La bienveillance d’une partie de la gauche
à l’égard des caïds des cités est un fameux paradoxe. C’est sûr,
si l’on a choisi de faire des casseurs le miroir des souffrances des milliers
d’habitants qui les supportent bien plus qu’ils ne les soutiennent, on peut
comprendre cette logique.
Car les « cailleras »,
n’en doutons pas, sont de droite, et même d’une droite très dure, en
comparaison de laquelle un Hortefeux, pour ne rien dire d’un Le Pen, font
figure d’aimables sociaux-démocrates scandinaves.
Evoluant
dans un univers centré sur le profit, la violence, les hiérarchies
dominants-dominés et le sexisme, les « cailleras » n’ont qu’un
projet : l’accumulation rapide et continuent de biens de consommation
coûteux qu’elles perçoivent comme les symboles de la réussite et du pouvoir
(grosses cylindrées allemandes, bijoux en or, vêtements de marque…).
Leur
vision des relations économiques n’est pas pour autant
« libérale » -puisqu’elles préfèrent les monopoles à la concurrence
entre bandes sur un territoire donné, mais bien « ultraconservatrice ».
Plus proches du Comité des forges et des « robber
barons » que de Wall Street ou de la Silicon Valley,
elles n’inventent rien, n’innovent pas mais exploitent brutalement la faiblesse
de toxicomanes en détresse et rackettent des artisans ou des petits commerçants
que leurs revenus et leur mode de vie rapprochent davantage d’un prolétariat
bon teint que des membres du Jockey Club.
De fait,
les « quartiers difficiles » sont autant d’illustrations de ce
que serait une société d’extrême-droite authentique, autant de
mini-laboratoires pour sociologues cyniques. Le problème, c’est qu’in vivo, il
y a tout de même des victimes…
Hugues
Serraf
http://www.rue89.com/tribune-vaticinateur/2010/07/31/en-banlieue-les-delinquants-sont-de-droite-et-de-droite-dure-160541