• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Analis

sur Côte d'Ivoire : La fin de l'imposture de Laurent Gbagbo et de sa minorité présidentielle


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Analis 8 janvier 2011 14:43

Ouattara n’est pas un saint, c’est certain. Pas plus que Bédié, l’inventeur de l’ivoirité. Ouattara est sans doute soutenu par les européens et les états-uniens parce qu’il apparaît comme un économiste formaté aux théories dominantes.

Mais cela ne change rien au fait que selon toutes apparences, Ouattara a été élu, et que le vrai problème de la Côte-d’Ivoire est Gbagbo. Est-il l’objet de davantage d’assauts que d’autres fraudeurs, Gnassingbé, Conté, Bongo etc... ? Indiscutablement. Est-il pire que tous ceux-là, ou que Mugabé ? Certainement pas. Encore que c’est la première fois à ma connaissance qu’un pouvoir en place dénonce la fraude des opposants, et qu’on puisse toujours discuter de l’ampleur de la fraude lors de l’élection de Faure Gnassingbé, aurait-elle changé le résultat final ?

Il y a diverses raisons à cette différence de traitement. L’importance économique de la Côte-d’Ivoire, sans doute. Encore qu’elle n’ait guère de pétrole, contrairement au Gabon et au Nigéria. Elle n’est pas aussi diversifiée que celle de ce dernier. Entrent au moins autant en compte le fait que la fraude en question risque cette fois de mener à une guerre civile. Que les pays de la CEDEAO n’ont pas envie de voir une situation à la zimbabwéenne se mettre en place à leur porte. Que Gbagbo a fini simplement par leur taper sur les nerfs, à force de les rouler dans la farine. Et que Obama porte une attention plus importante à l’Afrique que ses prédécesseurs. Et enfin, parce que les institutions internationales ont décidé de siffler la fin de la récréation, après avoir porté Gbagbo à bout de bras pendant 8 ans.

 

Car avec la propagande de Gbagbo, président persécuté, seul contre tous depuis 8 ans, on retrouve là les fantasmes paranoïaques de complot international, destinés à resserrer l’unité autour du chef. Tout le monde en veut à Gbagbo, tout le monde en veut à la Côte-d’Ivoire. Ce n’est jamais Gbagbo qui a tort, quoi qu’il fasse. Ce sont les « autres » qui toujours présentent sous un jour mauvais ses bonnes actions, car ils sont animés par une haine fanatique et irrationnelle envers Gbagbo et la Côte-d’Ivoire ; notons d’ailleurs comment les suiveurs de Gbagbo se considèrent comme les seuls représentants de la Côte-d’Ivoire, en annexant le peuple ivoirien à leur propagande. Le vrai peuple ivoirien, s’il existe, a voté contre Gbagbo. Cette assimilation abusive est certes un classique de ce type de discours, elle n’en reste pas moins indécente.

La vérité est bien différente de « Gbagbo persécuté » : il a été élu en 2000 à l’isue d’une élection mouvementée, dont Ouattara avait été écarté. Il a accédé au pouvoir déjà entre autres grâce aux pressions étrangères, alors que Bédié ne voulait pas reconnaître le verdict des urnes. Il a ensuite mené une désastreuse politique ethnocentriste et inspirée par l’ivoirité. En conséquence de quoi, les nordistes et les occidentaux se sont rebellés, et l’auraient renversé sans l’intervention française. Bien ingrat, l’homme n’en a tiré aucune leçon, a continué dans les mêmes errements, a tout fait pour fausser le jeu électoral en faisant le maximum pour maintenir l’exclusion de nombreux électeurs dans le Nord, a systématiquement torpillé l’action des premiers ministres, a écoeuré plusieurs présidents et émissaires africains, et a même, comble de tout, accusé les français d’être responsables de la situation de partition du pays. Il est exact que Chirac lui a été hostile durant plusieurs années, et a exercé un intense lobbying contre lui au niveau international ; mais c’était quand même après l’avoir sauvé grâce à l’opération Licorne.

Mieux, Gbagbo s’est permis de faire un « mandat » supplémentaire, aussi long que le premier, sans être investi par les urnes. Cela grâce à la communauté internationale, qui a accepté de l’adouber à titre provisoire - ce qui pour Gbagbo voulait dire perpétuel, grave source de désaccord avec les instances internationales. [ironique] On ne peut que comprendre le courroux de Gbagbo. Il a été obligé de retourner devant les urnes par la tyrannique ligue internationale. [mode ironique off] Doublement ingrat, donc Gbagbo, d’accuser d’avoir un parti-pris contre lui les mêmes pays grâce auxquels il est resté au pouvoir plus longtemps que ce la constitution lui autorisait. Et il n’est retourné devant les urnes que parce qu’il avait acquis la certitude (à tort, mais c’est une autre histoire) qu’il l’emporterait, après avoir multplié les chausse-trappe.

Triplement ingrat, même. Après le départ de Chirac, il n’avait plus les français contre lui. Sarkozy cherchait à le ménager et avait signifié que les différents personnels étaient enterrés, qu’il allait aider Gbagbo à faire repartir les choses du bon pied dans son pays. Et maintenant, bien sûr, Sarkozy n’est qu’un diable de plus decidé à couler la Côte-d’Ivoire. En réalité, Gbagbo n’est qu’un profiteur, un produit ordinaire de la Françafrique, qui compte hypocritement sur ses réseaux français pour le tirer d’affaire. On lui a laissé plein de chances, il n’a jamais voulu les saisir, dégoûtant plus d’un négociateur africain. Mais Gbagbo est définitivement une nuisance pour son pays. Après les Touré, Conté, Eyadéma, Mugabé, Arap Moi etc... qui tous ont contribué à amener l’Afrique où elle était. Assoifé de pouvoir, à l’instar d’un Saddam Hussein ou d’un Jonas Savimbi, ingrat, hypocrite, corrompu, menteur, mauvais joueur, contempteur de la légalité, fraudeur, xénophobe, meurtrier et indécent. Trouvez-vous un autre héros pour combattre le colonialisme.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès