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Commentaire de Un passant.

sur Israël-Palestine, le dernier rêve d'Abraham


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Un passant. (---.---.108.194) 22 décembre 2006 18:46

Monsieur,

Je n’interviens jamais sur les articles des rédacteurs. J’ai parfois été très choqué par certains articles, mais je suis resté spectateur devant mon clavier, sans me manifester. Et aujourd’hui, en découvrant votre article, je suis particulièrement blessé de lire votre article. Votre plume est une arme blanche, mais depuis votre ordinateur, vous ne pouvez voir les victimes se plaindre et s’allonger au sol. Je pourrais dire que vous êtes un criminel des mots et des idées, mais je préfère juste dire s’il vous plaît Monsieur, prenez garde à vos écrits, ils sont dangereux.

Dangereux pour vos lecteurs, qui pour la plupart n’ont pas relevé vos graves carences historiques, et votre éventuel parti pris très fâcheux.

Votre article est long, et il regorge de contrevérités, je vais en retenir quelques unes. La liste serait bien trop longue.

Vous écrivez : « Cette venue régulière, pendant trente ans, d’immigrants juifs, s’est faite généralement dans l’indifférence. Quelques crises ont éclaté sporadiquement au cours des années 1920, cherchant à limiter la vente de terres aux colons juifs. Celles-ci ont amené les Juifs à créer une milice clandestine, la Haganah, qui leur a fourni une organisation de défense solide. »

Il est surprenant de lire que l’immigration s’est faite dans l’indifférence. Et de voir que des « révoltes » se transforment en « crise » dans votre texte. Mais plus surprenant encore, la création du groupe terroriste la hagabah résulterait de ces « crises ». Pour votre information, la haganah est un groupe terroriste, comme l’irgoun et le groupe stern. La date que vous évoquez, correpond à la date à laquelle Jaffa a été rayé de la carte par haganah. Un groupe terroriste qui aurait donc assuré une solide défense au projet sioniste. Le Hezbollah ne profite pas d’une telle appelation vous en conviendrez.

Vous écrivez : « De 1935 à 1939, une Jihad est lancée par le cheikh Izz al-Din al-Qassam, qui désire créer un état islamiste en Palestine. Le début de révolte est mené par un très petit groupe d’hommes (environ huit cents) et s’achève par la mort du prédicateur. Celle-ci est suivie par une grève générale, durant six mois. Les Palestiniens revendiquent le droit de créer une assemblée législative, ce que les Anglais leur refusent. »

Je suis étonné de cette version de l’histoire. Je la lis pour la première fois. Moi qui croyais que le fondateur des brigades al qassam était un résistant contre l’occupation, j’apprend qu’il, selon vos tournures de phrase, que c’était un intégriste désirant créer un état islamiste. C’est partiellement vrai. La vérité c’est qu’il avait déjà résisté contre l’occupation Française, puis qu’il a résisté contre l’occupation sioniste. Il était politiquement contre le colonialisme. C’est dans un but politique qu’il a lutté contre l’armée britanique et les organisations terroristes juives. Il est vrai de dire qu’il a lancé un jihad, mais c’était un outil de lutte, et non un but religieux. Vous parlez d’un prédicateur, ce n’est pas faux, mais dans un combat politique, et non religieux, ca change le sens de l’article. Vous dites aussi que les Palestiniens réclamaient une assemblée, à la mort du « prédicateur ». Je crois surtout que vous oubliez de dire qu’ils réclamaient l’arrêt de la colonisation et la cessation des ventes de terre. Et quant à vos chiffres sur le nombre de morts Palestiniens, vous oubliez ceux qui ont été déporté aux Seychelles. Sont t’ils revenus ?

Le groupe stern et l"irgoun ne sont pas des mouvements indépendantistes, mais des groupes terroristes. Je tiens à votre disposition des photos certifiés de femmes enceintes le ventre éventré par ces groupes. Mais à qui bon, il suffit de taper leur nom dans un moteur de recherche pour avoir l’information

Vous écrivez : « principalement sur de nouvelles terres »colonisées« et mises en valeur grâce aux kibboutzim »

Pour la mise en valeur, j’ai eu un éclat de rire et je vous en remercie. L’image des gentils travailleurs des kibboutz a fait le tour du monde. D’ailleurs sophie Marceau dans un de ses films y montre la vie paisible de ces travailleurs joyeux. Mais cette affiche publicitaire de facade a un revers, la réalité. Ces fameux paysans n’ont rien bâtis, pas plus qu’ils n’ont « mis en valeur » cette terre. Ils se sont installés dans les fermes des paysans Palestiniens. C’est aussi simple que ca. Un peu comme si je reprenais votre article, et qu’en bas de page je le signe de mon propre prénom. Tant que personne ne connait vos articles tout se passe bien, mais si on découvre la supercherie, alors ca se gâte. A cet effet, je me permets de vous coller un texte qui traduit la réalité des kibboutz.

