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Commentaire de T.B.

sur Jean-Pierre Pernault, combien il nous coûte ?


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T.B. T.B. 20 décembre 2006 13:33

JPP. Combien il « gagne » ? Environ 50 000 euros par mois (Source Le Canard) pour ne pas informer.

Chaque jour, depuis dix-huit ans, la même litanie des petits métiers agonisants comme un monument aux morts perpétuel. Chaque jour, depuis dix-huit ans, la même leçon de morale dispensée par de vertueux ancêtres : ne pas oublier les traditions, ne pas oublier d’aider Mémé, ne pas oublier ses vieilles recettes. Chaque jour, depuis dix-huit ans, la même récitation ânonnée : ces atolls - petits villages, petits ports, petits chemins - préservés, mais pour combien de temps encore ? Chaque jour, depuis dix-huit ans, la même prophétie de l’apocalypse du porte-monnaie : la baguette qui augmente, encore, les fournitures scolaires qui augmentent, encore, les factures, les tomates sur le marché, encore, encore.

Chaque jour, à 13 heures, depuis dix-huit ans, plus de sept millions de téléspectateurs - plus de la moitié de l’audience à cette heure-là - ingurgitent la bonne soupe du journal télévisé de Jean-Pierre Pernaut. Devant Pernaut mais surtout devant TF1. Et chaque jour, depuis dix-huit ans, la même question : à quoi sert Pernaut ? Ah bah, vous rétorquera-t-on au zinc, fait de l’audience, plaît aux publicitaires, z’achètent des écrans, payent cher, Pernaut, y rapporte de l’argent, y fait monter le cours de l’action, y fait rentrer les stock-options. Oui mais pas seulement. Au détour d’un de ces improbables grimoires relatant la pensée profonde de patrons français, Les Dirigeants face au changement (de quoi ?), publié par d’improbables Éditions du Huitième Jour, Patrick Le Lay, président-directeur général de TF1, a vendu la mèche :

« À la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit [...]. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible [...]. Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. »

Rendre le cerveau du téléspectateur disponible. Le préparer à être bien réceptif aux messages publicitaires qui encadrent chacune des émissions de TF1. Comme « Star Academy », comme « l’Île de la tentation », comme « Attention à la marche » qui le précède et comme Les Feux de l’amour qui le suivent, Jean-Pierre Pernaut sert à préparer le cerveau du téléspectateur à recevoir les écrans de pub qui ouvrent et ferment son journal télévisé. Une fonction facile pour « Star Academy » : reposé par du divertissement, détendu par de la chansonnette, l’émotion l’attendrissant comme un boucher attendrit une viande, le cerveau du téléspectateur est une éponge quand les trois caractères de TF1 s’entrecroisent et s’entrelacent, annonçant une quinzaine de spots de pub.

Mais Pernaut, comment fait-il pour assouplir le cerveau ? Car l’info, ce sont des grèves, des explosions de voitures piégées dans le centre de Bagdad, des cours du baril qui s’envolent ou s’effondrent, des guerres et des référendums européens. De quoi vous traumatiser sérieusement un cerveau et l’empêcher de remplir la mission fixée par Patrick Le Lay : acheter du Coca-Cola. Pourtant, Pernaut y parvient puisque, depuis dix-huit ans, il est l’un des héros de TF1, chaîne impitoyable qui n’anoblit ses employés qu’au-dessus de 40% de parts de marché. Depuis dix-huit ans, Pernaut remplit sa mission, il divertit, détend, vend à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible.

Source : lien Wikipédia à droite près des chiottes au fond du couloir.


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