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Commentaire de tourn en ron

sur Europe : euro-slam, heureux islam ?


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tourn en ron 29 mars 2010 14:40

la part de chrétienté de musulman tu en a plus que tu l’imagine ex : Les divers noms de Jésus dans le Coran (Qur’ân) :

-’Îsâ (Jésus) est cité dans 10 sourates différentes et revient 25 fois dans le Coran. L’éthymologie de (’Îsâ) n’est pas évidente, il existe plusieurs hypothèses pour expliquer la différence avec (Yasû’) le Jésus biblique. Toujours est-il que dans l’esprit des musulmans, ’Îsâ est bien Jésus, fils de Marie qui a donné l’évangile (al-injîl), dont les chrétiens ont fait un fils de Dieu.

- Al-masîh (le messie) 11 fois
La racine (MSH) signifie « mesurer », « frotter » et « oindre ». Mais le mot Messie (al-masîh) provient sans doute de l’araméen ou de l’hébreux, où il était employé dans le sens de sauveur (masîah). Muhammad a pris ce mot aux chrétiens arabes, chez qui le nom ’abd al-masîh (« serviteur du messie »), était connu à l’époque préislamique, mais il est douteux qu’il ait connu le vrai sens du terme.
Le mot ne se trouve que 11 fois dans le Coran et uniquement dans des sourates médinoises, la plupart du temps lié à « fils de Marie » (ibn Maryam), et toujours pour parler de Jésus. Al-masîh est donc un titre de Jésus, mais sans connotation messianique, ni aucune interprétation eschatologique.
Dans la tradition, dans le hadith canonique, al-masîh se rencontre dans trois passages, toujours pour parler de Jésus : dans un rêve de Muhammad, au retour de Jésus et au jugement dernier.

- Kalima min Allah (Parole venant de Dieu)
Kalima est très fréquent dans le Coran on le retrouve dans le sens de :
- parole proférée (bonne 14,24 ou mauvaise 9,74)
- parole de Dieu réalisatrice au sens de (’Amr)
Jésus est appelé « parole venant de Dieu » (kalima min Allah) en 3, 39.45, mais les commentateurs voient dans ce titre :
- soit une parole divine liée au (kun) « sois » et rapprochent la création de Jésus à celle d’Adam : "Il en est de Jésus comme d’Adam auprès de Dieu, Dieu l’a créé de terre, puis il lui a dit « sois ! » et il est" 3,59
- soit le fait que Jésus est le prophète annoncé dans la parole de Dieu, reçue et prêchée par les prophètes antérieurs.
- soit parce que Jésus parle de la part de Dieu et ainsi conduit les hommes dans le bon chemin. - soit parce que Jésus est une bonne nouvelle, parole de vérité (qawl al-haqq).
Il ne faudrait pas trop vite voir dans cette « parole » (kalima) l’équivalent de notre verbe (logos) ce n’est pas l’attribut de la parole (kalâm) mais son expression en laquelle se formulent et se communiquent les décisions divines.

- Nabi (prophète) en 19,30
Jésus est prophète, il est d’ailleurs cité plusieurs fois parmi les autres prophètes. Comme tout prophète il a une mission à accomplir dans un peuple particulier, les fils d’Israël. Mais il est plus qu’un prophète, puisqu’il a le statut d’envoyé.

- Rasûl (envoyé) 3 fois
Le rasûl est plus qu’un prophète, il est un envoyé, qui a un message à délivrer, comme l’ange Gabriel. Jésus a transmis l’Evangile, il est donc rasûl, comme Moïse qui a transmis la Torah, ou Muhammad qui a récité le Coran.

- ’Abd Allah (serviteur de Dieu)
Ce mot signifie et rappelle avant tout que Jésus est une créature de Dieu, soumise à Dieu. Cependant c’est un attribut de Jésus très important, puisque cela en fait un des meilleurs musulmans. Ibn Arabi dira de Jésus qu’il est le sceau de la sainteté.
Un chrétien ne peut pas ne pas penser au serviteur d’Isaïe (’ebed) et à l’esclave de Ph 2, 7 (doulos). Du point de vue du dialogue, c’est certainement un attribut très important de Jésus, parce que ce terme a une signification forte en Islam, comme dans le Christianisme. Il faut cependant se rappeler la signification première qui est une négation de la divinité de Jésus.

