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Commentaire de François-Ferdinand De la Friche en Souche

sur Le polythéisme des marques, nouvelle frontière du 21ème siècle ?


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@M. Thibaud

 

Une grille de lecture avec perspective religieuse se tient si l’on entend par religion enfermement dans une croyance et le conditionnement que cela induit : et que l’on pose donc ainsi : base, fonction, résultante premières de tout système religieux : à savoir : Croyance Contrôle Conditionnement.

 

Mais la sainte trinité de cette mécanique dite de globalisation économique s’éloigne du modèle grec ou antique que vous évoquez, de même que de tout autre système religieux, fondé sur la Croyance : le Religieux n’a jamais restreint l’Humain à une dimension mais a toujours considéré au minimum une dualité chez l’être humain : matériel/spirituel ; créature/créateur ; argile/potier etc…

 

La société de consommation globalisée et son système de croyance et symbolique (dont les marques font partie) serait une anti-religion : elle réduit l’Humain à une dimension : matériel, créature, argile : matériau du tout-puissant Marché et créature solitaire soumis à un tout aussi puissant Conditionnement ; l’être culturel, religieux, spirituel, créatif, actif, réactif, collectif disparaissant pour ne laisser que l’être économique : passif et solitaire voir autiste : manifesté par le règne de l’individualisme, l’égoïsme, le désirisme, le consumérisme : une quête perpétuelle de satisfaction immédiate de désirs issus non de l’individu dans sa singularité mais du Conditionnement : et en cela là où la Religion posait la question du Pourquoi ? du Comment ? proposait une finalité, expliquait causes et effets : cette nouvelle religion elle en réduisant l’Humain à une dimension : a enlevé toute notion ou concept de finalité ou but : l’être économique s’inscrivant dans l’Instant(anné) : l’Immédiat et non le Temps : les relations même aussi simples de cause à effet lui deviennent de plus en plus abstraites : il observe le monde passivement, se laissant guider par une toute-puissance autant invisible qu’omniprésente qui lui interdit d’être ce qu’il fut toujours : un être créatif, spontané, réagissant…

 

Aucune religion ou système de croyance n’avait atteint un tel degré/pouvoir de conditionnement ni n’avait jusque là modifié l’Humain en ce qu’il est et ce qui le définit : un être créatif et agissant dans une Humanité se manifestant par la  Culture.

 

En cela : nous assistons à la substitution de l’Expérience par le Conditionnement, de la Culture par l’anti-culture de contrôle : et vivons un moment essentiel dans l’Histoire de l’Humanité.

 

Les mythes grecs, les religions monothéistes ou polythéistes avaient toujours su conserver les deux aspects de l’Humain : matière/esprit et si conditionnement il y avait, l’expérience autant collective qu’individuelle a toujours permis de s’en affranchir : par la substitution de l’Expérience par le Conditionnement : la capacité de l’Humain à s’affranchir à ce qui tend de plus en plus à un totalitarisme (dans le sens système total et global) se réduit au fur et à mesure que l’être culturel disparaît.

 

Et si l’être religieux, enfermé dans sa Croyance pouvait se montrer barbare : la seule question digne d’intérêt aujourd’hui est de savoir  qui du barbare ou du clone est le plus proche de l’Humanité ? voilà la seule question à laquelle répondre.

Différences entre systèmes de croyances (religieux, philosophique, idéologique, etc…) passés/historiques et la phase que nous vivons : notre époque voit la conscience collective être soumise à une perception autant conditionnée qu’influencée du Monde, dont les représentations mentales conséquentes se voient faussées : le Monde réel disparaît derrière le Décor créé par le Conditionnement-Contrôle de l’espace mental collectif.

Moment crucial pour l’Humanité, dont les conséquences pourront être le passage à une autre humanité : le Conditionnement se substituant à l’Expérience : ce qui définissait l’Humain disparaît : qu’en sortira-t-il ? Car cette substitution opère dans la mécanique de construction de l’Identité, de la Personnalité mais aussi dans le rapport au Monde, à l’Autre, dans la perception et la représentation du Monde : ainsi elle change l’être dans ce qu’il a de plus intime, dans ce qui le définit en soi et face à l’Autre.  

Par quel biais ? par la fin de ce qui a fait que l’Humanité est définissable, à savoir la fin de la Culture et son remplacement par une anti-culture ou une forme particulière de culture dont la fonction essentielle est la standardisation des comportements de consommation : soit la production de comportements donnés avec souvent l’excuse d’un processus de socialisation conçu comme normal. Ce qui est dans un monde dominé par l’idéologie économique dite ultra ou néo-libérale, le moyen de contrôle ultime et par excellence des élites, tendant à faire de nos sociétés : une société du contrôle total et global.

Cette fin de la Culture et cette anti-culture permettent la substitution du conditionnement à l’expérience, l’individu ne réagit plus au monde selon son expérience mais par conditionnement, son jugement, ses analyses ne sont plus issues d’une réflexion personnelle mais d’une pensée-réflexe sous influence et élaborée par d’autres que lui.

L’Occident, grand architecte de la globalisation et dont les principes «  officiels » prétendus sont le Rationalisme et les Droits de l’Homme produit une société où le « libre-arbitre » n’existe plus, anéanti par le contrôle des représentations mentales et l’invasion de l’inconscient collectif. Cette société, présentée comme défenseur autoproclamé de la Liberté, des Arts et des Lettres, met un terme à la Culture, comme essence de l’Humanité, et lui substitue une anti-culture à seul but de contrôle : définitivement entendable comme une catastrophe historique pour l’Humanité : qui depuis des dizaines de milliers d’années, s’est élevée et a évolué au travers de la Culture.


Une Culture : née et ayant évoluée au travers de l’Expérience du Monde par l’Humanité, si elle a servi principalement de ciment aux civilisations et aux peuples, on peut aussi la considérer au sens large comme caractérisant des modes d’existence partagés, elle est donc d’abord de l’ordre de l’affect.
Elle n’est et ne fut jamais figée, existant, évoluant, prenant forme au travers d’une multiplicité d’objets ou de comportements. Objets culturels ayant toujours été des objets de pratique  culturelle  ou  sociale  et non pas à « usage consommatoire » comme ceux produits par  l’anti-culture de contrôle actuelle.
Pourquoi ? parce que la Culture suppose l’Expérience mais aussi la Pratique, elle ne relève pas de la Consommation, elle demande l’Effort, l’Interrogation, la Création. La société dite de consommation a anéantie la Culture, consommer ne demande pas « d’effort », encore plus lorsque le Conditionnement se substituant à l’Expérience empêche ou entrave  l’Interrogation et la Création.

De fait, la Culture est devenue un enjeu principal de la politique dans les démocraties dites libérales. Bien que peu évident, c’est bel et bien la ressource essentielle que nos « élites » occultes ou déclarées tente de s’accaparer voir détruire, laissant l’anti-culture se substituer insidieusement à la Culture.



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