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Commentaire de werbrowsky

sur Israël-Palestine, le dernier rêve d'Abraham


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werbrowsky werbrowsky 24 décembre 2006 10:29

Je pense que le débat a dérivé légèrement.

La question centrale était : les Juifs et les Arabes peuvent-ils vivre ensemble et se réconcilier sur un territoire commun ?

En lisant l’article de David André Belhassen dont le lien était donné plus haut, j’ai constaté que les sources mêmes du débat sont tronquées. Va-t-on, pendant des siècles encore, discuter de la validité d’un terme (Palestine), de la légitimité de la présence de Juifs en Israël, de l’antériorité de l’hébreu sur l’arabe... ? Toutes ces questions sont très intéressantes et valent d’être étudiées, mais elles ne font qu’éloigner à chaque fois le sujet politique qui était au centre du débat.

Je constate, comme vous, que les problèmes de cette région ne commencent pas en 1917 et la déclaration Balfour. L’impérialisme musulman s’est répandu partout dans le monde avec la même force et la même violence. Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Afrique, étudiez la façon dont des petits groupes islamisés ont progressivement infiltré puis envahi les royaumes d’Afrique de l’Ouest.

C’est parce que les Musulmans sont persuadés de détenir la « vérité ultime » qu’ils considèrent toutes les autres religions et tous les autres peuples comme plus faibles. En comparaison, la christianisation du Congo s’est faite totalement pacifiquement, par deux moines ayant remonté le fleuve Kongo jusqu’à la capitale du royaume. Je sais que, dès que l’on a dit ça, des dizaines de personnes réagiront en citant mille massacres causés par les Chrétiens au cours des Croisades, ou des Guerres de Religion... jusqu’à la Shoah. Je ne veux pas entrer dans cette polémique.

Le présent est le résultat des faits passés. Rien ne peut modifier l’Histoire. Le peuple Juif a le droit de vivre sur un territoire sécurisé, tout comme les Palestiniens.

Pour parvenir à la paix, il faut que les Palestiniens s’organisent et se structurent, renoncent à leur volonté « de rejeter les Juifs à la mer ». Ainsi que le démontrait l’article cité plus haut (même si je ne suis pas d’accord avec les notions de « cousinage » telles que les décrit l’auteur), les Palestiniens sont eux-mêmes les descendants de ces « Peuples de la Mer », venus de Crête ou d’ailleurs, et qui semèrent la terreur sur l’Egypte et le pays de Canaan.

On ne peut nier les nombreuses similitudes existant, avant l’islamisation, entre tous les peuples du « Croissant fertile ». Même organisation sociale, langues proches, organisation commerciale commune (les bateaux phéniciens ont emmené non seulement les Carthaginois, mais aussi les Juifs et certainement d’autres peuples un peu partout autour de la Méditerranée et dans le nord de l’Afrique. Voir la présence juive au Maroc), modes de vie et croyances similaires... Les points de convergence étaient bien plus nombreux que les divergences.

En s’arcboutant sur des questions religieuses ou historiques (mais Abraham est-il un personnage historique ou légendaire ?), on ne fait que perpétuer un conflit terriblement dangereux et suicidaire.

Pouvons-nous admettre, tous ensemble, Juifs, Arabes et Chrétiens - trois « peuples » (malgré la contradiction apportée plus haut dans les commentaires) mais pas trois « nations » - le droit de chacun à vivre en paix au sein de sociétés justes, défendant la loi et l’ordre, protégeant les faibles, pour un développement durable de notre monde ?

Je sais que l’autorité palestinienne est très loin de pouvoir s’organiser de la sorte. La corruption généralisée depuis la naissance du mouvement de libération de la Palestine, financé par les monarchies du Golf et la Libye, entre autres, a gangrenné ces structures. Aujourd’hui, ce sont les subventions qui infestent nos rapports.

Le problème actuel est le résultat d’une contradiction entre le droit international, la religion et la démographie. La Grande-Bretagne a créé les conditions du conflit en effectuant un découpage aberrant de la région, en ne respectant pas ses promesses vis-à-vis du roi de Jordanie, en favorisant l’émergence d’un nationalisme arabe... (relire les « Sept piliers de la sagesse » entre autres). Les ultra-orthodoxes de tout poil (Juifs et Arabes) ont prêché pour la guerre sainte et la conquête absolue de toute la région. La répartition démographique met en danger la survie de l’état d’Israël.

Par bien des aspects, la Palestine me fait penser à l’Indochine entre 1945 et 1975. Des attentats quotidiens, des massacres sans nom, une lutte à mort entre deux modèles de société, mais aussi entre des ethnies très proches (Kinh sur les côtes, Muong dans le nord, Hmong dans les montagnes, Edé sur les hauts plateaux...). Evidemment, je ne compare pas les Israéliens aux forces françaises en Indochine. Ce rôle est plutôt celui des Américains empêtrés en Irak, mais, militairement, c’est à peu près la même situation. Israël peut gagner la guerre militairement, mais pas politiquement. Et finalement, un stratège palestinien de la taille d’un Giap pourrait surgir un jour et provoquer le Dien-Bien-Phu fatal.

Avant d’en arriver à l’extermination totale de tous les peuples de la région, je souhaiterais qu’on puisse calmer les esprits et échafauder des stratégies pacifiques.


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