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Commentaire de Spip

sur 85% des nouveaux médicaments sont inefficaces


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Spip Spip 20 septembre 2010 16:29

Je ne sais pas comment ça se passe aux USA mais j’ai participé, comme professionnel, à des essais en France.

Le domaine était sensible puisqu’il s’agissait de psychiatrie. Essais en phase IV, c’est à dire la dernière étape avant la délivrance en pharmacie. Il s’agissait de tester une nouvelle molécule antipsychotique versus la molécule courante (en l’occurrence l’Haldol).

Comme la phase III, ça se passe en double aveugle : 80 % des patients reçoivent la nouveauté et 20 % l’ancien. La présentation est la même, le médecin ne sait pas ce qu’il donne, il observe les signes cliniques différents, l’éventuelle amélioration et rend compte au labo où seul une personne possède le code qui permettra de faire la différence à la fin de l’étude.

C’est grassement payé (pour le médecin), l’hôpital prélevant sa dîme au passage.

Le problème en psy, c’est l’observance régulière du traitement : le patient arrête souvent, soit qu’il se sente mieux (et s’estimant guéri, ne voit pas la nécessité de continuer), soit il supporte mal ou pas du tout les effets secondaires.

Ces nouveautés étant censées avoir beaucoup moins de ces effets, elles seraient donc plus efficaces par le simple fait d’être prises régulièrement, plus que par les qualités de la molécule elle même. Jusque là, « tout va bien ».

Quand je me suis inquiété du prix astronomique prévu (plus de 150 € la boîte !), l’attaché de recherche du labo m’a tranquillement répondu « en cas de rechute de votre patient, le prix de journée d’hospitalisation c’est combien chez vous ? » Imparable.

Et pour ce qui est du double aveugle, c’est relatif : concernant l’Haldol, il procure un effet de raideur qu’on peut détecter (test de la roue dentée) Il suffisait au médecin de faire ce test pour savoir quand même, la plupart du temps, ce qu’il donnait... Et l’effet secondaire nouveau de ces antipsychotiques, dits « atypiques » consiste souvent en une prise de poids importante et mal supportée.

Voilà comment ça se passe, avec en toile de fond la volonté d’éviter à tout prix (c’est le cas de le dire) des hospitalisations, puisqu’on a supprimé massivement le nombre de lits en psy. Il y a une sorte de logique... au bénéfice des labos.


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