve ce que l’on a cherché : une opinion, non pas une solution logique et objective à un problème objectif. On ne trouve pas une solution fondée sur toutes les connaissances acquises par l’Homme sur l’objet débattu mais une simple opinion fondée sur des interprétations subjectives des faits.

Évidemment, l’objectivité demeurera toujours imparfaite, même en science exacte. En revanche, la science s’est donnée le moyen de contrôler ses biais en acceptant de douter. On a même fait du doute le fondement de la méthode scientifique. Ainsi, en science, tout peut être remis en cause. Il suffit d’en apporter la preuve. Et cette dernière concerne en premier lieu la logique suivie à savoir si elle est objective, scientifique. En science, les opinions, mêmes scientifiques, n’ont pas leur place, ce qui lui permet d’avancer des connaissances objectives.

Curieusement, dès que l’on sort ces connaissances objectives du monde de la science, par exemple, pour les présenter au peuple ou aux politiciens, les réactions sont toutes subjectives. On se prête à l’interprétation, on se fait une opinion qui devient d’emblée l’enjeu principal. Pour y voir clair, il faudrait mettre au travail des milliers d’épistémologistes afin de relever les erreurs de pensées.

Il y a une foule de problèmes économiques, sociaux, culturels et autres dont les solutions seraient vite trouvées si l’on réunissait en assemblée des spécialistes de la connaissance en épistémologie et en sémiotique qui pourraient nous indiquer là où nous avons manqué le bateau. Notez que le vrai spécialiste dira : « Mon opinion n’a aucune valeur. Je me trompe trop souvent. Mais mes recherches ne se trompent pas ».

Serge-André Guay


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