AMY GOODMAN : Quand ?

NOAM CHOMSKY : En 1953. Dans un kibboutz, un kibboutz de Hashomer Hatza’ir, un kibboutz très à gauche. Haïfa était proche, mais tout est près d’une frontière, tout n’est pas loin de frontières. Je me rappelle sortant la nuit, de garde avec des amis, et voir que certains d’entre eux refusaient de prendre des armes. Nous leur demandions pourquoi vous refusez de prendre des armes avec vous. Ils n’étaient pas alors appelés des terroristes. En fait, le mot hébreu pour terroriste n’était pas encore créé. On les appelaient les envahisseurs, mais il fallait les foutre dehors. Je me rappelle demander à certains de ces types, « pourquoi vous ne portez pas d’armes ? » Et ils m’ont dit, « écoutes, ces gens sont le peuple qui avait l’habitude de vivre ici. De leur point de vue, nous moissonnons leur terre, alors je ne vais pas les tuer. Je veux dire, je ne les veux pas ici ». Des terroristes. Ils ont dû partir, mais...

AMY GOODMAN : Vous compreniez qu’ils étaient arabes ?

NOAM CHOMSKY : Oh, oui. Chacun savait qui ils étaient. C’étaient les Palestiniens qui vivaient là. Une fois, je travaillais dans un domaine avec, encore, un homme plus âgé du kibboutz, et nous portions des tuyaux d’irrigation ou quelque chose comme cela, et j’ai remarqué un amas des rochers sur une colline, et je lui ai demandé ce que c’était. Il fit en sorte de changer de sujet et ne voulut pas en parler. Mais deux jours plus tard, il me prit à part et me dit : « Écoutes, c’était un village arabe, c’était un village paisible, mais quand il a fallu se battre, nous avons pensé qu’ils ne pouvaient pas rester là, alors nous les avons chassé et nous avons détruit le village ». Et je rappelle que c’était un kibboutz très à gauche... des « colombes », pour le bi-nationalisme. En fait c’étaient des Bubériens, venant la plus part d’Allemagne.

Vous écrivez : « Rappelons que la présence de communautés juives était attestée au Proche-Orient et en Afrique du Nord durant toute l’Antiquité et le Moyen Âge, jusqu’au XXe siècle. Ce mouvement est irréversible et les nationalistes arabopalestiniens mènent une lutte vouée à l’échec en niant cette réalité. »

A présent, une pointe d’humour et excusez-moi de modifier votre texte :)

Rappelons que la présence de communautés musulmane était attestée en Espagne au Moyen Âge, jusqu’au XXe siècle. Ce mouvement est irréversible et les nationalistes Espagnols mènent une lutte vouée à l’échec en niant cette réalité. Par conséquent, il est légitime qu’une partie de l’Espagne devienne Arabe.

La légitimité que vous évoquez, reste et restera un vaste débat. Penchez-vous sur les conditions du vote de 1947 et vous serez certainement surpris de voir que l’histoire est si disponible, que nous ne voyons que ce qu’on nous en dit. Pourquoi les Philippines et Haiti sont finalement et subitement revenus sur leur vote ? Quel rôle a joué la firme Firestone sur le Libéria pour obtenir son vote ?

Pour conclure. La première moitié de votre article est blessante et surtout, elle ne colle pas tout à fait à l’histoire, selon mon analyse et les textes que j’ai pu lire. Je crois que dans ce conflit, il ne faut pas rechercher les causes dans l’éventuelle différence de peuple, ou dans la religion. Si nous écoutons les « islamistes », ils n’ont qu’une seule revendication, la cessation de l’occupation. Si on écoute les revendications des laics par exemple, ils n’ont qu’une seule revendication, la cessation de l’occupation. Le projet sioniste est méconnu du grand public.

Considérons avec un autre regard le projet sioniste, et cessons de voir des mosqués là où on entend un message politique.


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