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Commentaire de Immyr

sur « Le Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne » Elisabeth Roudinesco riposte !


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Immyr Immyr 24 avril 2010 23:44

 Je vais donner mon avis en tant que professionnel de santé smiley

 L’effet placebo existe pour les médicaments effectivement. Un peu plus de 20% comme le souligne Onfray. Il fait une petite erreur seulement dans son interprétation, mais au fond ça lui redonne raison et je m’explique. L’effet placebo existe aussi bien pour les médicaments actifs (on va dire pour fâcher les adeptes de l’homéopathie) les médicaments allopathiques et les médicaments inactifs soit les médicaments homéopathiques. L’efficacité d’un placebo (du latin placere : pour plaîre) est un effet qui se délite dans le temps. J’utilise comme tout médecin généraliste l’effet placebo pour des pathologies que je sais bénignes et où je sais qu’il faut primum non nocere (d’abord ne pas nuire). Par exemple, un enfant qui a du mal à s’endormir et dont les parents réclament à cor et à cri, un médicament pour l’aider. Je ne vais pas commencer à le droguer à son âge, en sachant que c’est peut être à cause de l’examen de math de la semaine d’après qu’il s’excite. Je lui donne alors un perlimpinpinus à 30 CH (soit de l’eau claire) et tout le monde est content. L’effet placebo n’est pas dans le médicament,, mais dans la confiance de ses parents envers moi, et la confiance du petit en moi et ses parents. Les médicaments n’ont AUCUN effet placebo. Le placebo n’est que la relation entre le médecin, les parents et l’enfant dans cet exemple. 
 De même que l’effet nocebo (se sentir mal après prise d’un médicament auquel on n’a point confiance). Tout médecin sait qu’à partir du moment où son patient commence à lire les effets secondaires du traitement prescrit, il risque plus d’en ressentir certains d’entre eux, et celà de façon plus important s’il n’a point confiance dans le médicament prescrit.

 L’effet placebo existe même avec les médicaments anti-cancéreux et pas seulement au point de vue subjectif mais tout à fait objectivement. Tout médicament inactif anti-cancéreux peut entraîner la mort des cellules cancéreuses IN VIVO (dans le corps du patient) pendant les tous premiers jours. Ce qui démontre bien le pouvoir de persuasion du système neurologique sur le système immunitaire. Nombre de neurotransmetteurs ressemblent physiquement à certains gammaglobulines (les anticorps nous servant à nous protéger contre les maladies).

 Tout celà montre effectivement l’efficacité des relations humaines et de la confiance mutuelle dans le bien être de la population => effet placebo qui n’est point donc un effet chimique direct du médicament en question. Donc sur ce point Onfray a raison.

 Bien que sachant que la psychanalyse n’est point efficace, je fais généralement confiance à mes collègues psychiatres qui en majorité sont formés aux théories psychanalytiques. Pourquoi ? Non pas seulement à cause de l’effet placebo de la parole. Mais surtout parce que leur expérience leur a appris quoi dire et quoi ne pas dire dans certaines situations afin de ne pas AGGRAVER le cas d’un patient qui lui a besoin de parler. Les patients ne viennent pas pour écouter (ou alors dans le cas des pathologies purement organiques ce qui ne constitue que 30% des cas dans la médecine générale) mais pour parler. Et savoir écouter et parfois faire préciser certains points importants, voilà le travail du médecin. Alors quand adresse-t’on un patient à un psychiatre (et je ne parle pas des cas de psychose mais les névroses ordinaires) ? Quand on sait qu’on est en train de faire des erreurs dans la qualité de notre écoute que ce soit par ignorance ou par manque de temps.

 C’est aussi pourquoi je respecte mes confrères homéopathes bien qu’étant purement allopathe moi-même. Ils ont une qualité d’écoute, pour la plupart supérieur à la mienne (donc pour 70% des consultations), bien que sur le plan technique (les 30% restant), ils me soient pour la plupart inférieurs.

 Freud and Co. ont fait entrer l’écoute dans la pratique médicale (en réactualisant des théories venant de l’antiquité).Que la théorie de l’architecture psychique selon Freud soit fausse, est aussi probablement une réalité. Que la psychanalyse dans le sens feudien ne soit pas une science est un fait. Qu’elle ait ouvert des portes vers une meilleure écoute des patients est un fait aussi (bénéfice collatérale on va dire). 

 La prise en charge globale d’un patient souffrant est la voie royale du futur. Meilleure écoute, raffinage des techniques de prise en charge non médicamenteux en s’appuyant sur les progrès techniques, une meilleure compréhension de la chimie du cerveau et on va dire... une philosophie existentielle.

 Je suis conscient d’être un peu flou dans mes propos mais je vous remercie quand même de votre attention smiley

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