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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Vie et mort du patriarcat


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 25 janvier 2011 08:20

Merci de votre question qui m’oblige à préciser mon argumentation :


1) Cette nécessité de la domination patriarcale , comme nécessité sociale et technique dans l’impossibilité technique et sociale de dissocier sexualité et reproduction, s’exprime précisément au travers de son universalité et procède justement de ce que le survie dans les sociétés traditionnelles ne laissait pas le choix aux femmes d’échapper à la domination patriarcale afin d’ assurer la filiation et la transmission des biens entre les générations, c’est à dire la reproduction de l’ordre social.

2) Les femmes elles-même étaient (sont) , dans les sociétés traditionnelles, convaincues de cette impossibilité d’échapper à la domination patriarcale et n’avaient (n’ont) même pas l’idée, sinon le désir, qu’elles pouvaient, sans mettre la société, leur vie et celle de leurs enfants en danger, vouloir s’en libérer, d’autant plus que la religion était sur ce plan terrorisante quant à l’au-delà (enfer etc..) et ici-bas (mépris, voire sanctions sociales mortelles). Allons plus loin : le grande majorité d’entre elles étaient (sont) plutôt fières et se sentaient (sentent) valorisées de participer, sous cette domination patrarcale, à la fonction qui leur était faire de préserver la stabilité de la famille, base fondamentale de la société et de sa reproduction. Comment alors expliquer que ce sont les mères qui « obligent » (et non pas forcent : une obligation n’est pas forcément vécue comme une contrainte ) les filles à accepter l’excision dont elles font la condition de la fidélité sexuelle ? Sinon qu’elles étaient (sont) ont convaincue que la domination patriarcale sexuelle et la fidélité qui en est la condition étaient ( sont) des valeurs qui les valorisent.

3) Une idéologie dominante ne domine que lorsqu’elle reçoit l’accord des dominé(e)s (lire à ce sujet de la servitude volontaire de La Boétie) et que cette domination leur semble justifiée pour elles même (leur reconnaissance sociale génératrice de l’estime de soi) . Ainsi le simple soldat sait , sauf à se mettre en danger mortel face à l’ennemi, qu’il doit obéir aveuglement à sa hiérarchie et que cette obéissance lui sera reconnue et récompensée, comme constituant le facteur et le marqueur essentiel de sa valeur sociale personnelle.

4l La liberté individuelle, c’est à dire le désir d’autonomie, ne s’improvise(nt) pas : il(s) suppose(nt) des conditions sociales, techniques, idéologiques et éducatives favorables (ex : la contraception, l’avortement le rôle des femmes dans le vie économique, la laïcité, la démocratie politique, l’idée des droits universels de l’homme et du citoyen. La modernité libérale, constitutive du désir d’autonomie, est le résultat d’une longue histoire et elle est à son tour la condition d’une évolution, difficile à inventer dans ses modalités et donc plus ou moins dramatique dans ses effets , de la famille, de sa recomposition en faveur de l’autonomie personnelle (ex : la monoparentalité, la dite .homoparentalité etc..).

La morale collective ou l’éthique personnelle traditionnelles changent avec la société moderne qui fait, en droit sinon en fait, du changement démocratique et égalitaire son irréversible horizon de sens.

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