Nadia GEERTS a évidemment raison de
réclamer que le principe de la laïcité politique séparant « la
loi de la foi » soit inscrit dans la Constitution belge, mais
je crains que même s’il l’était, et quand bien même il le serait,
cela ne suffise pas, malgré les efforts des philosophes musulmans
progressistes peu écoutés, à faire reculer le communautarisme, ni à réaliser
le consensus de valeurs morales et citoyennes favorisant le « vivre
ensemble » qu’elle souhaite entre musulmans et non musulmans.
En effet, pour avoir une chance de
parvenir à ce consensus, il faudrait d’abord , me semble-t-il, parvenir à
lever l’incompatibilité totale entre l’autonomie qui fonde
notre conception laïque de la liberté de conscience, de pensée,
... et la soumission à Allah, à Mahomet, au coran, à la
charia, ..., imposée par l’islam dès la prime enfance.
Mais c’est impossible actuellement
parce que, d’une part, notre système éducatif unilatéral, voire traditionnaliste, ne permet
pas l’émergence de la liberté de conscience et de religion,
qui est donc plus symbolique qu’effective, et d’autre part parce que
notre système politique est fondé sur une pseudo « neutralité »
qui favorise indirectement les religions, notamment en subsidiant
l’enseignement confessionnel, pourtant inégalitaire socialement,
élitiste intellectuellement, et donc anachronique et obsolète.
A mes yeux, par simple honnêteté
intellectuelle, et dans l’esprit de la laïcité philosophique (qui
n’est évidemment pas antireligieuse), il suffirait de fournir à TOUS
les élèves (y compris les musulmans) une information minimale, progressive non
prosélyte, et donc pluraliste, à la fois sur les différentes
options religieuses ET sur les différentes options laïques de
l’humanisme laïque, afin qu’ils puissent choisir en connaissance de
cause et aussi tardivement que possible, de croire OU de ne pas
croire. Une telle information se fait depuis toujours dans l’enseignement officiel, par exemple lorsqu’on y enseigne l’évolutionnisme et non le créationnisme qui n’est qu’une croyance.
Michel THYS