- Rûh (esprit venant de lui) en 4, 171
Jésus est un Esprit de Dieu (Rûh min Allah)
"O Détenteurs de l’Écriture !, ne soyez pas extravagants, en votre religion ! Ne dites, sur Allah, que la vérité ! Le Messie, Jésus fils de Marie, est seulement l’Apôtre d’Allah, son Verbe jeté par Lui à Marie, et un Esprit [émanant] de Lui. Croyez en Allah et en Ses Apôtres et ne dites point : « Trois ! » Cessez ! [Cela sera] un bien pour vous. Allah n’est qu’une divinité unique. A Lui ne plaise d’avoir un enfant ! A Lui ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre.Combien Allah suffit comme protecteur (wakîl) !" (4,171)
Mais la suite du verset nous garde bien de faire de ce titre une interprétation trop chrétienne. Comme nous l’avons vu plus haut, ce titre vient avant tout du fait que Jésus est né du souffle divin né en Marie :
"Et [fais mention de] celle restée vierge en sorte que Nous soufflâmes en elle de Notre esprit et que Nous fîmes d’elle et de son fils un signe pour le monde." (21,91)
et que pour accomplir sa mission, Jésus a été fortifié par l’Esprit Saint (Rûh al qudus) 5,110

Autres titre :
- Ibn Maryam (fils de Marie) 33 fois dont 16 avec (’Îsâ)
- min al-muqarrabîn (parmi les proches) en 3, 45
- wajîh (digne de considération) en 3,45
- mubârak (béni) en 19,31
- qawl al-haqq (parole de vérité) en 19, 34 2.

DANS LA TRADITION MUSULMANE

On trouve dans la tradition un certain nombre de hadith (« propos » attribués au Prophète, qui constituent la tradition musulmane, la sunna) concernant Jésus ou Marie qui permettent de voir comment la tradition situe Jésus par rapport au prophète Muhammad. Nous avons été voir chez Bukhâri (mort en 870/ h.256), le plus important des traditionnistes.

Sur la nature de Jésus, on trouve :


"D’après Sa’îd-ben-al-Mosayyab, Abou Horaïra a dit : J’ai entendu l’envoyé de Dieu s’exprimer ainsi : " Il ne nait pas un seul fils d’Adam, sans qu’un démon ne le touche au moment de sa naissance. celui que le démon touche ainsi pousse un cri. Il n’y a eu d’exeption que pour Marie et son fils". (El-Bokhâri, Les traditions islamiques, Maisonneuve, Paris 1984, tomeII, Livre 60, ch 44)
D’après ’Obâda, le prophète a dit : quiconque témoignera qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu, l’unique, n’ayant pas d’associés ; que Mahomet est son adorateur et son envoyé ; que Jésus est l’adorateur de Dieu, son envoyé, son verbe jeté dans le sein de Marie et une émanation de Dieu ; que le paradis est une vérité, que l’enfer est une vérité, Dieu le fera entrer dans le paradis quelles qu’aient été ses oeuvres." (Ibid. ch 47)
Abou Salama rapporte que Abou Horaïra a entendu l’envoyé de Dieu dire : "Je suis parmi les hommes, le plus rapproché du fils de Marie. Les prophètes sont les enfants d’un même père et de mères différentes. Entre Jésus et moi, il n’y a pas eu de prophète. (Ibid. ch 48,6)
Le prophète dit avoir rencontré Jésus lors de son voyage
"...Le prophète a dit, la nuit où l’on me fit faire le voyage, je vis Moïse, c’était un homme brun, de haute taille, crépu, on aurait dit d’un Chanouïte ; je vis Jésus, c’était un homme de taille et de complexion moyennes, d’une couleur entre le rouge et le blanc, et aux cheveux lisses..." (Ibid. livre 59, ch7, 16)
« Abdallah ben ’Omar rapporte que l’envoyé de Dieu a dit : »une nuit que j’étais auprès de la Ka’ba, je vis un homme brun comme un des plus beaux hommes bruns que tu n’aies jamais vus. il avait une chevelure comme la plus belle des chevelures que tu n’aies jamais vue ; cette chevelure était flottante et était encore ruisselante d’eau. appuyé sur deux hommes, il faisait le tour du temple. Comme je demandais qui était cette personne, on me répondit : "c’est le Messie, fils de Marie"...(Ibid. tomeIV, livre77, Ch 68, 3)
Après Adam, Noé, Abraham, Moïse, les gens vont voir Jésus pour lui demander d’intercéder auprès de Dieu, mais celui-ci s’en juge incapable, et renvoie à Muhammad :
..."[Moïse dit] adressez vous à un autre que moi, allez trouver Jésus. Ils iront trouver Jésus et leur diront : "O Jésus, tu es un envoyé de Dieu ; il a envoyé son verbe dans Marie ; tu es l’esprit de Dieu, et tout enfant, dès le berceau, tu parlais aux hommes ; intercède en notre faveur auprès du seigneur, ne vois-tu pas dans quel état nous sommes ? Le Seigneur, répondra Jésus est aujourd’hui dans une colère telle qu’il n’en a jamais eu de pareille auparavant et qu’il n’en aura plus jamais de semblable à l’avenir. Il ne parlera pas de faute commise et ajoutera : "c’est moi, moi, moi (qui aurait besoin d’un intercesseur). Adressez-vous à un autre que moi, allez trouver Mahomet"... (Ibid, tome III, livre 65, ch5,1 cf aussi 65, 2, 1)
La tradition nous donne une connaissance un peu plus précise de Jésus que le Qu’rân, mais, par rapport à la somme de hadith existant, ceux consacrés à Jésus sont peu nombreux. Comme le Qu’rân, ils reconnaissent l’importance de Jésus, mais rappellent que celui-ci passe après Muhammad et qu’il n’est pas fils de Dieu.

