• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de aberlainnard

sur Armée américaine : 30 ans maximum pour l'indépendance au pétrole


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

aberlainnard 2 octobre 2010 19:32

Ça, ce n’est pas une information à prendre à la légère !

Quel que soit le sentiment que l’on nourrisse à l’égard des militaires, il ne fait pas de doute que l’État-Major a pris toute la mesure de sa dépendance au pétrole et va tout faire pour en sortir afin assurer le fonctionnement des forces armées après pétrole. Il se donne trente ans et son plan est applicable dès aujourd’hui.

Que se passe-t-il pendant ce temps dans la société civile face à ce même défi ? Quasiment rien ! C’est pourtant autrement plus grave sur le plan économique et social que la paralysie qui pourrait frapper une armée.

C’est vrai, il semble qu’une timide prise de conscience collective commence à émerger sur le fait que nous allons, un jour, connaître l’épuisement des ressources en pétrole et, plus généralement, en énergies d’origine fossile. Toute la question est contenue dans ce "un jour". Pour beaucoup, concernant le pétrole, c’est dans une quarantaine d’années. Cette idée repose sur le fait que, au rythme constant de la consommation actuelle, nous avons des réserves qui nous permettent de « tenir » 40 ans avant l’épuisement complet de cette ressource et donc qu’il n’y aura pas de problème avant 2050. Ce scénario est bien sûr totalement faux ; même si les occidentaux parviennent à réduire leur consommation tout en tablant sur une reprise d’activité économique comme le rêvent les économistes, la demande globale ne fera qu’augmenter, poussée par le développement des pays d’Extrême-Orient et d’Amérique du sud. Sachant que dans les milieux bien informés il se confirme que la capacité technique d’extraction du pétrole est proche de son maximum et qu’elle ne peut que décroître ensuite, des tensions majeures apparaîtront nécessairement dès que ces deux courbes (production, demande) se croiseront. Il n’est pas possible d’imaginer un monde dans lequel la consommation puisse être supérieure à l’offre. Que se passera-t-il à ce moment là ? Probablement tout sauf un parcours serein jusqu’en 2050.

Le recours au charbon, nous dit-on, en négligeant les sérieux problèmes de pollution qu’il soulève, permettra de nous passer du pétrole et nous assurera une énergie pour au moins un siècle puisque l’on peut tout faire à partir du charbon. Certes, mais c’est reproduire la même erreur de raisonnement. Le charbon ne peut nous donner objectivement un répit que le temps d’une génération, tout au plus. Est-ce suffisant pour que les énergies renouvelables prennent le relais ? Dans les scénarios les plus optimistes, quantitativement et qualitativement, la réponse est non. Reste une hypothèse, qui pour l’instant relève du rêve ; que pendant le sursis qui nous reste, le génie humain ait le temps et les moyens (techniques et financiers) de mettre au point et de mettre en application généralisée des techniques exotiques (énergie du vide ? énergie contenue dans l’eau ? fusion nucléaire ? et j’en passe ….) dans lesquelles le bilan énergie entrante - énergie sortante soit positif en quantité et en qualité suffisante, en complément des renouvelables, pour compenser l’immense déficit d’énergie laissé par l’épuisement des énergies fossiles. Je vous laisse deviner les chances de réussite d’une telle conversion si l’on attend le dernier baril de pétrole et la dernière tonne de charbon pour entreprendre ce gigantesque chantier.

Sans faire de catastrophisme, le réalisme, le simple bon sens voudrait que nous prenions en compte ces contraintes physiques dès aujourd’hui et que nous nous efforcions de devancer la crise annoncée. En prenons-nous le chemin ? Apparemment non. Ce ne sont pas des correctifs symboliques à la marge dans un monde inchangé qui résoudront le problème. Réorganiser complètement la vie économique et sociale paraît inévitable. Il nous faut procéder différemment, concevoir autrement nos biens matériels et leur usage, notre habitat, notre urbanisme, notre façon de nous déplacer, notre organisation de production et d’échange. Oui, c’est bien une révolution dans nos habitudes et nos mentalités dont il s’agit. Les dirigeants politiques et les responsables d’entreprises ont un système de pensée auquel on ne peut faire confiance ; obnubilés qu’ils sont par des résultats à court terme, ils sont pour la plupart inaptes à se projeter dans le long terme. En ne prenant pas volontairement l’initiative de ces mutations, nous prenons le risque qu’elles nous soient imposées par une succession de crises de tous ordres, avec en prime comme par le passé, de possibles conflits armés. Nous regretterons alors d’avoir été des spectateurs passifs aux résolutions que prennent les militaires aujourd’hui. 

Conclusion : la même que celle à laquelle parvient l’auteur de l’article. Ne pouvant faire confiance aux dirigeants, le meilleur pari paraît être de commencer maintenant à un niveau où la démocratie peut encore avoir un sens concret et une pleine légitimité, à savoir au niveau local, au contact même du citoyen recouvrant à cette occasion sa capacité à prendre son avenir en charge.

 

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès