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Commentaire de easy

sur Maman, la femme de ma vie est un homme !


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easy easy 2 juillet 2011 14:07


Le noisettisme a été poussé à l’extrême dans ce pays convaincu de devoir gouverner le Monde. Plus de châteaux construits, aussi bien avant qu’après la Révolution, tu meurs.
Des caves à vins et champagnes par milliers de kilomètres sous nos pieds. Plus de musées, de livres et de bibliothèques qu’ici, tu meurs. Plus de culturalisme qu’ici, tu meurs.
La claque qu’infligent les homosexuels exclusifs à la société française est d’autant plus puissante. Et il n’y avait donc au mieux que les esprits moins noisettistes, donc de gauche, qui pouvaient mieux tolérer ce chambardement.




Comme ersatz à la progéniture, il y a les oeuvres artistiques. Le biais de l’art, dans la filiation de Pygmalion, engendre une sorte de progéniture. Il devenait donc logique que dans une société où l’homosexuel vise le mariage, l’engagement à l’exclusivité, le champ de l’art devienne florissant. Un homosexuel produisant une oeuvre a plus de chances de placer dans le monde un fruit de lui extrêment durable, admiré, valorisé et surprotégé que bien des hétéros produisant des enfants dont une grand part finira rejetée en prison ou à la rue.






Alors, dans les autres sociétés, forcément moins noisettistes, là où l’on n’offre au mieux comme noisettes que des paillottes et trois jarres, la problématique de l’homosexualité exclusive est moins dramatique.

Au Vietnam, on ne dit pas « un Français » on dit « un homme français »
on ne dit pas « un fou », on dit « un homme fou »
on ne dit pas « une femme », on dit « une personne femme » 
on ne dit pas « un homosexuel », on dit « une personne homosexuelle »


Quel que soit un individu, infirme, prisonnier, fâcheux, héros, bandit, débile, c’est d’abord une personne.
Le rejet des autres, des différents, est donc impossible.

La haine des différents, même des colonisateurs est impossible. A peine sont-ils repartis qu’on s’ennuie d’eux et qu’on espère qu’ils reviendront partager des moments plus doux.

Le lien entre tous les gens, entre toutes les bestioles, entre toutes les montagnes, forêts et rivières est permanent. 
On ne peut pas concevoir de séparer des choses que la nature a unies. On ne peut pas sculpter seulement un tronc, un buste. On ne peut pas représenter un homme avec des ailes ou une tête de taureau.
Avant la colonisation, bien entendu.


Au Vietnam, même les morts restent présents. On les enterre sur son terrain. Dans la pièce principale de la maison, on leur réserve le plus bel endroit, d’où ils ont la meilleure vue sur leur descendance. Tout ce que font les vivants, ils le font sous le regard compatissant et reconnaissant des ancêtres ou enfants morts trop tôt
 
Chacun s’efforce, au long de sa vie, de réparer les erreurs éventuelles des ancêtres qui sont là, à observer ce qu’on fait pour leur tranquillité. Chacun oeuvre donc certes pour sa descendance, mais aussi pour les anciens, pour ceux qui ne peuvent plus agir d’être morts. 
Chacun oeuvre pour sa descendance, pour le corps social et pour les morts impuissants et malheureux de n’avoir pu mieux faire, de n’avoir pas été compris, d’avoir subi quelque injustice ou dommage.

Si une famille s’éteint ou si personne ne cultive le culte des ancêtres, leurs âmes désespérées errent, se font fantômes et effraient tout le monde par leurs apparitions. Ces apparitions ne sont jamais agressives, pas de haches ou de couteaux, pas de menaces envers les vivants. Elles sont élégiaques. Les fantômes apparaissent, ils nous parlent, expriment leur douleur et pleurent. 

Chacun doit donc considérer les souffrances de ses ancêtres, les impératifs de reproduction biologique, les noisettes à laisser aux enfants, la société qui soutient ces principes, et les souffrances de tous les morts non soignés, non écoutés, déniés ou oubliés. Chacun participe donc à l’érection de petits autels placés en pleine nature, là où les fantômes errent de n’avoir pas de maison et leur offre, en un sens collectif, ce qu’il peut de compassion. Chacun évite ainsi la multiplication des fantômes malheureux.

Chacun considérant donc à la fois les problématiques présentes, futures et passées, ne peut pas faire de fixation névrotique sur le futur. 
Si l’homosexualité exclusive d’un enfant pose un très gros problème de continuum du culte des ancêtres et de soi-même après sa mort, ce problème est intégré dans l’historicité familiale complète. Toute la famille, très ancienne comme celle présente prend à son compte ce problème. Les parents confrontés à l’homosexualité non procréatrice de leur enfant ou à son infertilité en raison par exemple de l’agent orange, voient toutes les échelles de collectivité assumer leur part que pose cette rupture dans le culte des ancêtres et se substituent aux parents échoués. 

