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Commentaire de ffi

sur Qui alloue les crédits nécessaires aux recherches scientifiques du futur ?


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ffi ffi 29 décembre 2010 18:05

Je passe sur les affirmations qui confinent au scientisme de l’article, pour me concentrer sur la question initiale :
- qui décide comment sont vérifiées les hypothèses en science ?
- La démocratie aurait-elle une place dans ce choix ?

1°) La démocratie consiste à opter pour l’opinion majoritaire.
La vérité n’y a pas vraiment sa place. Si la majorité se trompe, le processus aboutit à opter pour l’erreur commune.
- Si les expérimentations de Lavoisier avaient été soumises à vote démocratique, nul doute que la pensée majoritaire d’alors, intimement persuadée de la validité de l’alchimie, n’y aurait pas souscrit, et que nous aurions encore l’idée des 4 éléments.
- Si l’idée d’héliocentrisme avait été soumise au vote, nul doute que nous y serions encore.

Tant Lavoisier, que Kepler, que Descartes, que Newton, ...etc ont d’abord été des hommes seuls face à leur hypothèse.

La science consiste à trancher entre le vrai et le faux. Elle est une question de vérité, non une question d’opinion. Elle n’a donc cure des « opinions à priori » d’une majorité.

2°) Les révolutions viennent des marges.
Autant en science, qu’en politique, ce sont d’abord des petits groupes précurseurs qui développent les alternatives. Si ces novations paraissent plus efficaces que les traditions, alors la majorité s’en empare. Les plus farouches résistants à la novation en deviennent les plus grand zélateurs.

3°) La science est déjà démocratique.
Les choix de diffusion et d’expérimentation découlent déjà de l’opinion démocratique des spécialistes, c’est-à-dire du consensus scientifique (opinion dominante, paradigme), qui orientent tant les publications (par les comités de lecture) que les politiques (par les conseils aux décideurs).

4°) La science est influencée par la conception commune du politique.
La forme communément admise du politique est intégrée subjectivement par les chercheurs, lesquels tendent à y conformer leur pratique scientifique vis-à-vis de la contradiction. L’idée d’une politique « démocratique », visant la moyennisation des opinions, incline à priori les scientifiques à « moyenniser » leurs hypothèses dans la masse du scientifiquement correct.

Puisque la démocratie en politique aboutit au politiquement correct (par rapport à l’opinion majoritaire), la démocratie, en science, aboutit au scientifiquement correct (par rapport à l’opinion majoritaire).

Il n’y a donc aucune révolution scientifique à attendre de ce coté-là.

5°) La science est asservie
Le travail scientifique est payé.
- Par les états (fins civiles ou militaires).
- Par les industries pour faire des profits
- Par les banques pour faire des profits.

La science sert d’instrument à certaines institutions pour des fins particulières et ciblées. De ce fait, les scientifiques ne sont pas libres, mais asservis à des fins préétablies. Par conséquent, si la perspective d’une découverte dessert des institutions, elle sera combattue.

Or, la seule fin valide de la science est de comprendre. C’est pour cette raison que la science est une question de vérité absolue, non pas d’opinion élue.

C’est la forme politique démocratique qui vient justement corrompre l’idée de science, puisque toute hypothèse testée est une hypothèse « élue » par les institutions scientifiques/économiques/étatiques du fait de son potentiel intérêt. Cet intérêt étant justement asservi aux fins particulières des dîtes institutions.

Dans un tel fonctionnement, la science sert ainsi à rétablir sans cesse des positions dominantes.

6°) Comment avoir une science indépendante ?

La dépendance des chercheurs à leur institution et à leur financement les gênent car d’autres considération que la recherche de la vérité entrent en ligne de compte.

Il faut d’abord des chercheurs intègres (dans leur conception), curieux par-dessus tout de la vérité, traquant les contradictions internes des paradigmes établis. A partir d’un moment où un chercheur a les qualifications nécessaires, il n’y a aucune raison à priori de lui refuser la possibilité de tester ses hypothèses. Le chercheur doit avoir une autorité absolue sur les fins de sa recherche, moyennant respect des lois morales.

Le chercheur est avant tout une sorte d’intégriste qui tient plus que tout à l’intégrité de ces vues. Il n’y a qui si la vérité lui fait apparaitre clairement son erreur qu’il admet de changer d’opinion : le chercheur est un être têtu et totalement imbuvable, insupportable. Il est le contraire même du politicien policé et séducteur qui se voue à incarner en lui-même le patchwork des opinions contradictoires de ses électeurs.

Le chercheur ne veut présenter que son idée propre sur un fait précis, pas la pluralité des opinions d’une société sur des concepts abstraits.

Tout chercheur devrait ainsi avoir le droit de voir ses hypothèses prises en compte de manière impartiale, et donc ses propositions d’expérience devraient être inscrites automatiquement (sans discrimination) à un registre de validation/réfutations des hypothèses planifiant les expérimentations à réaliser.

La discrimination des expérimentations n’a pas lieu d’être, puisque le système a déjà discriminé ceux qui peuvent pratiquer la recherche par la délivrance d’un diplôme attestant de cette capacité.

Tout chercheur devrait donc être assisté par le système dans la vérification/réfutation de ses hypothèses, sinon, cela revient, pour le système, à remettre lui-même en cause la pertinence de sa manière de « sélectionner » les personnes aptes à pratiquer ce métier, et donc discrédite le métier même de chercheur.

En effet, si le système est orienté vers quelque direction privilégiée au niveau de la sélection des hypothèses testables, alors cela implique qu’il soit tout autant orienté au niveau de la sélection des gens à diplômer.

Plus globalement, plutôt que de parler de « démocratisation » de la recherche, qui n’aboutit qu’à la moyennisation des opinions, il faudrait envisager une conception plus populaire de celle-ci.

Plutôt qu’un système « ésotérique », basé sur l’autorisation de faire donné à des initiés, il faudrait passer à un système exotérique, plus ouvert à tous, ce qui implique de dé-sophistiquer la science contemporaine afin qu’elle soit mise à disposition de tous.


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