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Commentaire de Mor Aucon

sur Jusqu'où la crise peut-elle bien nous mener ?


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Mor Aucon Mor Aucon 16 août 2011 14:12

Je dois me corriger. A force de vouloir simplifier, j’en suis arrivé à caricaturer. Ce n’est pas le néant total à l’ONU en ce qui concerne les droits économiques et sociaux sinon que l’application effective de ces droits, à mon avis, est rendue illusoire par le manque de définition des limites de la liberté économique.

Pour la doctrine libérale de l’économie : « La liberté économique est la liberté de produire, échanger et consommer n’importe quel bien acquis sans l’usage d’une contrainte d’aucune sorte. Elle s’incarne dans la Rule of Law, les droits de propriété et la liberté contractuelle. Elle se manifeste dans une ouverture des marchés, la protection des droits de propriété et la reconnaissance de l’initiative individuelle. Elle est donc indissociable d’une économie de marché. » (source Wikiliberal http://www.wikiberal.org/wiki/Libert%C3%A9_%C3%A9conomique ) Cette vision s’appuie surtout sur les théories de Von Hayeck et de Milton Friedmann où l’État se doit de protéger cette liberté. On en arrive donc à que l’État protège la loi de l’économiquement plus fort. Tout le contraire de ce qu’est censée protéger la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en ce qui concerne les libertés individuelles.

Qu’en est-il dans le texte ? D’abord un considérant :

« Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression. »

puis les articles 25 et 30.

« Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »

« Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. »

Ces textes devraient suffire pour limiter la liberté économique du capital quand « un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés »

Pourquoi ne parvient-on pas à développer juridiquement et internationalement ce point ? C’était l’objet de mon commentaire. Je pense que par peur de limiter la sacro-sainte liberté économique entendue comme l’absence totale d’entraves à l’activité économique du capital financier qui base sa défense sur l’argument qui dit que l’enrichissement de quelques-uns ( la croissance de l’inégalité ) n’est pas illégitime s’il conduit à l’élévation du niveau de vie des plus pauvres. Cet argument pose une logique fallacieuse qui ne correspond pas à la réalité empirique où il est facile d’observer que la concentration du capital sans contrôle provoque une spirale d’incrément de sa concentration et son détachement progressif de son principal but : financer l’activité productive. Le problème est donc idéologique avant tout, de définition de principes. C’est pour cela que les textes doivent être clairs et sans contradictions internes, comme ils le sont en ce qui concerne l’esclavage, le recours à la violence, etc... La violence économique existe bel et bien. La Déclaration sur le droit au développement n’apporte pas grand chose sur ce point, le Pacte International relatif aux droits économiques et sociaux, non plus.

Aux détracteurs des grandes déclarations universelles deux rappels :

- Il ne s’agit pas d’obliger les États à pourvoir aux besoins économiques des personnes sinon de les protéger contre les atteintes à leurs droits donc de développer un cadre juridique qui limite la liberté économique des plus riches pour protéger celle des plus pauvres.

- lors de la crise des subprimes en 2008, les agences de notation brandirent la liberté de libre opinion pour justifier leurs errements. Les grandes déclarations universelles servent donc à quelque chose pour elles aussi.

Voilà si quelqu’un veut en débattre, c’est le point de départ fondamental, à mon avis.


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