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Commentaire de BA

sur Karachi, Korruption et Konsorts (3ème Partie) 3/3


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BA 11 décembre 2010 22:08

Karachi : un haut fonctionnaire confirme les rétrocommissions.

Contrôleur général des armées, Jean-Louis Porchier s’est longuement confié à la mission parlementaire d’enquête sur l’attentat de Karachi, qui a fait onze victimes françaises, en 2002.

Son témoignage, que Le Monde a pu consulter, est resté confidentiel depuis le 15 décembre 2009, date de son audition. Il est essentiel.

Car Porchier sait tout du contrat Agosta, signé le 21 septembre 1994 par le gouvernement d’Edouard Balladur, prévoyant la livraison de trois sous-marins au Pakistan.

Or, le juge antiterroriste Marc Trévidic estime que l’arrêt du versement des commissions promises pour ce contrat à divers intermédiaires, imposé par Jacques Chirac en 1995, a pu déclencher un mécanisme conduisant à l’attentat de Karachi.

Le juge financier Renaud Van Ruymbeke postule, quant à lui, que le contrat Agosta a pu générer des rétrocommissions venues gonfler les caisses de Balladur pour sa campagne présidentielle, en 1995.

En mars 1999, Porchier avait rendu un rapport d’enquête au ministère de la défense, détaillant de nombreuses irrégularités dans l’éxécution du contrat.

Les commissions ? « On arrivait ainsi à un total de 800 millions de francs de commissions [122 millions d’euros] ce qui est totalement excessif et injustifié », explique le contrôleur général.

Lors de son enquête, il va donc se rapprocher d’un personnage clef de l’industrie de l’armement français, Michel Ferrier, ex-directeur des transferts sensibles au secrétariat général de la défense nationale (SGDN).

« UNE PARTIE POUR LA CAMPAGNE ÉLECTORALE DE BALLADUR ».

Aux membres de la mission, Porchier relate dans le détail sa conversation avec ce haut fonctionnaire :

« Ferrier m’a dit : ’ce contrat ne sert à rien. Ce contrat permet le recyclage d’argent pas très net du côté du Pakistan et, du côté français, il permet de verser des rétrocomissions. Il y a 10% de rétrocomissions sur l’ensemble des FCE. Sur ces 10%, il y en avait une partie pour la campagne électorale de Balladur, et une autre pour Léotard’. Je n’avais pas les moyens de vérifier cela et j’ai écrit dans mon rapport que je ne connaissais pas la destination finale de ces fonds. Je n’ai pas mentionné de noms ».

Les parlementaires ont souhaité entendre Michel Ferrier, quelques semaines après Porchier. A-t-il bien tenu les propos qu’on lui prête, interrogent les membres de la mission ?

« Il est possible que je les ai tenus, déclare Ferrier, cela était vraisemblable. Je tirais ce raisonnement d’un contrat antérieur, où j’avais bloqué un taux de 10 % de commissions financières [qui] était manifestement un acte de corruption. Je précise que la corruption ne touchait pas le ministre de la Défense, mais un autre membre du gouvernement ».

Par ailleurs, Le Monde a pu consulter la déposition du préfet Jacques Dewatre, patron de la DGSE de 1993 à 2000.

Ce dernier infirme les propos de Charles Millon, ancien ministre de la défense de Jacques Chirac, et de Dominique de Villepin, ancien premier ministre. Ces derniers avaient déclaré au juge Renaud Van Ruymbeke que la DGSE avait effectué une enquête, en 1995, pour déterminer si le contrat Agosta avait pu donner lieu à des rétrocommissions versées au camp Balladur. Le mystère reste entier : quel service a bien pu enquêter sur le contrat Agosta, en 1995 ?

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/12/10/karachi-un-haut-fonctionnaire-confirme-les-retrocommissions_1451582_3224.html#ens_id=1438027


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