Pour trouver une réflexion plus approfondie sur le Christ, on doit chercher chez les mystiques.

  JÉSUSDANS LA TRADITION MYSTIQUE

(Nous nous référerons au livre de Roger Arnaldez, Jésus dans la pensée musulmane, coll. Jésus et Jésus-Christ n° 32, Descellée, Paris 1988, ch 3)

Dans l’œuvre des mystiques, Jésus est tout d’abord présenté comme un mystique qui enseigne :
- la crainte et l’amour de Dieu
"Le Christ a dit : ’O Apôtres ! la peur qui fait redouter Dieu et l’amour du Paradis font hériter la patience pour supporter les peines et éloignent de ce bas monde" (Ghazâlî Arnaldez, Op.cit. p.111)
- la patience dans les épreuves :
"Le Messie a dit : ’Vous n’obtiendrez ce que vous aimez que par votre patience à supporter ce que vous abhorrez’" (Makkî et Ghazâlî, Ibid., p. 113)
- l’abandon à Dieu :
"Jésus a dit : ’Regardez les oiseaux ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ils ne font pas de provisions et Dieu pourvoit à leur subsistance jour après jour’" (Ghazâlî Ibid. p. 117)
- l’ascèse et la pauvreté
"On raconte de Jésus qu’il posa une pierre sous sa tête, comme si, en la soulevant de terre, il éprouvait un soulagement. Iblis lui fit une objection en disant : ’O fils de marie, n’avais-tu pas prétendu que tu pratiquais l’ascétisme dans ce monde ? Jésus répondit que oui. Iblîs dit : ’Et ce que tu as bien arrangé sous ta tête, qu’est-ce que c’est donc ?’ Jésus rejeta la pierre et dit : ’prends-la avec tout ce que j’ai déjà abandonné.’" (Makkî, Ibid, p.128)
- l’humilité
"On rapporte que Jésus a dit : ’Il manque de science, celui qui ne se réjouit pas dêtre frappé de maux en son corps et en ses biens, en espérant par là expier ses fautes’." (Makkî, Ibid. p. 132)
- l’amour
"On rapporte que Jésus passa près d’un homme qui était aveugle, atteint de la lèpre, privé de ses jambes, frappé d’une paralysie du côté droit et du côté gauche, dont les chairs tombaient en lambeaux sous le coup de l’éléphantiasis. Et cet homme disait : ’Dieu soit loué, car il m’a préservé de ce par quoi il éprouve un grand nombre de ses créatures ! ’Jésus lui demanda : ’dis-moi quelle est cette épreuve dont je puisse constater qu’elle a été écartée de toi ? L’homme dit : ’O Esprit de Dieu ! Je suis moi, en meilleur état que celui dans le coeur de qui Dieu n’a pas mis la connaissance de lui-même qu’il a mise dans mon coeur.’ Jésus lui répondit : ’Tu as dit vrai ; donne-moi ta main’. L’homme la lui tendit et voici que son visage devint le plus beau du monde, et que sa tournure prit le meilleur aspect. Dieu avait fait disparaître le mal qui était en lui. Il s’atacha à Jésus et s’adonna avec lui à l’adoration." (Ghazâlî, Ibid. pp. 138-139)

Chez Ibn ’Arabi, Jésus est présenté comme le sceau universel de la sainteté

Parmi tous les prophète, Jésus a une place à part dans la doctrine d’Ibn ’Arabi (un des plus grand mystiques de l’Islam, mort à Damas en 1240/ h.638) :
La conception de Jésus lui confère un statut tout particulier
"Gabriel était donc le véhicule de la Parole divine transmise à Marie [...] Dès l’instant, le désir amoureux envahit Marie, de sorte que le corps de Jésus fut créé de la véritable eau de marie et de l’eau purement imaginaire de Gabriel [...] Ainsi, le corps de Jésus fut constitué d’eau imaginaire et d’eau véritable, et il fut enfanté sous la forme humaine à cause de sa mère et à cause de Gabriel, sous forme d’homme." (Ibid, p. 168)
"[...] Jésus manifesta de l’humilité jusqu’à ordonner à sa communauté [...] que si quelqu’un est frappé sur la joue, il tende l’autre à celui qui l’a frappé, et ne se révolte jamais contre lui, ni ne cherche vengeance. Ceci, Jésus le tient du côté de sa mère, car c’est à la femme de se soumettre tout naturellement [...] Son pouvoir vivifiant et guérissant, par contre, lui parvint du souffle de Gabriel revêtu de forme humaine. C’est pour cela que Jésus put vivifier les morts en ayant la forme d’homme." (Ibid., p. 169)
Jésus sceau de la sainteté universelle
"N’est il pas vrai que le sceau de la sainteté est un envoyé qui n’a pas d’égal dans les mondes ? Il est l’Esprit, fils de l’esprit et de Marie sa mère : c’est là un lieu où ne conduit aucune voie.
[...] Quant à Jésus, il a la qualité de sceau en ce sens qu’il possède le sceau du cycle du royaume (le monde créé). En effet, il est le dernier des envoyés à apparaître, et il apparaît avec le forme d’Adam, relativement à son mode de génération, puisqu’il n’est pas engendré de père humain et qu’aucun fils, je veux dire dans la descendance d’Adam dans la suite des générations, n’est semblable à lui.[...] En outre Jésus, quand il descendra sur la terre à la fin des temps, recevra le sceau de la lus grande sainteté depuis Adam jusqu’au dernier prophète, en rendant hommage à Muhammad, du fait que Dieu ne scelle la sainteté universelle en toute communauté que par un envoyé qui suit la loi de Muhammad. Et alors, Jésus possède le sceau du cycle du royaume et le sceau de la sainteté, j’entends la sainteté universelle." (Ibid., p.181)

Chez al-Hallaj

Jésus a une très grande importance dans la spiritualité d’al-Hallâj (grand mystique, condamné à mort pour son enseignement trop hétérodoxe en 922/ h.309), parce qu’il est la réalisation la plus parfaite, pour un homme, de l’union mystique entre l’humanité et Dieu. Lors de son retour eschatologique, Jésus remplira le monde de sagesse et de justice en promulgant la loi musulmane définitive.
Hallâj croit à la passion et à la résurrection du Christ et cette passion est pour lui rédemptrice. Les disciples d’al-Hallâj ont affirmé que par sa mort sur un gibet, Hallaj avait réalisé l’idéal du soufisme. Néanmoins, cette perception n’est pas la même que la perception chrétienne. Il y a chez Hallaj, une idée de fuite du corps humain et du monde.

Henri de La Hougue
Enseignant à l’Institut de science et de théologie des religions (Institut catholique de Paris), Membre du service diocésain des relations avec

l’Islam
Article paru sur www.theologia.fr


Pour en savoir plus, nous vous recommandons : Tarif KHALIDI  : Un musulman nommé Jésus, Albin Michel, Paris, 2003


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