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Commentaire de eric

sur Le débat sur la laïcité au Québec est-il inclusif ?


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eric 1er juin 2010 07:58

Le Québec désarmé ?
Suis repassé au Quebéc pour le 400 ème anniversaire. Le catholicisme y fût ce qu’il fût à la Bretagne en son temps. Une religion, mais surtout une culture et une identité. Et dans le cas du Québec, quelle culture et quelle identité ! Une poignée de gens, ( 60 000 au départ ? ) largement abandonnée par ses élites, minorée par ses nouveaux patrons, s’est développée construite autour du catholicisme. Elle en a retenu un certain nombre de choses. D’abord l’universalisme catholique. Ce n’est pas un hasard si les Québécois pur laine ont souvent du sang indien, ce qui est moins vrais des anglos saxon de souche à la culture naturellement plus réticente au mélange.
Un formidable engagement éducatif. c’est frappant toutes ces écoles ex catho dans les moindres villages, dont on devine qu’elles ont été voulue, construite, autour de l’église par une population avide d’éducation et d’émancipation. Dans « les invasions barbares », une élite intellectuelle de bonne qualité, dont beaucoup de profs socialisants et laïques, de la génération qui a présidé à la mort des églises et à la réforme des enseignements, se plaignent amèrement du niveau et de la motivation de leurs élèves. Ah si il avaient été comme nous. Plus loin dans le film ; on apprend qu’ils ont tous étudié chez les curés...
Un engagement social et international remarquable. Il en reste quelque chose. Le Québec était présent par ses missionnaires, il reste un des pays les plus engagés proportionnellement dans l’aide au tiers monde. Pour combien de temps ? La langue française. Comme le breton a existé tant que les bretons étaient catholiques, avec leurs curés lettrés, leur prêches en breton etc... on sent que le français disparaîtra avec le catholicisme au Québec.
Au pèlerinage de Saint Anne, il n’y avait pratiquement que des indiens. Je les ai regardé avec émotion. Ils sont sans doute l’avenir, si il y en a un, du Québec, du catholicisme et de la langue française en Amérique du nord. Le québécois de base était sans doute devant son écran à regarder une xième émission sur les problème de la solitude de l’homosexuel de 50 ans dans l’ottawais, à lire les controverses sur, les clubs échangistes avec pignon sur rue sont ils légaux ou pas, sur les accommodements raisonnables ou plus vraisemblablement encore, à tondre une xème fois son gazon.

Quand cela va très mal, peut être se souvient il encore d’où il vient ? dans le délicieux film sur l’île qui se cherche un médecin, la population, par réflexe, se réunit dans l’église, autrefois centre d’une riche sociabilité, désormais déserte, mais entretenue comme élément du patrimoine, pour essayer de trouver une solution de survie.

Les bretons ont cessé d’être catho, et de parler breton, ils sont devenus socialistes, laïques, et ils tentent désespérément de faire revivre une langue morte de se découvrir une identité celtique communautariste parfaitement étrangère à l’ouverture et à l’universalisme qu’ils avaient reçu en partage. Bref, des tendances anglos saxonnes mondialisées ?

« Dégénération » ? Lors du passage en Bretagne du groupe mes aïeux, les bretons étaient en larmes.

Un gros oubli cependant dans la chanson. Tous les québécois n’avaient peut être pas 14 enfants, ils n’étaient peut être pas tous agriculteurs, mais ils étaient tous à la messe tous les dimanches.

Alors ? On ne fait pas vivre une foi artificiellement, on ne va pas à l’église par devoir. Le catholicisme ne peut sans doute pas vivre d’être exclusivement une nécessité fonctionnelle à la survie d’une identité. D’autre part, devenus anglo saxon, parfaitement normalisés en Amérique du nord, ce qui restera des québécois ne sera pas nécessairement plus malheureux pour autant.
Rétrospectivement , le combat inutile pour la laïcité, dans un contexte de disparition du catholicisme apparaîtra peut être comme un des symptômes, avec la divorcialité, la natalité catastrophique et les gazons impeccables de la période de nihilisme ultime où les québécois auront renoncé et se seront laissé disparaître comme une peuplade en perte d’espoir, pressée d’accélérer sa propre fin.

Mais bon, comme disait Malraux, la beauté des cultures morte appelle les plus belles renaissances....Même le combat laïque témoigne d’une culture catholique. Cela n’existe pas de la même manière chez les peuples de culture protestante. Peut être que tout n’est pas perdu. Mais je suis pessimiste.


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