Ainsi, dans ce pays, chacun est enfant des autres. Même à 50 ans, même si l’on est président, on est appelé fils par une personne en âge d’être son parent. 

Dans la rue, chacun s’appelle par des fils, oncle, tante, soeur...




En France, on a conçu qu’il était possible de naître saint, de vivre 33 ans sans commettre la moindre faute, le moindre manquement. Ici, on est donc rejeté complètement si l’on ne semble pas parfait. 

Au Vietnam, il y a certes une Justice sociale, une Police, des Lois que chacun peut comprendre. Mais chaque famille intègre automatiquement ses défauts. Aucune famille, aucune personne ne cherche à prétendre à la perfection. L’imperfection est même perle. Un grain de beauté, une anomalie, si elle n’est pas trop invalidante, si elle ne pose pas de problèmes dynamiques, est vue comme une cerise sur le gâteau. Et chaque parent, à la naissance de son enfant, cherche son petit défaut qui fera la perle de la famille. 

L’héritage y est donc quelque chose de très différent d’ici car il impose automatiquement à la fois des imperfections, des casseroles et des responsabilités. Il n’est pas concevable de récupérer le fric et de claquer la porte en déniant d’où vient ce fric, en déniant au prix de quelles peines et damnations il a été constitué. Récupérer des noisettes matérielles, quand il y en a, c’est accepter aussi des charges antédiluviennes énormes, charges qui consistent à tout faire pour réparer les injustices commises et en tous cas à apaiser les souffrances et pleurs qui remontent de l’au-delà. Hériter c’est s’engager à réparer et consoler.
Et, c’est très important, ces injustices sont sans relation avec la Justice officielle, ou alors c’est cette Justice officielle qui en serait la cause de cette injustice. Les réparations que les héritiers doivent accomplir portent sur des injustices absolues. Et quand la Justice condamne un voleur, elle peut très bien commettre une injustice absolue si la personne a volé pour placer un fruit sur l’autel de ses ancêtres.



Au Vietnam, avant la colonisation, on n’y concevait ni âme ni corps parfaits. La perfection consistant à tout faire pour réparer les injustices absolues. Celles que la Justice d« Etat ne sait pas traiter.

Les individus ne sont donc pas en communion avec la Voix de la Justice et n’ont pas à faire croire qu’ils le sont. Le colonialisme a été une horreur sur ce plan en obligeant des gens qui n’y étaient pas habitués, à déclarer qu’ils étaient zélateurs des »Lois de la République" et donc à se fliquer mutuellement.

Avant le colonialisme, chacun pouvait confier ses turpitudes aux voisins. Chacun était le confesseur des autres. Pas de confesseur officiel, pas de psys.


On n’y trouvait aucun culte du corps, aucun nu, aucun sexe, même symbolique. 
La sexualité au Vietnam, n’était pas du tout un sujet, une affaire. Les femmes et les hommes portaient les mêmes robes à deux pans, les mêmes chapeaux. 


Au Vietnam, en plus de ce que je viens de décrire, il y a bien entendu l’amour entre deux individus. Exclusif.

Mais exclusif pour les raisons susdites incluses. L’amour entre deux personnes scelle également un engagement de fidélité aux morts qui sont là à nous regarder et à qui on parle plusieurs fois par jour devant l’autel. L’amour entre deux personnes n’est pas isolationniste, il est au contraire intégrateur d’une entité bien plus large que celle du seul couple et forme iun lien interfamilial gamelles et turpitudes comprises.
On ne trie pas le bon grain de l’ivraie, on prend et on garde tout.

Des homosexuels peuvent donc, du temps de leur vie, être des gardiens de l’esprit familial, on peut compter sur eux pour servir l’ensemble familial.

Chacun sachant cela, chacun considère un homosexuel rencontré dans la rue comme étant protecteur et responsable de sa Famille. Pas plus qu’un hétéro, un homosexuel ne peut être réduit à sa seule sexualité. Au Vietnam, sans aucun éclat ni émeute, on y a de tous temps vu des hommes et des femmes marcher dans la rue en se tenant par la main. Hétéros, homos, marquent leur engagement en public en se tenant par la main. Et ça suffit largement comme démonstration de fusion-lien-attachement.

Les gymnastiques sexuelles n’y ont aucun intérêt, n’y sont porteuses d’aucune sorte de transcendance ou performance. On y considère que deux personnes qui s’aiment, se livrent l’une à l’autre, le couple se débrouillant comme il peut avec ce qu’il a pour réaliser sa fusion et son engagement. Les détails techniques n’intéressant personne.

Le fait que des homos se tiennent par la main dans la rue, a une incidence globale. Deux copains, deux copines, pas forcément homos, peuvent aussi se tenir par la main, marcher enlacés.
Le machisme par la gestuelle, par une danse qui serait plus virile, par une grammaire gestuelle plus masculine, ça n’existe pas. Hommes, femmes, chacun caresse et rit de la même manière.


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